avec le ton de mauvaise humeur des gens qui se savent dans leur tort; est-ce que je peux deviner qu'on viendra tel jour, �� telle heure?
--Les personnes qui ont affaire �� des peintres, dit timidement madame Jujube, pensent qu'on les trouve toujours �� leur atelier.
Jujube frappa violemment du poing sur la table:--Assez! cria-t-il; est-ce que je ne suis pas ma?tre de sortir quand bon me semble?
--Mais, mon ami, je ne t'ai pas dit....
--Formellement, non; mais je comprends �� demi-mot et l'allusion ��tait assez claire.
--Je t'assure, mon ami, que....
--Assez! r��p��ta notre tyran domestique; puis apr��s un long silence, il parla de la soir��e de madame de Larousse-Tamponne, du succ��s qu'y aurait Athalie avec son morceau ?Comme un ��clair?, que, d'ailleurs, il le lui ferait essayer ce soir devant quelques personnes; puis il ajouta: ?Prie donc madame de Larousse-Tamponne d'amener le plus de jeunes gens possible �� notre prochaine soir��e.?
A ce propos, on causa d'Athalie et des d��penses faites pour la produire dans le monde.
--Ce sont des d��penses n��cessaires, dit le p��re.
--Je sais bien, mon ami, r��pondit la m��re; du moment que nous acceptons les invitations de nos amis, nous sommes oblig��s nous-m��mes....
--Naturellement! Et puis nous avons une fille �� marier.
--Oui; malheureusement, nous avons beau aller dans les soir��es, en donner nous-m��mes, nous ne trouverons pas de mari; on sait qu'Athalie n'a pas de dot....
--Pas de dot! s'��cria Jujube avec col��re; n'est-ce donc rien que d'��tre musicienne, instruite, fille de Jujub��s le peintre d'histoire, chevalier de la L��gion d'honneur, dont les soir��es artistiques et litt��raires sont si recherch��es?
Et frappant de nouveau sur la table, il cria: ?N'est-ce donc rien, que tout cela??
Madame Jujube, qui partageait les vaniteuses illusions de son mari, surench��rit encore sur les avantages qu'il faisait ressortir avec tant d'ardeur; elle cita leurs relations avec des gens du meilleur monde, ayant trente, quarante, cinquante mille francs de rente, et affirma qu'on n'avait que l'embarras du choix parmi les candidats �� la main d'Athalie.
En effet, il s'en ��tait d��j�� pr��sent�� huit, qui, eux, n'avaient ��prouv�� aucun embarras dans leur choix: ne trouvant pas une compensation �� la dot absente dans l'honneur d'avoir un beau-p��re d��cor�� depuis la robe de chambre jusqu'aux pantoufles, ils avaient demand�� �� r��fl��chir et choisi, sans h��siter, une ��pouse dans les riches connaissances de la famille Jujube, �� qui l'un d'eux avait envoy�� la lettre de faire-part.
Le lendemain, il re?ut la r��ponse suivante:
?Monsieur,
?J'ai re?u votre lettre de faire-part; elle est l�� devant moi; tout �� l'heure elle sera derri��re.
?Je vous salue.
?Jujub��s.?
Pour l'instant, les deux ��poux avaient, pour leur fille, des vues de deux c?t��s; ils pensaient, d'abord, �� une riche cliente, mademoiselle Pi��devache, qui se faisait peindre par Jujube, tous les cinq ans, et se peignait, elle-m��me, au pastel tous les jours. Maintes fois elle avait parl��, pendant les poses, d'un neveu, son seul h��ritier, avait fait des allusions au sujet d'Athalie et on ne doutait pas que ces allusions ne fussent des ballons d'essai; aussi, lui envoyait-on de fr��quentes invitations, tant pour les grandes soir��es que pour les r��unions intimes.
L'autre ��poux, des id��es matrimoniales duquel on ne doutait pas, c'��tait M. Quatpuces, jeune savant, plein d'attentions pour Athalie qu'il comblait d'��loges, et de pr��venances pour madame Jujube, �� qui, d��j��, il avait apport�� des bouquets, galanterie tr��s significative. Il ne tarderait, sans doute, pas �� se d��clarer; ce soir, peut-��tre, car on esp��rait le voir.
Il arriva le premier et les deux ��poux virent, dans cet empressement, un nouvel indice des dispositions qu'ils lui supposaient.
M. Quatpuces ��tait un jeune homme grave: il entra, portant avec gravit�� un bouquet, qu'il offrit gravement �� madame Jujube, laquelle s'extasia sur la beaut�� des fleurs dont il ��tait compos��:--Ce sont des orchid��es, dit-il, et il expliqua que cette herbel��e vivace appartient �� la famille des Monocotyl��dum, laquelle est divis��e en sept grandes tribus: les malaxid��es, les ��pidondr��es, les vand��es, les orphyd��es, les n��othi��es et les cypripedi��es, dont la racine est accompagn��e de tubercules charnus, ovo?des ou globuleux, et la tige garnie de feuilles engainantes, naissant de rameaux nomm��s pseudobales.
--Oh! pseudobales! c'est d��licieux, dit madame Jujube.
Elle allait probablement embrasser Quatpuces pour pseudobales, lorsque la bonne annon?a madame Saint-Sauveur. La ma?tresse de la maison courut au-devant de la visiteuse.--Oh! que c'est aimable �� vous, dit-elle, et ce furent des caresses �� n'en plus finir.--Madame de La Dolve! cria la bonne; et madame Jujube quitta madame Saint-Sauveur pour la nouvelle venue:--Oh! que c'est aimable �� vous, lui r��p��ta-t-elle.... Puis arriv��rent successivement d'autres dames qu'elle accueillit avec le m��me empressement, les m��mes minauderies, et le m��me:--Oh! que c'est aimable �� vous!
Et, naturellement, elle leur pr��senta le jeune et illustre savant, M. Quatpuces, qu'elles f��licit��rent de confiance. L'une des dames ayant aper?u le bouquet, s'extasia sur sa beaut��.--C'est une galanterie de monsieur, dit madame Jujube; ce sont des orchid��es. Quand vous ��tes entr��es, mesdames, M. Quatpuces
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