éconduit.?Mais si l'amour qu'il a trouvée?Lui fut de longtemps éprouvée,?S'il est bien certain de ce coeur,?Il lui fait part, peine et douleur,?De tout ce que penser il ose,?Sans honte avoir de nulle chose.?Car de quoi serait-il honteux?Si l'autre est tel que je le veux??Si son secret il lui confie,?Son ame ne sera trahie,
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Ne de reproiches n'a-il garde, 4973?Car saiges homs sa langue garde:?Ce ne sauroit mie ung fox faire:?Nus fox ne scet sa langue taire.?Plus fera: il le secorra?De tretout quanques il porra,?Plus liés du faire, au dire voir,?Que ses amis du recevoir.?Et s'il ne li fait sa requeste,?N'en a-il pas mains de moleste?Que cil qui la li a requise,?Tant est d'amors grant la mestrise;?Et de son duel la moitié porte,?Et de quanqu'il puet le conforte,?Et de la joie a sa partie,?Se l'amor est à droit partie.?Par la loi de ceste amitié,?Dit Tulles dans un sien ditié,?Que bien devons faire requeste?A nos amis, s'ele est honneste[15];?Et lor requeste refaison,?S'ele contient droit et raison;?Ne doit mie estre autrement fete,?Fors en deus cas qu'il en excepte:?S'en les voloit à mort livrer,?Penser devons d'eus délivrer;?Se l'en assaut lor renomée,?Gardons que ne soit diffamée.?En ces deus cas les lois deffendre,?Sans droit et sans raison atendre:?Tant cum amor puet escuser,?Ce ne doit nus homs refuser.?Ceste amors que ge ci t'espos,?N'est pas contraire à mon propos;
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Il ne craint nul reproche amer. 4987?Sa bouche un sage sait fermer,?C'est ce que fol ne saurait faire,?Car fol ne sait sa langue taire.?Bien plus, son ami l'aidera?Toujours autant qu'il le pourra,?Plus heureux de service rendre?Mille fois que l'autre de prendre.?Et s'il ne peut le soulager,?Autant le voit-on s'affliger?Que celui même qui demande,?Tant la vertu d'amour est grande!?S'ils s'aiment d'une égale ardeur,?Chacun a sa part de bonheur,?Sa moitié de peine supporte?Et l'un l'autre se réconforte.?Telle est la loi de l'amitié.?Ainsi Tulle l'a publié:?A ses amis faire requête?Chacun doit quand elle est honnête,?Comme à la leur se montrer bon?Si l'on y voit droit et raison[15].?Entre amis aucune requête?Ne saurait être autrement faite,?Hormis en deux cas cependant?Qu'il en excepte absolument.?Attaque-t-on leur renommée??Gardons qu'elle soit diffamée.?Les voudrait-on à mort livrer??Nous les devons t?t délivrer.?En ces cas il les faut défendre?Sans droit ni sans raison attendre;?Car nul ne s'y peut refuser,?Amour ne saurait l'excuser.
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Ceste voil-ge bien que tu sives, 5007?Et voil que l'autre amor eschives;?Ceste à toute vertu s'amort,?Mais l'autre met les gens à mort.
D'une autre amor te vuel retraire?Qui est à bonne amor contraire,?Et forment refait à blasmer;?C'est fainte volenté d'amer?En cuer malades du meshaing?De convoitise de gaaing.?Ceste amor est en tel balance,?Si-tost cum el pert l'esperance?Du proufit qu'ele vuet ataindre,?Faillir li convient et estaindre;?Car ne puet bien estre amoreus?Cuer qui n'aime les gens por eus;?Ains se faint et les vet flatant?Por le proufit qu'il en atent.?C'est l'amor qui vient de fortune,?Qui s'esclipse comme la lune?Que la terre obnuble et enumbre,?Quant la lune chiet en son umbre;?S'a tant de sa clarté perdu?,?Cum du soleil pert la véu?;?Et quant ele a l'umbre passée,?Si revient toute enluminée?Des rais que li soleil li monstre,?Qui d'autre part reluist encontre.?Ceste amor est d'autel nature,?Car or est clere, or, est oscure;?Si-tost cum povreté l'afuble?De son hideus mantel onuble,
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Cet amour qu'ici je t'expose 5021?A ma sentence rien n'oppose.?Tel est l'amour que tu suivras?Tandis que l'autre éviteras;?Car l'un à la vertu nous guide,?L'autre vers une mort rapide.?Voici maintenant à son tour,?Encontre ce parfait amour,?Un amour honteux et blamable.?C'est la fausseté méprisable?Des coeurs dont l'unique tourment?Est d'amasser incessamment.?Cet amour est de telle essence,?Que sit?t qu'il perd l'espérance?Du profit qui le caressait,?Il s'évanouit tout à fait.?Seul le véritable ami n'aime?L'objet aimé que pour lui-même,?Jamais ne feint, ne va flattant?Pour le profit qu'il en attend.?C'est l'amour vil de la fortune?Qui s'éclipse comme la lune;?Quand celle-ci l'ombre franchit?De la terre, elle s'obscurcit,?Car sa clarté toute est perdue?Du soleil en perdant la vue;?Et lorsque l'ombre elle a passé,?Son front repara?t embrasé?Des rais que le soleil lui montre,?Qui d'autre part reluit encontre.?Cet amour, comme elle, est changeant,?Tant?t obscur, tant?t ardent.?Sit?t que Pauvreté l'habille?De sa hideuse souquenille,
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Qu'el ne voit mès richesce luire, 5039?Oscurir la convient et fuire;?Et quant richesces li reluisent,?Toute clere la reconduisent;?Qu'el faut quant les richesces faillent,?Et saut sitost cum el resaillent.?De l'Amor que ge ci te nomme?Sunt amé tretuit li riche homme,?Especiaument li aver?Qui ne vuelent lor cuer laver?De la grant ardure et du vice?A la covoiteuse Avarice.?S'est plus cornars c'uns cers ramés?Riches homs qui cuide estre amés.?N'est-ce mie grant cosnardie??Il est certain qu'il n'aime mie.?Et comment cuide-il que l'en l'aime,?S'il en ce por fol ne se claime??En ce cas n'est-il mie sages?Ne qu'els est uns biaus cers ramages[16]:?Por Diex cil doit estre amiables?Qui desire amis véritables:?Qu'il n'aime pas, prover le puis,?Quant il a sa richesce; puis?Que ses amis povres esgarde,?Et devant eus la tient et garde,?Et tous jors garder la propose,?Tant que la bouche li soit close,?Et que male mort l'acravant;?Car il se lesseroit avant?Le
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