Le sorcier de Meudon | Page 4

Éliphas Lévi
�� glapir comme les oies du Capitole, ces bonnes sentinelles romaines que les papes devraient donner pour blason �� la moinerie moinante, cette ma?tresse du monde moin��.
Fr��re Paphnuce, c'��tait le nom du ma?tre des novices, se croyait l'ame du monast��re parce qu'il y faisait le plus de bruit; et il ��tait, en effet, comme la peau d'ane est l'ame d'un tambour. Aussi c'��tait sur lui que tombaient, dru comme pluie, les quolibets clandestins et les tours narquois des novices; ce que leur faisait rendre le saint homme en menus coups de discipline, que le prieur, styl�� par lui, leur imposait pour p��nitence quand venaient les corrections du chapitre.
Aussi les novices, qui le craignaient autant qu'ils le ch��rissaient peu, cherchaient-ils �� opposer aux s��v��rit��s capricieuses du fr��re Paphnuce, l'influence du fr��re Fran?ois, et allaient-ils lui conter leurs chagrins. Nous dirons tout �� l'heure ce que c'��tait que le fr��re Fran?ois; mais, puisque nous en sommes sur le chapitre des novices, il en est un surtout avec lequel nous devons d'abord faire connaissance, et cela pour causes que vous conna?trez tout �� l'heure.
Fr��re Lubin ��tait le fils a?n�� d'un bon fermier des environs de la Basmette. Sa vocation religieuse ��tait toute une l��gende, dont les moines se promettaient bien d'enrichir un jour leur chronique. Sa m��re ��tant en travail d'enfant pour lui donner une petite soeur, s'��tait trouv��e r��duite �� l'extr��mit��; et, de concert avec Jean Lubin, son bon homme, elle avait vou�� �� saint Fran?ois son premier enfant, L��andre Lubin, ag�� alors de six ans et demi.
Que saint Fran?ois ait ou non de l'influence sur les accouchements, ce n'est pas ici le lieu de le d��battre. Que ce soit donc protection du saint ou aide toute simple de la nature, la m��re fut heureusement d��livr��e, et le jeune Lubin livr��... �� la discipline des disciples de saint Fran?ois.
Or, depuis douze ans d��j��, le jeune Lubin ��tait le commensal des habitants de la Basmette. C'��tait un long noviciat. Mais le fr��re Fran?ois avait obtenu du p��re prieur qu'aucun novice ne ferait ses voeux d��finitifs qu'il n'e?t au moins ses dix-neuf ans sonn��s, expression qui, ce me semble, convient surtout aux ann��es de cette vie claustrale, dont tous les instants et toutes les heures se mesurent au son de la cloche.
Fr��re Lubin avait donc dix-huit ans et quelques mois, et mieux semblait-il fait pour le harnais que pour la haire. Grand, bien fait, le teint brun, la bouche vermeille, les dents bien rang��es et blanches �� faire plaisir, l'oeil bien fendu et ombrag�� de cils bien fournis et bien noirs, il donnait plus d'une distraction pendant l'office aux bachelettes qui venaient les dimanches et f��tes accomplir leurs devoirs dans l'��glise des bons p��res. On assure m��me que le fripon profitait plus d'une fois, pour risquer un regard de c?t��, de l'ombre de son capuchon, o�� ses grands yeux ��tincelaient comme des lampes de vermeil au fond d'une chapelle obscure.
Ce charmant moinillon ��tait l'enfant gat�� du p��re prieur et le principal objet du z��le de fr��re Paphnuce. L'un ne le quittait gu��re, et l'autre le cherchait toujours. C'��tait lui qui arrangeait et entretenait propre la cellule du prieur, lui qui secouait la poussi��re des in-folios que le p��re n'ouvrait jamais, lui encore qui frottait et ��claircissait les besicles. Il disait les petites heures avec le r��v��rend lorsqu'une indisposition quelconque l'avait emp��ch�� d'aller au choeur. Le p��re prieur, alors, s'assoupissait un peu sous l'influence de la psalmodie; son large menton s'appuyait mollement sur sa poitrine, les besicles tombaient sur le livre de parchemin gras aux caract��res gothiques et enlumin��s; alors fr��re Lubin s'esquivait sur la pointe du pied et sortait doucement dans le corridor, o��, presque toujours, il rencontrait fr��re Paphnuce.
--O�� allez-vous? lui demandait celui-ci.
--Dans notre cellule, r��pondait fr��re Lubin; le p��re prieur repose, et je crains de le r��veiller.
--Venez �� l'��glise, reprenait l'impitoyable ma?tre des novices; l'office ne fait que commencer; j'ai remarqu�� votre absence, et je vous cherchais.
--Mais, mais, mon p��re...
--Allons, point de r��plique. Vous d?nerez aujourd'hui �� genoux au milieu du r��fectoire.
--Mais, je ne r��plique pas, mon p��re, je voulais vous observer seulement que j'ai laiss�� notre br��viaire...
--Chez le p��re prieur? allez le prendre et ne faites pas de bruit.
--Non, chez le fr��re m��decin.
--Chez le fr��re m��decin? et qu'alliez-vous encore y faire? Je vous ai d��fendu d'entrer dans la cellule de ma?tre Fran?ois; je vous d��fends maintenant de lui parler! ce n'est pas une soci��t�� convenable pour des novices. L'��tude de la m��decine entra?ne une foule de connaissances contraires �� notre saint ��tat... Et puis... enfin, je vous le d��fends; est-ce entendu?
Le novice tournait le dos et faisait la moue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
En ce moment un bruit de pas lents et graves mesura les escaliers et
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