t��te.
--Tu as ��t�� �� Fouesnan? demanda-t-il.
--Oui, dit Keinec.
--Et tu n'as rien entendu dire?
--Le village est br?l��, les gars sont sauv��s, je n'ai vu personne.
--Et �� Plogastel?
--Rien non plus.
--Et le vieil Yvon?
--Il est mort.
--Mort! r��p��ta Jahoua.
--Mort! il y a sept mois.
--Pauvre homme! le chagrin l'aura tu��!
--Non, dit sourdement le jeune Breton, il n'est pas mort de chagrin dans son lit, il a ��t�� assassin�� dans les gen��ts.
--Assassin��! s'��cria Jahoua; par qui donc?
--Par les patriotes de Rosporden! Un soir que le pauvre vieux revenait de Quimper, o�� il s'��tait rendu, esp��rant toujours recueillir quelques nouvelles de sa fille, il a ��t�� arr��t�� par une troupe de sans-culottes de Rosporden, qui rentraient en ville apr��s avoir ��t�� fraterniser, comme ils disent, avec les brigands de Quimper. Ils ont voulu lui faire crier: ?Vive la R��publique!? Yvon n'a pas voulu. Les autres ont insist��. Tu connaissais le vieux p��cheur; tu penses si on pouvait le faire c��der facilement. Aux sommations des autres, il r��pondit invariablement par les cris de: ?Vive le roi!? Les bandits exasp��r��s le contraignirent �� se mettre �� genoux, et comme Yvon ne se rendait pas �� leurs ordres r��it��r��s de crier comme eux et avec eux, trois patriotes se jet��rent sur lui, le terrass��rent, le garrott��rent, et, l'attachant ensuite �� un arbre, le prirent pour cible. Les laches d��charg��rent en riant leurs fusils sur le vieillard. Le lendemain, on retrouvait son cadavre, et les trois patriotes se vantaient hautement dans le pays de leur exp��dition.
--Ah! dit Jahoua, nous saurons un jour le nom de ces infames.
--Je les ai sus, moi, r��pondit Keinec.
--Alors nous vengerons Yvon!
--C'est fait!
--Que dis-tu, mon gars?
--Je dis que je me suis rendu �� Rosporden; que je m'y suis cach�� trois jours de suite. Le deuxi��me jour, �� la nuit tombante, je me suis gliss�� dans la maison qu'habitaient ensemble deux des assassins d'Yvon. L'un d'eux dormait, je l'ai poignard��. L'autre a voulu crier et se d��fendre, je lui ai bris�� le crane d'un coup de ma hache. Le lendemain, je m'embusquai en guettant le troisi��me, et la balle de ma carabine l'atteignit en pleine poitrine. Il est tomb�� sans pousser un soupir. Yvon ��tait veng��. La mission que m'avait confi��e M. de Boishardy avait ��t�� remplie quelques jours auparavant; rien ne me parlait d'Yvonne; je partis, et me voil��!
Jahoua serra silencieusement la main de Keinec. Le jeune homme reprit:
--Je suis all�� aussi �� la baie des Tr��pass��s.
--Et Carfor?
--Il n'a pas reparu.
--Keinec, dit Jahoua, quand je pense comment cet homme nous a ��chapp��, je suis tent�� de croire �� la vertu de ses sortil��ges.
--C'est ��trange, en effet.
--Quand nous l'avons forc�� �� nous dire ce qu'��tait devenue Yvonne, il ��tait bris�� par la douleur.
--Je me souviens. Et m��me nous l'avions port�� dans cette crevasse des falaises dont nous avions ferm�� l'ouverture.
--Oui; et nous devions l'y retrouver! il devait mourir l��!
--Le lendemain, cependant, il n'y ��tait plus.
--Et personne ne l'avait vu dans le pays.
--Qui a pu le d��livrer?
--Oh! c'est incroyable de penser qu'un autre ait ��t�� le d��couvrir dans cet endroit.
--D'autant plus incroyable, que personne n'osait descendre dans la baie.
--Et pourtant il n'y ��tait plus.
--Il aura appel�� le diable �� son aide!
En ce moment Fleur-de-Ch��ne entra dans la cabane.
--Viens! dit-il �� Keinec.
Le jeune homme s'empressa de le suivre, apr��s avoir promis �� Jahoua de revenir promptement.
III
LA CONF��RENCE
Keinec et son guide travers��rent le placis, et p��n��tr��rent dans le r��duit qui servait d'habitation au chef. Un paysan en gardait l'entr��e.
--Attends! fit Fleur-de-Ch��ne en laissant Keinec sur le seuil, et en disparaissant dans l'int��rieur.
Mieux dispos��e que les autres, la cabane ��tait divis��e en deux compartiments. Fleur-de-Ch��ne reparut promptement dans le premier.
--Faut-il entrer? demanda Keinec.
--Pas encore; dans quelques minutes on t'appellera.
Keinec s'appuya contre le tronc d'un arbre voisin. On entendait confus��ment un bruit de voix anim��es s'��chapper de l'int��rieur.
La demeure du chef n'��tait pas mieux meubl��e que celle des soldats. Dans la premi��re pi��ce, un banc de bois et une petite table. Dans la seconde, celle-ci ��tait la chambre �� coucher, une paillasse de foug��re ��tendue dans un angle. Cinq ou six chaises et une vaste table en ch��ne composaient le reste de l'ameublement. Cinq hommes ��taient assis autour de la table sur laquelle ��tait ��tendue une carte d��taill��e de la Vend��e et de la Bretagne. Quatre d'entre eux portaient un costume �� peu pr��s semblable, un peu plus ��l��gant que celui des paysans, mais fort d��labr�� par les fatigues de la guerre et par le s��jour dans les bois. Le cinqui��me seul semblait tr��s soign�� dans sa mise. Il portait des bottes molles, une veste brod��e, une culotte de peau et un habit de velours cramoisi. Un panache vert s'��panouissait sur son chapeau, et il tenait �� la main un mouchoir de fine batiste. Le premier, celui qui tenait le haut bout de la table, ��tait M. de Boishardy. Le second ��tait M.
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