des for��ts vierges, comme Chateaubriand, et des fleuves g��ants, comme Fenimore Cooper. Ce qui lui plut surtout, ce furent ces villes universelles du Nouveau-Monde, o�� l'horloge du temps va trois fois plus vite que dans la vieille Europe. Il eut la bonne fortune de rencontrer, �� New-York, Mlle Rachel, qui finissait, et Mlle Patti, qui commen?ait. Il n'��pousa pas Mlle Patti, mais jurerait-on qu'il ne donna pas son coeur �� Mlle Rachel?
Il revint en France pour voir mourir sa m��re: ce fut son premier chagrin.
Que rapporta-t-il de la patrie de Franklin? Beaucoup d'or et l'amour de l'or. Ce fut l�� surtout qu'il comprit qu'un dollar a plus d'esprit qu'un homme, et que cent mille dollars ont plus de vertu qu'une femme: style am��ricain. Il ne se passionna, d'ailleurs, ni pour les lois, ni pour les arts, ni pour les lettres des ��tats-Unis. Les vraies femmes qu'il aima l��-bas, c'��taient des Am��ricaines de Paris. Parisien par excellence, il aimait Paris partout. Avec mille Parisiens comme Octave, le monde serait conquis �� la France.
Revenu �� Paris, il rencontra l'Empereur,--�� la Cour, o�� il ��tait si difficile de rencontrer l'Empereur;--il lui parla de son p��re et du p��lerinage �� Ste-H��l��ne. L'Empereur, qui savait toute cette histoire, pr��senta lui-m��me Octave au marquis de la Valette en-disant: ?Voil�� un futur ambassadeur.? Octave prit ses grades en diplomatie dans les coulisses de l'Op��ra, chez Mlle L��onide Leblanc ou Mlle Sarah Bernhardt, au bal des Tuileries; chez les ambassadrices, au bois de Boulogne. Aussi commen?ait-il �� rire dans sa barbe des sentences de Machiavel et des malices de M. de Talleyrand, quand ��clata la guerre de Chine.
La Chine est un pays si fabuleux que nous ne pouvons d��j�� plus nous imaginer, �� quelques ann��es de distance, que nous avons pris la capitale du C��leste-Empire avec une poign��e d'hommes. Octave de Parisis fut dans cette poign��e de h��ros.
Pendant que les Chinois incendiaient et que les Anglais choisissaient des bijoux, les Fran?ais s'enchinoisaient. Octave fit main basse sur deux choses: une jeune Chinoise qu'il emmena �� Paris, et un ��ventail-Pompadour pour la premi��re marquise qu'il rencontrerait au faubourg Saint-Germain. Des amours d'Octave �� P��kin, on pourrait faire un joli Livre de Jade. Il fit naviguer sur le fleuve jaune des maris qui n'avaient jusque-l�� navigu�� que sur le fleuve Bleu. On se rappelle le bruit qu'il fit �� son retour avec sa Chinoise, une vraie potiche qui ne marchait pas; il la portait dans le monde et chantait des duos avec elle, dans le plus grand s��rieux, car il ��tait ma?tre fou par excellence.
On ne lui avait pas fait un crime d'avoir, pour quelques jours, m��tamorphos�� le diplomate en soldat, on lui avait promis une mission en Orient. Il disait d'un air d��gag��: ?Si je ne meurs pas dans un duel ou sur un pli de rose, on me retrouvera ambassadeur �� Londres et grand-croix de la L��gion d'honneur.--Mais surtout chevalier de la Jarreti��re,? lui disaient ses amis. Il avait d��j��, d'ailleurs, tous les ordres, moins le ruban de Monaco, le seul qui lui e?t ��t�� refus��. Il faut bien laisser un d��sir aux grandes ambitions.
En attendant sa mission--et la croix de Monaco--il ne se trouvait pas trop malheureux dans un adorable h?tel de l'avenue de l'Imp��ratrice, bien connu sous le nom du Harem.
Comme une grande dame du dix-huiti��me si��cle, Mme de Montmorin, la duchesse de Parisis avait dit �� son fils: ?Je ne vous recommande qu'une chose, c'est d'��tre amoureux de toutes les femmes.? Octave aimait toutes les femmes, comme le voulait sa m��re. Pour jouer ce r?le, qui pr��serve souvent des d��nouements tragiques de l'amour, il faut toujours ��tre �� l'oeuvre. Mais Octave ��tait un homme d'action, souvent irr��sistible par sa beaut�� intelligente, son art exquis de tout dire aux oreilles les plus d��licates, d'��tre passionn�� sans passion, d'��tre fou sans folie, et surtout d'��tre sage sans sagesse.
Parisis avait une vertu: il aimait la v��rit��; nul ne d��daignait comme lui les pr��jug��s et les illusions, Aussi faisait-il bon march�� des ambitions humaines; je me trompe, il avait l'ambition de conqu��rir les femmes. Puisque la femme est le chef-d'oeuvre de la cr��ation, pourquoi ne pas adorer et poss��der ce chef-d'oeuvre �� mille exemplaires? La femme est am��re, a dit Salomon devant ses sept cents femmes, mais au moins elle est la femme, une chose visible, vivante et saisissable, tandis que tout le reste n'est que vanit��. Ainsi raisonnait Octave �� ses moments perdus: plus d'un philosophe �� ses moments trouv��s n'a peut-��tre pas ��t�� si pr��s de la sagesse.
Il disait �� ses amis: ?Pour se faire adorer des femmes, il faut parler aux femmes du monde,--si elles sont en rupture de ban conjugal,--comme on parlerait aux courtisanes, et traiter les courtisanes comme si elles ��taient les femmes du monde.? Il disait aussi: ?Selon Vauvenargues: Qui m��prise l'homme n'est
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