o�� rien ne manque pour asseoir les bases d'un gigantesque royaume et le rendre florissant, pourquoi, l��, le g��nie et l'habilet�� des deux races fran?aise et saxonne manquent-ils �� ce degr�� que les pauvres ��parpill��s sur cet immense et fertile territoire sont sans pain et se sauvent par milliers de ces bords, pour aller dire aux habitants des contr��es lointaines: ?Les Canadiens sont dans la p��nurie, n'��migrez point chez eux.? C'est l��, ? Canadiens, le probl��me que vous avez �� r��soudre; et si vous vous levez et jetez un regard sur vos affaires, vous verrez que le temps est venu.
CHAPITRE II
PAUVRET�� ET MANQUE D'OUVRAGE
Pourquoi donc t'arr��ter l��, pensif, au seuil de ta porte? Pourquoi tes yeux sont-ils humides et ta main tremble-t-elle sur le loquet? Ton coeur ne devrait-il pas bondir de joie et ton visage rayonner d'all��gresse: car c'est l�� ta maison, si je ne me trompe, et tes enfants t'attendent?
Voyez-le sur le pas de sa porte, vous p��res et maris des familles heureuses! Il h��site, il chancelle presque; son esprit se replie douloureusement sur lui-m��me; il craint jusqu'au regard de ceux qu'il ch��rit: peut-il compter la somme de ses lourds chagrins?
Entre, entre, mis��rable! Pour toi point d'espoir: comme deux gal��riens, la pauvret�� et toi ��tes riv��s �� la m��me cha?ne; ton aspect ne la chassera point du taudis;--n'avez-vous pas, elle et toi, taille gr��le, membres d��charn��s, visage fam��lique, v��tements en haillons?
Il se nomme Mordaunt. Il a immigr�� au Canada avec sa famille, dans l'espoir d'am��liorer sa condition et de trouver un foyer pour ses chers enfants.
Mais, au lieu de l'abondance, c'est la pauvret�� qui lui a tendu les bras en d��barquant; au lieu du bourdonnement de l'industrie, du r��sonnement de l'enclume, des joyeux bruissements des m��tiers �� tisser, du sifflement des machines �� vapeur, les lamentations et les plaintes des malheureux remplissent les chemins, et tout en mettant le pied sur le rivage, l'��migrant a vu s'��vanouir ses plus chaudes esp��rances.
Pourquoi? C'est �� vous de r��pondre, ? Canadiens!
Les enfants aimaient leur p��re, la femme aimait son mari.
Quand il parut, ils refoul��rent leurs douleurs.
Mais il se fit aussit?t un silence lugubre, mortel dont tout leur amour ne put bannir la funeste impression, et sur leurs joues s'��tendit une paleur que nulle affection ne pouvait masquer.
Dans le coeur du pauvre homme se ficha une nouvelle angoisse. De ses l��vres disparut le maladif sourire qu'il y avait appel��, et il se prit �� promener autour de lui un regard incertain, comme s'il doutait qu'il e?t bien fait de franchir le seuil de sa demeure.
--Allons, Edouard, dit sa femme, qui avait d��j�� lu sur sa mine effar��e qu'il revenait affam�� et sans avoir r��ussi dans ses d��marches; allons, Edouard, ne reste pas au froid et viens t'asseoir pr��s du feu; tu dois avoir bien froid, et tu n'as rien mang�� depuis ce matin. Jean, fais un bon feu, mon gentil gar?on. Et toi, Ellen, pr��pare quelque chose �� d?ner pour ton p��re. Nous ne t'attendions pas, Edouard, parce que nous ne savions pas �� quelle heure tu rentrerais. Il fait bien froid dehors, n'est-ce pas?
--Marguerite, dit-il tendrement, tu es trop bonne.
Et en pronon?ant ces paroles, son corps tremblait d'��motion. Il s'assit et s'enfon?a le visage dans les mains.
Merci, merci �� vous, Marguerite!
Oui, c'est une simple, mais bien vive affection qui vous inspire.
Il ignora les douleurs qui vous perc��rent le coeur, quand vos l��vres encourag��rent votre enfant, votre enfant voleur, �� allumer le fagot d��rob��, afin d'��gayer un peu le pauvre p��re d��sol��.
Oui, et ce fut une sainte tendresse aussi qui vous engagea �� lui cacher que le saloir et la huche ��taient vides et �� inventer la fable du d?ner habituel.
Oui, et il vous aime ��, cause de cela. Et quand les mauvais jours seront pass��s, quand l'��t�� sera revenu, votre r��compense, ? Marguerite, sera bien grande!
--Marguerite, dit Mordaunt d��s qu'il fut suffisamment ma?tre de son ��motion, il est inutile de nous le cacher plus longtemps, il n'y a pas du tout d'ouvrage dans le pays. Il ne nous reste que deux alternatives, Marguerite:--ou de demeurer ici et y mourir de faim, ou de nous en aller avant qu'il ne soit trop tard.
--Eh bien, Edouard, s'il y a encore une chance, partons: c'est notre devoir.
--Oui, nous partirons, quoique voyager sans secours soit une terrible chose en cette saison. Mais c'est notre unique ressource. Triste pays que celui-ci! Ah! je suis bien fach�� d'y ��tre venu. Il n'y a d'ouvrage pour personne, jeune ou vieux, et quoique nous ne soyons qu'une taxe impos��e �� la charit�� des gens, on dirait qu'ils ont peur de nous laisser partir. Je me demande ce qu'ils aiment le mieux de voir leurs rues vides ou de les voir remplies de qu��teux et de vagabonds.
--Le fait est que c'est bien d��solant, Edouard; mais peut-��tre les gens d'ici n'y
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