��tait d'aller v��rifier toutes ces choses, et de ne s'en remettre qu'�� elle-m��me, afin de savoir sur quel pied elle devait vivre ensuite sans compromettre l'avenir de son fils. Elle parla si sagement de ces int��r��ts, qui, au fond, l'occupaient fort peu, qu'au bout de douze heures elle avait remport�� la victoire et amen�� toute la famille �� approuver et �� louer sa r��solution. Son amour pour Henri ��tait demeur�� si secret, qu'aucun soup?on ne vint troubler la confiance des grands parents.
Soutenue par une activit�� inaccoutum��e et par un espoir enthousiaste, Marcelle ne dormit gu��re mieux la nuit qui suivit celle de sa derni��re entrevue avec L��mor. Elle fit les r��ves les plus ��tranges, tant?t riants, tant?t p��nibles. Enfin, elle s'��veilla tout �� fait avec l'aube, et, jetant un regard r��veur sur l'int��rieur de son appartement, elle fut frapp��e pour la premi��re fois du luxe inutile et dispendieux d��ploy�� autour d'elle. Des tentures de satin, des meubles d'une mollesse et d'une ampleur extr��mes, mille recherches ruineuses, mille babioles brillantes, enfin tout l'attirail de dorures, de porcelaines, de bois sculpt��s et de fantaisies qui encombrent aujourd'hui la demeure d'une femme ��l��gante. ?Je voudrais bien savoir, pensa-t-elle, pourquoi nous m��prisons tant les filles entretenues. Elles se font donner ce que nous pouvons nous donner �� nous-m��mes. Elles sacrifient leur pudeur �� la possession de ces choses qui ne devraient avoir aucun prix aux yeux des femmes s��rieuses et sages, et que nous regardons pourtant comme indispensables. Elles ont les m��mes go?ts que nous, et c'est pour para?tre aussi riches et aussi heureuses que nous qu'elles s'avilissent. Nous devrions leur donner l'exemple d'une vie simple et aust��re avant de les condamner! Et si l'on voulait bien comparer nos mariages indissolubles avec leurs unions passag��res, verrait-on beaucoup plus de d��sint��ressement chez les jeunes filles de notre classe? Ne verrait-on pas chez nous aussi souvent que chez les prostitu��es une enfant unie �� un vieillard, la beaut�� profan��e par la laideur du vice, l'esprit soumis �� la sottise, le tout pour l'amour d'une parure de diamants, d'un carrosse et d'une loge aux Italiens? Pauvres filles! On dit que vous nous m��prisez aussi de votre c?t��; vous avez bien raison!?
Cependant, le jour bleuatre et pur qui per?ait �� travers les rideaux faisait para?tre enchanteur le sanctuaire qu'en d'autres temps madame de Blanchemont s'��tait plu �� d��corer elle-m��me avec un go?t exquis. Elle avait presque toujours v��cu loin de son mari, et cette jolie chambre si chaste et si fra?che, o�� Henri lui-m��me n'avait jamais os�� p��n��trer, ne lui rappelait que des souvenirs m��lancoliques et doux. C'��tait l�� que, fuyant le monde, elle avait lu et r��v�� au parfum de ces fleurs d'une beaut�� sans ��gale que l'on ne trouve qu'�� Paris et qui font aujourd'hui partie de la vie des femmes ais��es. Elle avait rendu cette retraite po��tique autant qu'elle l'avait pu; elle l'avait orn��e et embellie pour elle-m��me; elle s'y ��tait attach��e comme �� un asile myst��rieux, o�� les douleurs de sa vie et les orages de son ame s'��taient toujours apais��s dans le recueillement et la pri��re. Elle y promena un long regard d'affection, puis elle pronon?a, en elle-m��me, la formule d'un ��ternel adieu �� tous ces muets t��moins de sa vie intime... vie cach��e comme celle de la fleur qui n'aurait pas une tache �� montrer au soleil, mais qui penche sa t��te sous la feuill��e par amour de l'ombre et de la fra?cheur.
--Retraite de mon choix, ornements selon mon go?t, je vous ai aim��s, pensa-t-elle; mais je ne puis plus vous aimer, car vous ��tes les compagnons et les cons��crateurs de la richesse et de l'oisivet��. Vous repr��sentez �� mes yeux, d��sormais, tout ce qui me s��pare d'Henri. Je ne pourrais donc plus vous regarder sans d��go?t et sans amertume. Quittons-nous avant de nous ha?r. S��v��re madone, tu cesserais de me prot��ger; glaces pures et profondes, vous me feriez d��tester ma propre image; beaux vases de fleurs, vous n'auriez plus pour moi ni graces ni parfums!
Puis, avant d'��crire �� Henri, comme elle l'avait r��solu, elle alla sur la pointe du pied contempler et b��nir le sommeil de son fils. La vue de ce pale enfant, dont l'intelligence pr��coce s'��tait d��velopp��e aux d��pens de sa force physique, lui causa un attendrissement passionn��. Elle lui parla dans son coeur comme s'il e?t pu, dans son sommeil, ��couter et comprendre les pens��es maternelles.
--Sois tranquille, lui disait-elle, je ne _l'aime_ pas plus que toi. N'en sois pas jaloux. S'il n'��tait pas le meilleur et le plus digne des hommes, je ne te le donnerais pas pour p��re. Va, petit ange, tu es ardemment et fid��lement aim��. Dors bien, nous ne nous quitterons jamais! Marcelle, toute baign��e de larmes d��licieuses, rentra dans sa chambre et ��crivit �� L��mor ce peu de lignes:
?Vous avez raison, et je vous
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