Le roman de la rose | Page 5

G. de Lorris
le lendemain des octaves de Paques, pour aller sur la comté de la Marche.?
Ces deux vers du testament de Jehan de Meung ne laissent du reste aucun doute sur l'illustration de sa naissance:
Diex m'a donné au miex honneur et grant chevance,?Diex m'a donné servir les plus grans gens de France.
M. Débarbouiller dit, dans son _Histoire des hommes illustres de l'Orléanais_, au chapitre: _Guillaume de Lorris et Jean de Meung_:
[p. XX] ?D'après Dom Gérou, Jehan de Meung descendait des anciens seigneurs de la petite ville dont il portait le nom. Son père était baron de Chevé, seigneur de Pierrefite et autres lieux. Il donna la baronnie de Chevé à notre écrivain. Le baron de Chevé était un des quatre grands vassaux de l'évêché d'Orléans, qui devaient porter le nouvel évêque à son entrée solennelle et lui présenter tous les ans, le 2 mai, pendant l'office de vêpres, une certaine quantité de cire qu'on appelle vulgairement gouttières. D'après les titres de l'église cathédrale d'Orléans, Jehan aurait été chanoine et archidiacre en 1270 et 1297, et c'est sans doute en raison de son état qu'il est représenté avec une simarre, ou robe fourrée, dans un livre du commencement du XVe siècle.?
Nous citons toujours M. Méon:
?Cet auteur, que Moreri et tous les biographes font na?tre en 1279 ou 1280, avait déjà traduit, en 1284, _l'Art militaire_ de Végèce pour Jehan de Brienne, premier du nom, qui, en 1252, succéda à Marie, sa mère, dans la comté d'Eu, pendant qu'il était avec saint Louis en Palestine. Là le roi, dit Joinville, fit le comte d'Eu chevalier, qui était encore un jeune jouvencel. Il mourut à Clermont en Beauvoisis en 1294.
?Si en 1284, continue M. Méon, Jehan de Meung avait déjà traduit Végèce, ainsi que le prouvent plusieurs manuscrits du temps, on doit supposer qu'à cette époque il avait au moins vingt-cinq à trente ans, et qu'il était né vers le milieu du XIIIe siècle.
?Alors on ne pourrait dire, comme l'a fait Lenglet du Frenoy dans sa préface, qu'il était dans sa jeunesse lorsqu'il entreprit la continuation du _Roman de la Rose_. S'il a relaté, dans sa dédicace qu'il fit à [p. XXI] Philippe-le-Bel de sa traduction de Bo?ce, le _Roman de la Rose_ le premier, c'est probablement parce qu'il le regardait comme le plus notable de ses ouvrages, les autres n'étant presque tous que des traductions. D'ailleurs il est facile de juger que le _Roman de la Rose_ n'est point sorti de la plume d'un jeune homme, ainsi que l'observent le président Fauchet et Thévet dans la vie de son auteur. Les connaissances de toute nature qu'il annonce dans son ouvrage portent à croire qu'il avait lu avec fruit nos auteurs sacrés et profanes.
?Il y a tant de variations dans les historiens sur l'époque de la mort de Jehan de Meung, qu'il est difficile de la fixer d'une manière exacte. Jehan Bouchet dit que ce fut vers 1316, sous le règne de Louis X. Du Verdier, dans sa Prosopographie, dit 1318, sous Philippe V. Nos biographies modernes prolongent sa vie jusqu'à la première année du règne de Charles V, en 1364, parce que l'éditeur d'un ouvrage qui a pour titre: _le Dodechedron de Fortune_, a annoncé que Jehan de Meung l'avait présenté à ce prince. Cette opinion se trouve réfutée par ce que j'ai dit ci-dessus de sa naissance, puisqu'il faudrait supposer qu'il aurait vécu près de cent vingt ans. En admettant que Jehan de Meung soit auteur de cet ouvrage, ce dont je doute, et qu'il l'ait présenté à un roi Charles, je serais obligé de croire que ce serait Charles IV, qui a commencé à régner en 1322, et que le manuscrit portait Charles le quart, qui, étant mal écrit, aurait été lu Charles le quint par l'éditeur de cet ouvrage. Dans cette hypothèse, Jehan de Meung serait encore septuagénaire. Dom Rivet, dans son _Histoire littéraire_, fixe la mort de cet auteur à l'année 1310, et cette même date est rapportée [p. XXII] aussi dans un volume ayant pour titre: _Anecdotes fran?oises depuis l'établissement de la monarchie jusqu'au règne de Louis XV_.
?Fauchet avait fait lui-même des recherches pour découvrir cette même époque; mais il avoue qu'elles sont restées infructueuses. En 1358, on transporta dans la cour du couvent des Jacobins, entre l'église et les vieilles écoles de théologie, les ossements de tous ceux qui étaient enterrés au cimetière dudit couvent. Le cimetière fut détruit, et le clo?tre, le dortoir et le réfectoire furent retranchés pour la cl?ture de Paris. Dans le recueil des épitaphes de Paris, fait par D'Hozier, se trouve la suivante: ?Aussi g?t au dit couvent (des Jacobins) ma?tre Jehan de Meung, docte personnage du temps de Louis Hutin, auteur du livre du _Roman de la Rose_, l'une des premières poésies fran?oises.? Cette épitaphe, faite très-longtemps après sa mort, para?t copiée
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