Le monsieur au parapluie | Page 8

Jules Moinaux
l'argent perdu: la fille, au rebours du p��re qui croyait tout savoir, n'ayant jamais pu rien apprendre. Quant aux travaux d'aiguille, il n'en fut m��me jamais question, Jujube ayant d��clar�� qu'il n'��levait pas sa fille pour qu'elle e?t �� raccommoder les chemises de son mari ou �� mettre des boutons �� ses culottes.
Par contre, Athalie causait de tout, r��p��tait des bribes de conversations, auxquelles elle se m��lait �� l'age o�� l'on joue �� la poup��e; aussi disait-on qu'elle causait comme une petite femme; seulement, elle s'arr��ta l��: �� vingt ans, elle cause encore comme une petite femme et tout porte �� croire que lorsqu'elle sera grand'm��re, ses raisonnements seront toujours ceux de la femme de douze ans.
--Madame, vint dire la bonne, voil�� huit heures; si mon r?ti est br?l�� ou calcin��, ?a ne sera pas de ma faute.
--Servez! r��pondit madame; puis, �� sa fille:--Nous n'attendrons pas ton p��re; c'est incroyable, sortir par une pluie battante, aussit?t son d��jeuner, et n'��tre pas rentr�� pour l'heure du d?ner, et il sait que, ce soir, il doit nous venir quelques amis; voyons, tu n'en finiras pas de ton piano?
--Papa veut que je joue ce morceau-l�� chez madame de la Rousse-Tamponne; c'est apr��s demain et je ne le sais pas tr��s bien, et puis je veux l'essayer ce soir.
--Comment s'appelle-t-il, ton morceau?
--?a s'appelle: ?Comme un ��clair?; je ne peux pas venir �� bout de faire l'��clair.
Et elle essaya: brrrrr!...
--Il n'est pas brillant, ton ��clair, dit madame Jujube.
--Ce jeune homme qui est venu pour son portrait m'a fait perdre deux heures.
--Il esp��rait toujours que ton p��re allait rentrer, et puis nous nous sommes trouv��s en connaissance; sans cela.... Je me disais aussi, quand il est entr��: Mais j'ai vu ce jeune homme-l�� quelque part.
--Oh! moi, je l'ai reconnu tout de suite; tu sais? je t'ai dit: C'est monsieur qui ��tait �� table �� c?t�� de moi, �� la noce d'Adrienne.
--Je me le suis bien rappel��, il a dans�� avec toi, plusieurs fois, et il m'a invit��e aussi; il est tr��s aimable.
--Oui, dit Athalie, et tr��s spirituel.
--Oh! spirituel! Je ne m'en suis pas aper?ue.
--Mais si, maman; il m'a fait rire tout le temps; il para?t qu'il va acheter une pharmacie; il m'a demand�� de lui donner notre pratique, quand nous aurons besoin, soit d'Unyadi-Janos ou de n'importe quoi; qu'il nous vendrait au-dessous du tarif; c'est tr��s gentil de sa part.
--Certainement; est-ce que tu crois qu'il reviendra ce soir?
--Oh! j'en suis s?re, pour trouver papa; il m'avait dit, d'abord, qu'il d?nait avec un de ses amis, un jeune homme qui est tr��s farceur, �� ce qu'il para?t; je l'ai engag�� �� l'amener, ajoutant que ?a arrangerait tout; alors il m'a promis de venir avec lui.
Un coup de sonnette se fit entendre:
--Ah! enfin, voil�� ton p��re, dit madame Jujube.
En effet, c'��tait le ma?tre de la maison; il n'y avait pas �� s'y m��prendre, �� la fa?on dont il dit:--Essuyez bien mon parapluie, avant de l'��tendre.
Jujube entra:--Ma robe de chambre, vite! ordonna-t-il, en quittant sa redingote; ma manche droite est inond��e, mon parapluie a goutt�� dessus.... Ah! mes pantoufles! j'ai les pieds dans l'eau.
Madame Jujube lui passa sa robe de chambre, orn��e du ruban de la L��gion d'honneur, et lui chaussa ses pantoufles en tapisserie, faites par elle-m��me, sur le dessus desquelles elle avait brod�� une croix du m��me ordre.
--Je suis all�� au mus��e Gr��vin pour m'abriter, dit notre l��gionnaire; c'��tait comble; eh bien, croirais-tu que, pendant deux heures que j'y suis rest��, je n'ai vu que moi de d��cor��? Aussi, tout le monde me regardait! Ah! �� propos, comme je sortais, j'ai trouv�� sous la porte Marocain qui n'avait pas de parapluie et s'��tait abrit��.
--Lui as-tu parl�� de Georgette, papa? demanda vivement Athalie; est-ce qu'elle est malade? est-ce qu'elle est fach��e?
--Aucunement, elle a beaucoup d'ouvrage, voil�� tout.
--Ah! tant mieux; tu lui as dit que je l'aimais beaucoup et que ?a me faisait de la peine de ne pas la voir?
--Je lui ai dit que tu l'adorais. Voyons, on ne d?ne donc pas?
Justement, la bonne vint annoncer que le d?ner ��tait servi; la famille passa dans la salle �� manger et l'on d?na �� la hate, les dames n'ayant que bien juste le temps de s'habiller pour recevoir leur monde. Athalie se retira de table la premi��re.
--Il est venu un jeune homme, pour un portrait, dit madame Jujube; un jeune homme qui ��tait �� la noce de mademoiselle Boulabert, qui m'a fait danser deux fois; il a bien promis de revenir ce soir, il doit m��me amener un de ses amis.... Esp��rons qu'il ne fera pas comme d'autres personnes qui, elles aussi, ��taient venues pour leur portrait et qui, ne te trouvant pas, ne sont jamais revenues.... C'est tr��s contrariant, de manquer comme cela �� gagner; nous avons pourtant besoin de....
--Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse? interrompit l'artiste,
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