en habondance,?C'est convoiteuse soffisance;
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Raison.
Par mon chef, je veux te l'apprendre, 4525?Puisque ton coeur y veut entendre.?Céans je te vais, sans manquer,?Chose inexplicable expliquer;?Alors tu sauras sans science,?Et conna?tras sans connaissance?Ce qui ne peut être con?u,?Non plus démontré ni connu.?Seule une chose est que je sache:?Si quelqu'un son coeur y attache,?Il n'a, pour ne plus en souffrir,?Qu'un remède, c'est de le fuir.?Mets-y ton attention toute?Et la description écoute,?Car le noeud t'aurai dénoué?Que toujours trouverais noué.?Amour, affection haineuse,?Amour, c'est la haine amoureuse,?C'est déloyale loyauté?Et loyale déloyauté;?C'est la peur toute rassurée,?Espérance désespérée,?Une furibonde raison,?Un raisonnable furibond;?C'est Carybde la périlleuse[5]?Désagréable et gracieuse,?Horrible et séduisant danger,?Fardeau lourd à mouvoir léger;?C'est la faim so?le d'abondance,?C'est convoiteuse suffisance,?Une salutaire langueur,?Santé qui consume le coeur,
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C'est la soif qui tous jors est ivre, 4545?Yvresce qui de soif s'enyvre;?C'est faus délit, c'est tristor lie,?C'est léesce la corroucie;?Dous maus, dou?or malicieuse,?Douce savor mal savoreuse;?Entechiés de pardon péchiés,?De péchiés pardon entechiés;?C'est poine qui trop est joieuse,?C'est felonnie la piteuse[6];?C'est le gieu qui n'est pas estable,?Estat trop fers et trop muable;?Force enferme, enfermeté fors,?Qui tout esmuet par ses effors;?C'est fol sens, c'est sage folie,?Prospérité triste et jolie;?C'est ris plains de plors et de lermes,?Repos travaillans en tous termes;?Ce est enfers li doucereus,?C'est paradis li dolereux;?C'est chartre qui prison soulage,?Printems plains de fort yvernage;?C'est taigne qui riens ne refuse,?Les porpres et les buriaus[7] use;?Car ausinc bien sunt amoretes?Sous buriaus comme sous brunetes;?Car nus n'est de si haut linage,?Ne nus ne trueve-l'en si sage,?Ne de force tant esprové,?Ne si hardi n'a-l'en trové,?Ne qui tant ait autres bontés?Qui par Amors ne soit dontés.?Tout li mondes vait ceste voie;?C'est li Diex qui tous les desvoie,
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C'est la soif qui toujours est ivre, 4557?Ivresse qui de soif s'enivre,?Tristesse gaie, amer bonheur;?Amour, c'est liesse en fureur,?Doux mal, douceur malicieuse,?Douce saveur mal savoureuse;?Un adorable et saint péché,?De péché saint acte entaché;?C'est une peine délectable,?C'est férocité pitoyable[6],?C'est le jeu toujours inconstant,?état trop stable et trop mouvant,?Pusillanimité virile;?C'est une force trop débile?Contre qui pourtant nul effort?N'a triomphé, tant f?t-il fort;?C'est fol sens et sage folie,?Prospérité triste et jolie;?C'est un enfer moult doucereux,?C'est un paradis douloureux,?Oeil souriant qui toujours pleure,?Repos travaillant à toute heure,?Au prisonnier douce prison,?Printemps glaciale saison,?Avare qui rien ne refuse.?Amour la pourpre et la bure use,?Car aussi bien naissent amours?Sous la bure et sous le velours[7];?Car nul homme ici-bas si sage,?Si grand, de si puissant lignage,?Ni de force tant éprouvé,?Ni si hardi n'a-t-on trouvé,?De telle valeur ni science,?Qu'Amour ne tienne en sa puissance.
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Se ne sunt cil de male vie 4579?Que Genius escommenie,?Por ce qu'il font tort à Nature[8]:?Ne por ce, se ge n'ai d'aus cure,?Ne voil-ge pas que les gens aiment?De cele amor dont il se claiment?En la fin las, chétis, dolant,?Tant les va Amors afolant.?Mès se tu viaus bien eschever?Qu'Amors ne te puisse grever,?Et veus garir de ceste rage,?Ne pués boivre si bon bevrage?Comme penser de li fo?r,?Tu n'en pués autrement jo?r.?Se tu le sius, il te sivra,?Se tu le fuis, il te fuira.
L'Amant.
Quant j'oi Raison bien entendu?,?Qui por noient s'est débatu?,?Dame, fis-ge, de ce me vant,?Ge n'en sai pas plus que devant?A ce que m'en puisse retraire.?En ma le?on a tant contraire,?Que ge n'en sai noient aprendre,?Si la sai ge bien par cuer rendre,?C'onc mes cuers riens n'en oblia,?Voire entendre quanqu'il i a,?Por lire tout communément,?Ne mès à moi tant solement;?Mès puis qu'Amors m'avés descrite,?Et tant blasmée et tant despite,
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Tous suivent le même chemin, 4591?Ce Dieu les tient tous sous sa main.?J'excepte gens de male vie?Que Génius excommunie?Puisque tort à Nature ils font[8]?J'ai pour eux un dégo?t profond;?Aussi je veux que tous méprisent?Ce vil amour dont ils se disent?Usés, malheureux, un beau jour,?Tant les dégrade cet amour.?Or si tu veux bien dans la suite?D'Amour éviter la poursuite?Et de cette rage guérir,?N'hésite pas, songe à le fuir.?A ton mal pour venir en aide?Je ne connais d'autre remède;?Si tu le suis, il te suivra,?Si tu le fuis, il te fuira.
L'Amant.
Quand j'ou?s Raison l'entendue?Qui s'est en vain bien débattue:?Dame, lui dis-je, assurément?Je ne sais pas plus que devant?A mon mal comment me soustraire.?En la le?on tout est contraire,?Et rien certe elle ne m'apprit.?Je sais par coeur ce qu'avez dit,?Tant mon ame était empressée?De bien saisir votre pensée,?Pour y puiser complètement?Votre sage commandement.?Mais Amour que de tant de blame,?De mépris vous poursuivez, dame,
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Prier vous voil dou defenir, 4609?Si qu'il m'en puist miex sovenir,?Car ne l'o? defenir onques.
Raison.
Volentiers: or i entens donques.?Amors, se bien suis apensée,?C'est maladie de pensée?Entre deus personnes annexes?Franches entr'eus, de divers sexes,?Venans as gens par ardor née?De vision désordenée,?Por eus acoler et baisier,?Et por eus charnelment aisier.?Amors autre chose n'atant,?Ains s'art et se délite en tant.?De fruit avoir ne fait-il force,?En déliter sans plus s'efforce;?Si sunt aucun de tel maniere,?Qui cest amor n'ont mie chiere,?Toutevois fin amant se faignent,?Mès par Amors amer ne daignent,?Et se gabent ainsinc des Dames,?Et lor prometent cors et ames,?Et
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