Trith��me et de Postel, en a tir�� ce fruit pr��cieux et salutaire, de comprendre, d'estimer et d'aimer par-dessus tout le sens droit de la sagesse facile et de la bonne nature. Que les clavicules de Salomon lui ont servi �� bien appr��cier Rabelais, et qu'il vous pr��sente aujourd'hui la l��gende du cur�� de Meudon comme l'arch��type de la plus parfaite intelligence de la vie; �� cette l��gende se m��le et s'entortille, comme le lierre autour de la vigne, l'histoire du brave Guilain, qui, au dire de notre B��ranger, fut m��n��trier de Meudon au temps m��me de ma?tre Fran?ois. Pourquoi et comment ces deux figures joyeuses sont ici r��unies, quels myst��res all��goriques sont cach��s sous ce rapprochement du musicien et du cur��, c'est ce que vous comprendrez facilement en lisant le livre. Or, ��baudissez-vous, mes amours, comme disait le joyeux ma?tre, et croyez qu'il n'est grimoire de sorcier ni trait�� de philosophie qui puisse surpasser en profondeur, en science et en abondantes ressources, une page de Rabelais et une chanson de B��ranger.
��LIPHAS L��VI.
LE SORCIER DE MEUDON
PREMI��RE PARTIE
LES ENSORCEL��S DE LA BASMETTE
I
LA BASMETTE
Or, vous saurez, si vous ne le savez d��j��, que la Basmette ��tait une bien tranquille et plantureuse jolie petite abbaye de franciscains, dans le fertile et d��votieux pays d'Anjou. Tranquille et insoucieuse, en tant que les bons fr��res mieux affectionnaient l'oraison dite de Saint-Pierre, qui si bien sommeillait au jardin des Olives �� tout le tracas de l'��tude et �� la vanit�� des sciences; plantureuse en bourgeons, tant sur les vignes que sur le nez de ses moines, si bien que la vendange et les bons franciscains semblaient fleurir �� qui mieux mieux, avec ��mulation de prosp��rit�� et de m��rite; les fr��res ��tant riants, vermeils et lustr��s comme des raisins m?rs; et les grappes du clo?tre et du clos environnant, rondelettes, rebondies, dor��es au soleil et toutes mielleuses de sucrerie aigre-douce, comme les bons moines.
Comment et par qui fut premi��rement fond��e cette tant sainte et b��ate maison, les vieilles chartes du couvent le disent assez pour que je me dispense de le redire; mais d'o�� lui venait le nom de Basmette, ou baumette, comme qui dirait, petite baume? c'est de la l��gende de madame sainte Madeleine, qui, pendant longues ann��es, expia, par de rigoureuses folies de saint amour, les trop douces folies d'amour profane dont un seul mot du bon Sauveur lui avait fait sentir le d��boire et l'amertume, tant et si bien qu'elle mourut d'aimer Dieu, lorsqu'elle eut senti l'amour des hommes trop rare et trop vite ��puis�� pour alimenter la vie de son pauvre coeur. Et ce fut dans une merveilleuse grotte de la Provence, appel��e depuis la Sainte-Baume, �� cause du parfum de pieuse m��lancolie et de myst��rieux sacrifice que la sainte y avait laiss��, lorsque J��sus, touch�� enfin des longs soupirs de sa triste amante, l'envoya qu��rir par les plus doux anges du ciel.
Or, la Sainte-Baume ��tait devenue c��l��bre par toute la chr��tient��, et le couvent des Franciscains d'Anjou, poss��dant une petite grotte o�� se trouvait une repr��sentation de la Madeleine repentante, avait pris pour cela le nom de Baumette ou Basmette, comme on disait alors, d'autant que Basme, en vieux fran?ais, ��tait la m��me chose que Baume.
Il y avait alors �� la Basmette, et l'histoire qu'ici je raconte est du temps du roi de Fran?ois Ier, il y avait, dis-je, en cette abbaye, ou plut?t dans ce prieur��, vingt-cinq ou trente religieux, tant prof��s que novices, y compris les simples fr��res lais. Le prieur ��tait un petit homme chauve et camus, homme tr��s-��minent en bedaine, et qui s'effor?ait de marcher gravement pour assurer l'��quilibre de ses besicles, car besicles il avait, par suite de l'indisposition larmoyante de ses petits yeux qui lui affaiblissait la vue. ��tait-ce pour avoir trop regrett�� ses p��ch��s ou pour avoir trop savour�� les larmes de la grappe? ��tait-ce componction spirituelle ou r��action spiritueuse? Les mauvaises langues le disaient peut-��tre bien: mais nous, en chroniqueur consciencieux et de bonne foi, nous nous bornerons �� constater que le prieur avait les yeux malades et qu'il trouvait dans son nez camus de tr��s-notables obstacles �� porter d��cemment et solidement ses besicles.
Rien n'est tel que l'oeil du ma?tre, dit le vieux proverbe, et le couvent est �� plaindre dont le prieur ne voit pas plus loin que son nez, surtout s'il a le nez camus! Aussi, dans le couvent de la Basmette, tout allait-il �� l'abandon, selon le bon plaisir du ma?tre des novices, grand moine, long, sec et malingre, mieux avantag�� en oreilles qu'en entendement, ennuy�� de lui-m��me, et partant acariatre, comme s'il e?t voulu s'en prendre aux autres de son insuffisance et de son ennui: retors en mati��re de moinerie, scrupuleux en mati��re de br��viaire, grand carillonneur de cloches, grand instigateur de matines, ne dormant que d'un oeil et toujours pr��t
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