corrous et d'ire:?Lors li pris cum iriés à dire:?Dame, bien me volés tra?r,?Dois-je donques les gens ha?r??Donc harré-ge toutes personnes,?Puis qu'amors ne sunt mie bonnes;?jamès n'amerai d'amors fines?Ains vivrai tous jors en ha?nes:?Lors si serai mortel pechierres,?Voire par Diex pires que lierres.?A ce ne puis-ge pas faillir,?Par l'ung me convient-il saillir:?Ou amerai, ou ge herrai,?Mès espoir que ge comperrai?Plus la ha?ne au derrenier,?Tout ne vaille Amors ung denier.?Bon conseil m'avés or donné,?Qui tous jors m'avés sermonné?Que ge doie d'Amors recroire;?Or est fox qui ne vous vuet croire.?Si m'avés-vous ramentéu??Une autre amor descongnéu?,?Que ge ne vous oi pas blasmer,?Dont gens se puéent entr'amer:?Se la me vouliés defenir,?Pour fol me porroie tenir?Se volentiers ne l'escoutoie,?Savoir au mains se ge porroie?Les natures d'Amors aprendre,?S'il vous i plaisoit à entendre.
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Quand le sermon suis écoutant, 4891?Par une oreille il va jetant?Ce que Raison en l'autre boute,?Tant qu'elle perd sa peine toute?Et m'emplit d'ire et de courroux.?Lors irrité: Me voulez-vous,?Dame, lui dis-je, par malice?Trahir? Faut-il que je ha?sse?Tout le monde, parce qu'Amour?Me fut cruel jusqu'à ce jour,?Jamais n'aime d'amour sereine?Et ne vive que pour la haine??Je serais un mortel pécheur,?Oui, par Dieu! pire qu'un voleur!?Ainsi donc il faut que je sorte?Ou par l'une ou par l'autre porte:?Je dois ha?r ou j'aimerai.?Mais, sachez-le, je n'essaierai?De la haine que la dernière,?Malgré qu'Amour ne vaille guère.?Un bon conseil m'avez donné?Pourtant, car m'avez sermonné?Que toujours d'Amour me méfie;?Or fol en vous qui ne se fie.?Mais ne m'avez-vous pas parlé?D'une autre amour, il m'a semblé,?Amour permise, pure et sainte?Et qu'on peut partager sans crainte??Si vous voulez la définir.?Pour fol il me faudra tenir,?Si tout au long ne vous écoute.?Ainsi je conna?trai sans doute,?S'il vous pla?t mon esprit former,?Toutes les manières d'aimer.
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Raison.
Certes, biaus amis, fox es-tu, 4911?Quant tu ne prises ung festu?Ce que por ton preu te sermon;?S'en voil encor faire ung sermon;?Car de tout mon pooir sui preste?D'acomplir ta bonne requeste;?Mais ne sai s'il te vaudra guieres.?Amors sunt de plusors manieres,?Sans cele qui si t'a mué,?Et de ton droit sens remué:?De male hore fus ses acointes,?Por Diex, gar que plus ne l'acointes.?Amitié est nommée l'une:?C'est bonne volenté commune?De gens entr'eus sans descordance,?Selon la Diex benivoillance,?Et soit entr'eus communité?De tous lors biens en charité;?Si que par nule entencion?Ne puisse avoir excepcion.?Ne soit l'ung d'aidier l'autre lent,?Cum hons fers, saiges et celent,?Et loiaus; car riens ne vaudroit?Le sens où loiauté faudroit.?Que l'ung quanqu'il ose penser?Puisse à son ami récenser,?Cum à soi seul séurement,?Sans soupe?on d'encusement.?Tiex mors avoir doivent et seulent?Qui parfetement amer veulent;?Ne puet estre homs si amiables,?S'il n'est si fers et si estables,
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Raison.
Certe, ami, comme un fol travaille 4925?Celui qui ne prise une paille?Pour son bien ce que dit Raison.?écoute encor cette le?on,?Car de tout mon pouvoir suis prête?De faire droit à ta requête;?Tache d'en faire ton profit.?Amours sont, comme je t'ai dit,?Nombreuses en dehors de celle?Qui si bien troubla ta cervelle?Et fut cause de ton malheur.?Pour Dieu, délivres-en ton coeur!?Amitié je nommerai l'une:?C'est bonne volonté commune?De deux coeurs, douce aménité,?Reflet de la dive bonté,?Communauté constante et s?re?Des biens, quelque soit leur nature,?Sans que par nulle intention?N'y puisse avoir exception.?Chacun se doit prompte assistance,?Discrétion et confiance?Et loyauté. Rien ne vaudrait?Amour, si loyauté manquait.?Dans une douce confidence?Un ami doit tout ce qu'il pense?A son ami pouvoir conter,?Et sans trahison redouter.?Telle est de l'amour véritable?La loi certaine et immuable.?Le coeur d'un véritable ami?Est si constant et raffermi
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Que por fortune ne se mueve, 4943?Si qu'en ung point tous jors se trueve?Ou riche, ou povre, ses amis?Qui tout en li son cuer a mis:?Et s'a povreté le voit tendre,?Il ne doit mie tant atendre?Que cil s'aide li requiere;?Car bonté faite par priere?Est trop malement chier vendu??A cuers qui sunt de grant valu?.
XXXV
Ci est le Souffreteux devant?Son vray Ami, en requerant?Qu'il luy vueille aider au besoing,?Son avoir lui mettant au poing.
Moult a vaillans homs grant vergoigne,?Quant il requiert que l'en li doingne;?Moult i pense, moult se soussie,?Moult a mesaise ain?ois qu'il prie,?Tel honte a de dire son dit,?Et si redoute l'escondit.?Mès quant ung tel en a trové,?Qu'il a tant ain?ois esprové,?Que bien est certain de s'amor,?Faire li vuet joie et clamor?De tous les cas que penser ose,?Sans honte avoir de nule chose:?Car comment en auroit-il honte,?Se l'autre est tex cum ge te conte??Quant son segré dit li aura,?Jamès li tiers ne le saura;
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Qu'il n'est fortune qui l'émeuve, 4957?Et que toujours même le treuve,?Ou riche ou pauvre, son ami?Qui tretout en lui son coeur mit.?A pauvreté s'il le voit tendre,?Il ne doit pas une heure attendre?Qu'il soit venu le supplier,?Car bonté qui se fait prier?Serait trop chèrement vendue?Aux coeurs qui sont de grand' value.
XXXV
Cy est le Souffreteux devant?Son ami vrai, le requérant?De soulager sa grand' misère,?Partageant sa fortune entière.
Bien dur est à l'homme vaillant?De demander en suppliant.?Moult il y pense et se soucie,?Moult a mésaise avant qu'il prie,?Tout honteux de dire son dit,?Toujours tremblant d'être
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