mais il s'��tait pris �� la l��gende comme �� quelque roman de Balzac ou de Georges Sand. Il n'��tait plus gris. Monjoyeux, qui aimait le drame avec passion, ��tait ��mu comme �� un beau spectacle.
Les femmes dormaient toujours. On ne les r��veilla pas. Le Prince remua les l��vres pour demander �� Octave si les quatre si��cles ��taient pass��es. Il n'osa pas. Il se contenta de lui dire: ?Eh bien! tu n'as pas envie de te marier, toi?--Non, r��pondit le dernier des Parisis.--Je commence �� comprendre, dit Monjoyeux, pourquoi tu passes si vite �� travers les passions: tu as toujours peur de te laisser prendre.--Non! dit Octave, j'ai bien plus peur qu'on se prenne �� moi, si je dois porter malheur. Car pour moi, apr��s tout, je suis bien s?r de n'aimer que quand je voudrai. Voir Naples et mourir! dit le proverbe: c'est-��-dire: Aimer et mourir! mais je ne dirai cela que quand je serai d��go?t�� de la vie. Maintenant n'allez pas vous imaginer que la l��gende des Parisis me pr��occupe beaucoup. Toutes les familles en ont une pareille, le diable a fini son temps, je n'ai donc plus �� payer la part du diable.
Le prince dit qu'il y avait une l��gende dans sa famille. ?On ne cro?t plus �� ces b��tises-l��; mais quand le doigt de Dieu se montre on y pense bien un peu.?
Parisis se levant, dit adieu par un signe. ?Tu ne viens pas au club, lui demanda le prince?--Non. J'ai compt�� aujourd'hui pour la premi��re fois de ma vie; il ne me reste qu'un million, je ne jouerai plus.? Il se leva, et sortit. Puis rentrant aussit?t, et comme pour se moquer lui-m��me de sa l��gende: ?Messeigneurs! Jehan de Parisis, fils de l'homme �� la l��gende, est mort en 1468: s'il ne me reste plus qu'un million, il ne me reste plus que deux ann��es �� vivre: je suis riche.--Pauvre Parisis! murmura le prince, qui n'osait plus compter sa fortune.
Quand Octave eut referm�� la porte, Monjoyeux dit au prince: ?Ce que c'est que d'��tre bien n��! on a des l��gendes de famille. Moi qui suis le fils d'une chiffonni��re, quelle pourrait bien ��tre la l��gende de mes anc��tres??
Monjoyeux r��fl��chit. ?J'ai aussi ma l��gende, moi! Je n'ai jamais eu d'autre berceau que le berceau primitif: le sein et le bras de ma m��re; or, une bonne f��e est venue �� mon berceau qui m'a dit: ?Tu seras roi!? Sans doute elle a voulu dire un roi de com��die, puisque j'ai jou��, �� Londres, des rois avec Fechter. Ah! si seulement ma m��re m'avait vu sous cette royaut��-l��!?
Monjoyeux pencha la t��te sur son verre; une larme tomba de ses yeux dans le vin de Champagne.
III
PAGES D'HISTOIRE FAMILIALE
Octave de Parisis n'avait rien �� envier aux plus beaux noms; son ��cusson est �� la salle des Croisades. Un Parisis fut grand amiral, un autre fut mar��chal de France, un troisi��me ministre. Si les Parisis ne marquent pas avec ��clat, dans l'histoire du dernier si��cle, c'est peut-��tre parce qu'ils ont eu trop d'orgueil. R��fugi��s dans leur chateau comme dans un royaume, ils ��taient trop rois sur leurs terres pour vouloir se faire courtisans. Quelques-uns d'entre eux paraissent cependant ?�� et l��, sous Louis XV et sous Louis XVI, dans les ambassades et dans les arm��es, mais ce ne sont que des apparitions. D��s qu'ils ont montr�� leur bravoure et leur esprit, ils s'en reviennent au chateau natal se retremper dans la vie de famille, comme si leur temps, d'ailleurs, n'��tait pas encore revenu. La famille est comme la nature, elle a ses jours de paresse: les plus belles gerbes sont celles que le soleil dore apr��s les jach��res. La R��volution, qui n'��tait pas attendue par les Parisis, vint casser la branche et ��parpiller la couv��e. Le beau chateau de Parisis, une des merveilles de la Renaissance, o�� Jean Goujon avait sculpt�� quatre figures sur la fa?ade, deux Muses et deux Saisons, fut saccag�� et br?l�� apr��s le 10 ao?t; dans l'admirable parc, qui ��tait une for��t d'arbres rares, tous les b?cherons du pays vinrent fagoter �� grands coups de hache. Le duc de Parisis, pris les armes �� la main pour d��fendre les siens, fut massacr�� �� coups de sabre; la duchesse vint se cachera �� Paris avec ses enfants, car Paris ��tait encore le meilleur refuge quand on ne pouvait pas gagner le Rhin ou l'Oc��an.
Sous l'Empire, Pierre de Parisis, g��n��ral de brigade, a fait des prodiges d'h��ro?sme. Il est mort �� I��na, en pleine victoire. Celui-l�� ��tait l'a?eul d'Octave. Son p��re, Raoul de Parisis, avait couru le monde et s'��tait arr��t�� au P��rou dans les Cordill��res, o�� il avait fini par d��couvrir un sillon argentif��re. Mais sa vraie d��couverte fut une femme adorable, une O'Connor, qui lui avait donn�� un fils: M. Jean-Octave de Parisis, surnomm�� don Juan de
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