Le fils du Soleil | Page 3

Gustave Aimard
dans l'humanit��.
Ces ��claireurs ��taient fr��res et se nommaient Quinto, Julian, Simon et Sanchez. Leur habitation, deux fois ruin��e par les Indiens Aucas, avait enfin ��t�� br?l��e de fond en comble dans une derni��re invasion; leur p��re et leur m��re avaient succomb�� dans des tortures atroces; deux de leurs soeurs avaient ��t�� viol��es par les chefs et tu��es; la plus jeunes nomm��e Maria, enfant de sept ans �� peine, avait ��t�� emmen��e en esclavage, et depuis ils n'en avaient plus eu de nouvelles, ignorant si elle ��tait vivante ou morte.
Les quatre fr��res d��s lors s'��taient faits bomberos en haine des Indiens, et par vengeance, et ils n'avaient qu'une t��te et qu'un coeur. Depuis neuf ans, leurs prodiges de courage, d'intelligence, d'astuce seraient trop longs �� raconter. Nous les retrouverons, d'ailleurs, m��l��s �� ce r��cit.
D��s que Sanchez, qui ��tait l'a?n��, eut termin�� son repas, Quinto ��teignit le feu, Simon monta �� cheval pour faire sa ronde aux environs; puis les deux fr��res curieux des nouvelles que Sanchez apportait, s'approch��rent de lui.
--Quoi de nouveau, fr��re? demanda Julian.
--Avant toute chose, r��pondit l'a?n��, qu'avez-vous fait, vous autres, depuis huit jours?
--Ce ne sera pas long, fit Quinto: rien!
--Bah!
--Ma foi! oui, rien. Les Aucas et les Pehuenches deviennent d'une timidit�� ridicule; si cela continue, nous leur enverrons des robes comme �� des femmes.
--Oh! soyez tranquilles, dit Sanchez, ils n'en sont pas encore l��.
--Qu'en sais-tu? reprit Quinto.
--Apr��s? fit Sanchez sans r��pondre.
--Voil�� tour, nous n'avons rien vu, rien entendu de suspect.
--Vous en ��tes s?rs?
--Pardieu! nous prends-tu pour des imb��ciles?
--Non, mais vous vous trompez.
--Hein?
--Cherchez bien dans votre m��moire.
--Personne n'a pass��, te dis-je, reprit Julian avec assurance.
--Personne?
--A moins que tu ne comptes comme ��tant quelqu'un la vieille femme Pehuenche qui, ce soir, a travers�� la plaine sur un mauvais cheval et nous a demand�� le chemin de Carmen.
--Cette vieille femme, dit Sanchez en souriant, sait ce chemin-l�� aussi bien que vous et moi. Canario! votre candeur m'amuse.
--Notre candeur! s'��cria Quinto en fron?ant le sourcil; Nous sommes donc des niais, alors?
--Dam! cela m'en a tout l'air.
--Explique-toi.
--Vous allez comprendre.
--Cela nous fera plaisir.
--Peut-��tre. La vieille Indienne Pehuenche, qui, ce soir, a travers�� la plaine sur un mauvais cheval et vous a demand�� le chemin de Carmen, dit Sanchez en r��p��tant par raillerie les mots de Julian, savez-vous ce que c'est?
--Malepeste! une atroce guenon dont la figure effroyable ��pouvanterait le diable.
--Ah! vous croyez? Eh bien! vous n'y ��tes pas le moins du monde.
--Parle, ne joue pas avec nous comme un cougouar avec une souris.
--Mes enfants, cette guenon Pehuenche c'��tait...
--C'��tait.
--Neham-Outah.
Neham-Outah (l'ouragan) ��tait le principal Ulmen des Aucas. Sanchez aurait pu parler longtemps sans ��tre interrompu par ses fr��res, tant cette nouvelle les avait atterr��s.
--Mal��diction, s'��cria enfin Julian.
--Mais comment le sais tu? demanda Quinto.
--Vous imaginez-vous que je me sois amus�� �� dormir pendant huit jours, mes fr��res? Les Indiens, �� qui vous voulez envoyer des robes, se pr��parent dans le plus grand silence �� vous donner un furieux coup de cornes. Il faut se m��fier de l'eau qui dore et du calme qui dissimule la temp��te. Toutes les nations de la haute et de la basse Patagonie, et m��me de l'Araucanie, se sont ligu��es pour tenter une invasion, massacrer tous les blancs et d��truire le Carmen. Deux hommes ont tout fait, deux hommes que vous et moi connaissons de longue date. Neham-Outah et Pincheira, le chef des Araucanes. Ce soir, grande r��union des d��put��s des nations Aucas, Pehuenches, Tehuelches, Araucanes, Puelches, o�� l'on doit d��finitivement convenir du jour et de l'heure de l'attaque, distribuer les postes aux diff��rentes tribus et arr��ter les derni��res mesures pour le succ��s de l'exp��dition.
--Cara?! exclama Julian; pas un instant �� perdre! Que l'un de nous se rende �� franc-��trier au Carmen pour instruire le gouvernement du danger qui menace la colonie.
--Non, pas encore! Ne soyons pas si press��s et tachons de conna?tre les intentions des Indiens. Le quipus a ��t�� envoy�� partout et les chefs qui se trouveront au rendez-vous sont Neham-Outah, Lucaney, Pincheira, Le Mulato, Chaukata, Gaykilof, Vera, Matipan, Killapan et autres, en tout vingt. Vous voyez, je suis bien inform��.
--O�� se r��uniront-ils?
--A l'arbre de Gualichu.
--Diable! ce n'est point chose ais��e de les surprendre en pareil lieu.
--Morbleu! c'est impossible, dit Quinto.
--O�� manque la force, mettons la ruse. Voici Simon qui revient. Eh bien! rien de nouveau?
--Tout est tranquille, dit-il en mettant pied �� terre.
--Tant mieux! nous pouvons agir alors, reprit Sanchez. ��coutez-moi, mes fr��res. Vous avez confiance en moi, n'est-ce pas?
--Oh! s'��cri��rent les trois hommes.
--Dans ce cas, vous me suivrez?
--Partout.
--Vite! �� cheval, car moi aussi je veux assister �� l'assembl��e indienne.
--Et tu nous conduis?...
--A l'arbre de Gualichu.
Les quatre hardis compagnons se mirent en selle et partirent au galop.
Sanchez avait sur ses fr��res une sup��riorit�� que ceux-ci reconnaissaient; de sa part, rien ne les ��tonnait, tant ils ��taient accoutum��s �� lui voir accomplir ces merveilles.
--Comptes-tu t'introduire seul au milieu des chefs? demanda
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