sert �� rien. Il n'est point un progr��s, mais une r��p��tition. Quand j'ai affirm�� que tous les hommes sont mortels, j'ai affirm�� par cela m��me que le prince Albert est mortel. En parlant de la classe enti��re, c'est-��-dire de tous les individus, j'ai parl�� de chaque individu, et notamment du prince Albert, qui est l'un d'eux. Je ne dis donc rien de nouveau maintenant que j'en parle. Ma conclusion ne m'apprend rien; elle n'ajoute rien �� ma connaissance positive; elle ne fait que mettre sous une autre forme une connaissance que j'avais d��j��. Elle n'est point fructueuse, elle est purement verbale. Donc, si le raisonnement est ce que disent les logiciens, le raisonnement n'est point instructif. J'en sais autant en le commen?ant qu'apr��s l'avoir fini. J'ai transform�� des mots en d'autres mots; j'ai pi��tin�� sur place. Or cela ne peut ��tre, puisqu'en fait le raisonnement nous apprend des v��rit��s neuves. J'apprends une v��rit�� neuve quand je d��couvre que le prince Albert est mortel, et je la d��couvre par la vertu du raisonnement, puisque le prince Albert ��tant encore en vie, je n'ai pu l'apprendre par l'observation directe. Ainsi les logiciens se trompent, et par del�� la th��orie toute scolastique du syllogisme qui r��duit le raisonnement �� des substitutions de mots, il faut chercher une th��orie de la preuve, toute positive, qui d��m��le dans le raisonnement des d��couvertes de faits.
Pour cela, il suffit de remarquer que la proposition g��n��rale n'est point la v��ritable preuve de la proposition particuli��re. Elle le para?t, elle ne l'est pas. Ce n'est pas de la mortalit�� de tous les hommes que je conclus la mortalit�� du prince Albert; les pr��misses sont ailleurs, et par derri��re. La proposition g��n��rale n'est qu'un m��mento, une sorte de registre abr��viatif, o�� j'ai consign�� le fruit de mes exp��riences. Tous pouvez consid��rer ce m��mento comme un livre de notes o�� vous vous reportez quand vous voulez rafra?chir votre m��moire; mais ce n'est point du livre que vous tirez voire science: vous la tirez des objets que vous avez vus. Mon m��mento n'a de valeur que par les exp��riences qu'il rappelle. Ma proposition g��n��rale n'a de valeur que par les faits particuliers qu'elle r��sume. ?La mortalit�� de Jean, Thomas et compagnie[10] est apr��s tout la seule preuve que nous ayons de la mortalit�� du prince Albert.?--?La vraie raison qui nous fait croire que le prince Albert mourra, c'est que ses anc��tres, et nos anc��tres, et toutes les autres personnes qui leur ��taient contemporaines, sont morts. Ces faits sont les vraies pr��misses du raisonnement.? C'est d'eux que nous avons tir�� la proposition g��n��rale; ce sont eux qui lui communiquent sa port��e et la v��rit��; elle se borne �� les mentionner sous une forme plus courte; elle re?oit d'eux toute sa substance; ils agissent par elle et �� travers elle pour amener la conclusion qu'elle semble engendrer. Elle n'est que leur repr��sentant, et �� l'occasion ils se passent d'elle. Les enfants, les ignorants, les animaux savent que le soleil se l��vera, que l'eau les noiera, que le feules br?lera, sans employer l'interm��diaire de cette proposition. Ils raisonnent et nous raisonnons aussi, non du g��n��ral au particulier, mais du particulier au particulier. ?L'esprit ne va jamais que des cas observ��s aux cas non observ��s, avec ou sans formules comm��moratives. Nous ne nous en servons que pour la commodit��[11].?--?Si nous avions une m��moire assez ample et la facult�� de maintenir l'ordre dans une grosse masse de d��tails, nous pourrions raisonner sans employer une seule proposition g��n��rale[12].? Ici, comme plus haut, les logiciens se sont m��pris: ils ont donn�� le premier rang aux op��rations verbales; ils ont laiss�� sur l'arri��re-plan les op��rations fructueuses. Ils ont donn�� la pr��f��rence aux mots sur les faits. Ils ont continu�� la science nominale du moyen age. Ils ont pris l'explication des noms pour la nature des choses, et la transformation des id��es pour le progr��s de l'esprit. C'est �� nous de renverser cet ordre en logique, puisque nous l'avons renvers�� dans les sciences, de relever les exp��riences particuli��res et instructives, et de leur rendre dans nos th��ories la primaut�� et l'importance que notre pratique leur conf��re depuis trois cents ans.
VI
Reste une sorte de forteresse philosophique o�� se r��fugient les id��alistes. A l'origine de toutes les preuves il y a la source de toutes les preuves, j'entends les axiomes. Deux lignes droites ne peuvent enclore un espace; deux quantit��s ��gales �� une troisi��me sont ��gales entre elles; si l'on ajoute des quantit��s ��gales �� des quantit��s ��gales, les sommes ainsi form��es sont encore ��gales: voil�� des propositions instructives, car elles expriment non des sens de mots, mais des rapports de choses; et de plus, ce sont des propositions f��condes, car toute l'arithm��tique, l'alg��bre et la g��om��trie sont des suites de leur v��rit��. D'autre part, cependant, elles ne sont point l'oeuvre de l'exp��rience,
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