ajouta-t-il, pleine d'indulgence pour les peccadilles des jeunes gens.
--Vous en avez fait l'��preuve? demanda Georgette, toujours avec sa belle humeur soutenue.
Bengali protesta.
--Moi, mademoiselle? Mais je suis le jeune homme le plus rang�� qu'il y ait; je me couche �� 10 heures, quelquefois �� 9, quelquefois �� 8, dans l'hiver; quelquefois m��me je ne me couche pas du tout.
Au nouveau rire de Georgette, Bengali se reprit et appuya: Non, pas du tout, mademoiselle; je passe la nuit �� me promener dans ma chambre. Puis, d'un air romanesque, il ajouta: Dans ma chambre solitaire, me disant: Ah! ce qu'il me faudrait, �� moi, ce serait le mariage, un mariage d'amour, avec une jolie petite femme... blonde... oh! surtout blonde, mais grasse: une blonde maigre finit toujours par tourner au plumeau.
Et la jeune fille, �� qui cette comparaison grotesque ne pouvait s'appliquer, de rire de plus belle. Bengali continua d'un ton romanesque:
--Plus tard, de jolis b��b��s, le portrait de leur m��re, des ch��rubins que je ferais sauter sur mes genoux; que, par les beaux jours, nous verrions se rouler sur l'herbe; j'en voudrais une nich��e; mes moyens me le permettent, j'ai 8,000 francs de rente et, en perspective, l'h��ritage de ma tante Pi��devache. Voil�� mon caract��re, mademoiselle... vous avez l'air de douter.
Et Georgette, riant de nouveau:--Mais du tout, monsieur, je suis convaincue que....
--Non non, mademoiselle... parce que vous m'avez vu rire, plaisanter; mais c'est une simple question d'humeur, je suis gai; que voulez-vous, on ne se refait pas.
--On se fait peut-��tre autre que l'on n'est en r��alit��.
--Comment, mademoiselle, vous croiriez que.... Ah! c'est juste, vous ne me connaissez pas; vous vous dites: Voil�� un monsieur qui m'accoste, qui se dit: Oh! la jolie personne!...
--Mais du tout, monsieur, je n'ai pas de moi une telle opinion.
--Je l'ai, moi, mademoiselle; ceci, oui, je me le suis dit en vous voyant, et c'est ce que se disent tout ceux qui vous voient, et vous ajoutez: Il me raconte un tas de calembredaines, c'est un farceur, un coureur d'aventures.... Et vous avez raison, je dois avoir l'air de tout cela; mais l'air ne fait pas la chanson... et si je vous offre l'abri de mon parapluie, croyez bien que c'est par simple obligeance et sans arri��re-pens��e.
--Vous avez un bon moyen de me le prouver: me pr��teriez-vous votre parapluie, en me disant o�� je dois vous le renvoyer? Vous pouvez ��tre certain que....
--Oh! tr��s volontiers, mademoiselle, je vous en fais m��me cadeau si vous voulez: il n'est pas �� moi.
Et les deux jeunes gens se mirent �� rire de cette offre g��n��reuse.
Bengali insista pour faire accepter �� Georgette l'abri du parapluie, fit remarquer qu'une pareille proposition est tr��s naturelle, qu'elle se fait tous les jours et est rarement repouss��e. Georgette ��tait cr��dule, confiante, bonne enfant.
--Allons, dit-elle, la pluie ne cesse pas, on attend cet ��ventail....
La cause de Bengali ��tait gagn��e.
II
LA FAMILLE JUJUBE
Il est huit heures du soir: le d?ner ��tait pr��t pour sept heures suivant l'ordre rigoureusement donn��, une fois pour toutes, par le ma?tre de la maison, petit tyran qui avait signifi�� �� la bonne sa volont�� d'��tre servi--au doigt et �� l'oeil;--�� quoi cette fille avait r��pondu, entre ses dents:--Oh! �� l'oeil, non....
Athalie est �� son piano, sa m��re pr��te l'oreille:--Il me semble, dit-elle, entendre la voix de ton p��re, dans l'escalier.... Non, je me trompais.... Voyons si je l'aper?ois?
Elle alla ouvrir la fen��tre, se pencha pour regarder au loin, puis se retira vivement, chass��e par la pluie qui lui fouettait le visage.
Madame Jujube est une petite femme de quarante-deux ans, blanche et boulotte, aux yeux ardents, qui protestait contre cette th��orie de son ��poux, qu'�� partir de quarante ans, une femme ne doit plus attendre de son mari que les manifestations calmes d'un sentiment platonique, et, cette th��orie, il l'avait strictement mise en pratique. La r��signation contenue de l'��pouse mise �� la retraite d'age, bien qu'en excellent ��tat pour l'activit�� de service, cette r��signation se trahit par les baisers qu'elle donne aux amis de la maison (particuli��rement aux plus beaux males): �� ceux-ci, elle saute au cou d��s leur arriv��e, et ils ne voient, dans cet accueil, que la d��monstration bruyante d'une amiti�� expansive et chaude.
Que dire de la fille? Pas grand'chose; l'insignifiance, assez gentille, pu��rilement vaniteuse, �� l'exemple de ses parents, mais au fond bonne fille et capable, �� l'occasion, d'un grand d��vouement, comme nous le verrons plus tard.
Athalie n'avait jamais eu d'enfance, c'est-��-dire qu'elle n'en avait jamais connu les jeux; �� sept ans, son p��re l'avait assise devant un piano, pour lui donner les premiers ��l��ments de cet instrument funeste; car, ainsi que nous l'avons d��j�� dit, il avait la pr��tention, outre sa peinture, d'��tre musicien, po��te et chanteur. Aux gammes succ��daient les le?ons d'��criture, de grammaire, d'histoire, de g��ographie que l'homme universel lui donnait lui-m��me par ��conomie... heureusement, car c'e?t ��t�� de
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