Le positivisme anglais | Page 6

Hippolyte A. Taine
age, ou les jeux d'esprit de la m��taphysique h��g��lienne, vous puissiez suppl��er �� l'exp��rience. 11 n'y a pas de d��finitions de choses; s'il y a des d��finitions, ce ne sont que des d��finitions de noms. Nulle phrase ne me dira ce que c'est qu'un cheval, mais il y a des phrases qui me diront ce qu'on entend par ces cinq lettres. Nulle phrase n'��puisera la totalit�� in��puisable des qualit��s qui font un ��tre, mais plusieurs phrases pourront d��signer les faits qui correspondent �� un mot. Dans ce cas, la d��finition peut se faire, parce qu'on peut toujours faire une analyse. Du terme abstrait et sommaire elle nous fait remonter aux attributs qu'il repr��sente, et de ces attributs aux exp��riences int��rieures ou sensibles qui leur servent de fondement. Du terme chien elle nous fait remonter aux attributs mammif��re, carnassier et autres qu'il repr��sente, et de ces attributs aux exp��riences de vue, de toucher, de scalpel, qui leur servent de fondement. Elle r��duit le compos�� au simple, le d��riv�� au primitif. Elle ram��ne notre connaissance �� ses origines. Elle transforme les mots en faits. S'il y a des d��finitions, comme celles de la g��om��trie, qui semblent capables d'engendrer de longues suites de v��rit��s neuves[9], c'est qu'outre l'explication d'un mot, elles contiennent l'affirmation d'une chose. Dans la d��finition du triangle, il y a deux propositions distinctes, l'une disant qu'il peut y avoir une figure termin��e par trois lignes droites, l'autre disant qu'une telle figure s'appelle un triangle. La premi��re est un postulat, la seconde est une d��finition. La premi��re est cach��e, la seconde est visible; la premi��re est susceptible de v��rit�� ou d'erreur, la seconde n'est susceptible ni de l'une ni de l'autre. La premi��re est la source de tous les th��or��mes qu'on peut faire sur les triangles, la seconde ne fait que r��sumer eu un mot les faits contenus dans l'autre. La premi��re est une v��rit��, la seconde une commodit��; la premi��re est une partie de la science, la seconde un exp��dient du langage. La premi��re exprime une relation possible entre trois lignes droites, la seconde donne le nom de cette relation. La premi��re seule est fructueuse, parce que seule, conform��ment �� l'office de toute proposition fructueuse, elle lie deux faits. Comprenons donc exactement la nature de notre connaissance: elle s'applique ou aux mots, ou aux ��tres, ou �� tous les deux �� la fois. S'il s'agit de mots, comme dans les d��finitions de noms, tout son effort est de ramener les mots aux exp��riences primitives, c'est-��-dire aux faits qui leur servent d'��l��ments. S'il s'agit d'��tres, comme dans les propositions de choses, tout son effort est de joindre un fait �� un fait, pour rapprocher la somme finie des propri��t��s connues de la somme infinie des propri��t��s �� conna?tre. S'il s'agit des deux, comme dans les d��finitions de nom qui cachent une proposition de chose, tout son effort est de faire l'un et l'autre. Partout l'op��ration est la m��me. Il ne s'agit partout que de s'entendre, c'est-��-dire de revenir aux faits, ou d'apprendre, c'est-��-dire de joindre des faits.

V
Voil�� un premier rempart d��truit; je suppose que vous attendez mon philosophe derri��re le second, la th��orie de la preuve. Celle-ci, depuis deux mille ans, passe pour une v��rit�� acquise, d��finitive, inattaquable. Plusieurs l'ont jug��e inutile, mais personne n'a os�� la dire fausse. Chacun l'a consid��r��e comme un th��or��me ��tabli. Eh bien, regardons-la. Qu'est-ce qu'une preuve? Selon les logiciens, c'est un syllogisme. Et qu'est-ce qu'un syllogisme? C'est un groupe de trois propositions comme celui-ci: ?Tous les hommes sont mortels; le prince Albert est un homme; donc le prince Albert est mortel.? Voil�� le mod��le de la preuve, et toute preuve compl��te se ram��ne �� celle-l��. Or, selon les logiciens, qu'y a-t-il dans cette preuve? Une proposition g��n��rale concernant tous les hommes qui aboutit �� une proposition particuli��re concernant un certain homme. De la premi��re on passe �� la seconde, parce que la seconde est contenue dans la premi��re. Du g��n��ral on passe au particulier, parce que le particulier est contenu dans le g��n��ral. La seconde n'est qu'un cas de la premi��re; sa v��rit�� est enferm��e par avance dans celle de la premi��re, et c'est pour cela qu'elle est une v��rit��. En effet, sit?t que la conclusion n'est plus contenue dans les pr��misses, le raisonnement est faux, et toutes les r��gles compliqu��es du moyen age ont ��t�� r��duites par Port-Royal �� cette seule r��gle, que la conclusion doit ��tre contenue dans les pr��misses. Ainsi toute la marche de l'esprit humain, quand il raisonne, consiste �� reconna?tre dans les individus ce qu'il a connu de la classe, �� affirmer en d��tail ce qu'il a ��tabli pour l'ensemble, �� poser une seconde fois et pi��ce �� pi��ce ce qu'il a pos�� tout d'un coup une premi��re fois.
Point du tout, r��pond Mill, car si cela est, le raisonnement ne
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