Julian.
--Oui, Julian; au lieu de vingt, ils seront vingt-et-un, voil�� tout, ajouta Sanchez avec un sourire railleur.
Les bomberos piqu��rent des deux et disparurent dans les t��n��bres.
II.--LE PRESIDIO
Longtemps apr��s la d��couverte du Nouveau-Monde, les Espagnols fond��rent en Patagonie, en 1710, un Presidio situ�� sur la rive gauche du Rio-N��gro, �� sept lieues de son embouchure, et nomm�� Nuestra senora del Carmen ou bien encore Patagones.
L'Ulmen Negro, principal chef des Puelches camp��s dans le voisinage du Rio-N��gro, accueillit favorablement les Espagnols, et, moyennant une distribution faite aux Indiens d'une grande quantit�� de v��tements et de toutes sortes d'objets �� leur usage, il leur vendit le cours de cette rivi��re depuis son embouchure jusqu'�� San Xavier. De plus, par la volont�� de l'Ulmen Negro, les indig��nes aid��rent les Espagnols �� ��lever la citadelle qui devait leur servir d'abri, et pr��t��rent ainsi leurs bras �� leur propre servitude.
A l'��poque de la fondation du Carmen, le poste consistait seulement en un fort, bati sur la rive nord, au sommet d'une falaise escarp��e qui domine la rivi��re, les plaines du sud et la campagne environnante. Sa forme est carr��e: il est construit de murs ��pais en pierre et flanqu��e de trois bastions, deux sur la rivi��re �� l'est et �� l'ouest et le troisi��me sur la plaine. L'int��rieur renferme la chapelle, le presbyt��re et le magasin aux poudres; sur les autres c?t��s se prolongent des logements spacieux pour le commandant, le tr��sorier, les officiers, la garnison et un petit h?pital. Toutes ces constructions hautes d'un rez-de-chauss��e seulement, sont couvertes de tuiles. Le gouvernement poss��de, en outre, au dehors, de vastes greniers, une boulangerie, un moulin, deux ateliers de serrurerie et de menuiserie et deux estancias ou fermes approvisionn��es de chevaux et de t��tes de b��tail.
Aujourd'hui le fort est presque ruin��; les murailles, faute de r��parations, croulent de toutes parts; seuls les batiments d'habitation sont en bon ��tat.
Le Carmen se divise en trois groupes deux au nord et un au sud de la rivi��re.
Des deux premiers, l'un, l'ancien Carmen, ou le Presidio proprement dit, est plac�� entre le fort et le Rio-N��gro sur le penchant de la falaise et se compose d'une quarantaine de maisons, diff��rentes d'ordres et de hauteur et formant une ligne irr��guli��re qui suit le cours des eaux. Autour d'elles s'��parpillent de mis��rables cabanes. L�� est le centre du commerce avec les Indiens.
L'autre groupe de la m��me rive, appel�� Poblacion-del-Sur, est �� quelques centaines de pas du fort vers l'est; il en est s��par�� par des dunes mouvantes qui masquent enti��rement la vol��e des canons. La Poblacion forme une vaste place carr��e, autour de laquelle s'��tend une centaine d'habitations, neuves pour la plupart, d'un seul ��tage, qui sont couvertes en tuiles et qui servent de demeure �� des agriculteurs, �� des fermiers et des pulperos (marchands d'��piceries et de liqueurs).
Entre les deux groupes, il y a plusieurs maisons ��parses et sem��es ?a et l�� le long de la rivi��re.
Le village de la rive sud, qu'on nomme Poblacion-del-Sur, est compos�� d'une vingtaine de maisons align��es sur un terrain bas et sujet aux inondations. Celles-ci, plus pauvres que celles du nord, sont le refuge des gauchos et des estancieros. Quelques pulperos, attir��s par le voisinage des Indiens, y ont aussi ��tabli leur commerce.
L'aspect g��n��ral en est triste: �� peine quelques arbres croissent-ils de loin en loin et seulement sur le bord du fleuve, t��moignant de l'existence que leur donne �� regret un sol ingrat. Les rues sont pleines d'un sable pulv��rulent qui ob��it au vol du vent.
Cette description d'un pays compl��tement inconnu jusqu'�� pr��sent ��tait indispensable pour l'intelligence des faits qui vont suivre.
Le jour o�� commence cette histoire, vers deux heures de l'apr��s midi, cinq ou six gauchos, attabl��s dans la boutique d'un pulpero, discutaient vivement en avalant �� longs traits de la chicha dans des cou?s (moiti�� de calebasse qui servent de tasses) qui circulaient �� la ronde. La sc��ne se passait �� la Poblacion-del-Sur.
--Canario! s'��cria un grand gaillard maigre et efflanqu�� qui avait la mine et la tournure d'un effront�� coquin; ne sommes-nous pas des hommes libres? Si notre gouverneur le senor don Luciano Quiros s'obstine �� nous ran?onner de la sorte, Pincheira n'est pas si loin qu'on ne puisse s'entendre avec lui. Quoique chef Indien aujourd'hui, il est de race blanche sans m��lange, et caballero jusqu'au bout des ongles.
--Calla la voca (tais-toi), Chillito, reprit un autre, tu ferais mieux d'avaler ta chicha que de lacher de pareilles sottises.
--Je veux parler, moi, fit Chillito, qui s'humectait le gosier plus que les autres.
--Ne sais-tu pas que, autour de nous, dans l'ombre qui nous ��pient et que des oreilles s'ouvrent pour recueillir nos paroles et en profiter?
--Allons donc! dit le premier en haussant les ��paules; tu as peur, toi, Mato. Je me soucie des espions comme d'une vieille bride.
--Chillito!
--Quoi! n'ai-je pas raison? Pourquoi don Luciano nous
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