le baby f?t ici, pour me tenir compagnie et pour égayer la maison; -- lorsque je pensais combien vous seriez seul si je venais à mourir, son cri, cri, cri, semblait me rappeler une autre voix douce et chère qui faisait à l'instant évanouir mon rêve. Et lorsque j'avais peur, -- j'avais peur autrefois, John, j'étais si jeune, -- j'avais peur que notre mariage ne f?t pas heureux. Moi, j'étais presque une enfant, et vous, vous ressembliez plus à mon tuteur qu'à mon mari. Je craignais que, malgré vos efforts, vous ne pussiez pas apprendre à m'aimer, quoique vous en eussiez l'espoir et que ce f?t l'objet de vos prières. Le chant du Grillon me rendait courage, en me remplissant de confiance. Je pensais à tout cela ce soir, cher, pendant que j'étais assise à vous attendre, et j'aime le Grillon pour tout ce que je viens de vous dire.
-- Et moi aussi, répondit John. Mais, Dot, que voulez-vous dire? que j'espérais apprendre vous aimer et que je le demandais à Dieu dans mes prières? J'ai appris cela bien avant de vous amener ici, pour être la petite ma?tresse du Grillon, Dot.
Elle appuya un instant la main sur son bras, et le regarda avec un visage ému, comme si elle avait voulu lui dire quelque chose. Le moment d'après, elle se mit à genoux devant la corbeille, triant les paquets d'un air affairé, en murmurant à demi voix.
-- Il n'y en a pas beaucoup ce soir, John, mais j'ai vu tout à l'heure quelques marchandises derrière la charrette; et quoiqu'elles donnent plus de peine, elles rapportent assez. Nous n'avons pas raison de nous plaindre, n'est-ce pas? D'ailleurs vous avez à livrer des paquets le long de la route, je pense?
-- Oh oui, dit John; beaucoup.
-- Mais qu'est-ce que c'est que cette bo?te ronde? John, mon coeur, c'est un gateau de mariage.
-- Il n'y a qu'une femme pour trouver cela, dit John avec admiration. Jamais un homme ne l'aurait deviné. Je parie que si l'on mettait un gateau de mariage dans une bo?te à thé, dans un baril de saumon, ou dans quoi que ce soit, une femme le dénicherait tout de suite. Oui, je l'ai pris chez le patissier.
-- Comme il pèse! il pèse un quintal! s'écria Dot, en essayant de le soulever. De qui est-il? à qui l'envoie-t-on?
-- Lisez l'adresse de l'autre c?té, dit John.
-- Comment, John! Bonté de Dieu!
-- Y auriez-vous pensé? répondit John.
-- Vous ne m'en aviez rien dit, continua Dot en s'asseyant sur le plancher et en secouant la tête, tandis qu'elle le regardait; C'est pour Gruff et Tackleton le fabricant de joujoux.
John fit signe qu'oui.
Mistress Peerybingle secoua aussit?t la tête au moins cinquante fois; non pas pour exprimer sa satisfaction, mais bien un muet étonnement; elle fit une moue -- il lui fallut faire effort, car ses lèvres n'étaient pas faites pour la moue, j'en suis s?r -- et elle regardait son mari d'un air distrait. Pendant ce temps, miss Slowbody, qui avait l'habitude de répéter machinalement des fragments de conversation pour amuser le baby, qui estropiait les noms en les mettant tous au pluriel, disait à l'enfant: Ce sont les Gruffs et les Tackletons, les fabricants de joujoux; on achète chez les patissiers des gateaux de mariage pour eux, et les mamans devinent tout ce qu'il y a dans les bo?tes que les papas apportent.
Et ainsi de suite.
-- Et cela se fera vraiment! dit Dot. Elle et moi nous allions ensemble à l'école, quand nous étions de petites filles.
John aurait pu penser à elle, puisqu'elle allait à l'école en même temps que sa femme, John regarda Dot avec plaisir, mais il ne répondit pas.
-- Mais lui en bois vieux! Il est bien peu fait pour elle! De combien d'années est-il plus agé que vous Gruff Tackleton, John?
-- Demandez-moi plut?t combien de tasses de thé je boirai ce soir de plus qu'il n'en boirait en quatre soirées, répondit John d'un ton de bonne humeur, en approchant une chaise de la table ronde, et en commen?ant à manger le jambon. -- Quant à manger, je mange peu, mais ce peu me profite, Dot.
Il disait cela et il le pensait toutes les fois qu'il mangeait, mais c'était une de ses illusions, car son appétit le trompait toujours. Ces paroles n'éveillèrent cette fois aucun sourire sur le visage de sa femme, qui resta au milieu des paquets, après avoir poussé du pied la bo?te au gateau, qu'elle ne regardait plus, elle ne pensait pas même au soulier mignon dont elle était fière quoique ses yeux fussent fixés dessus. Absorbée dans ses réflexions, oubliant le thé et John -- quoiqu'il l'appelat et frappat la table de son couteau pour attirer son attention, -- elle ne sortit de sa rêverie que lorsqu'il se leva et vint lui toucher le bras.
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.