sentiments qui nous la rendent ou douce, ou du moins tol��rable, naissent d'un mensonge et se nourrissent d'illusions.
Si poss��dant, comme Dieu, la v��rit��, l'unique v��rit��, un homme la laissait tomber de ses mains, le monde en serait an��anti sur le coup et l'univers se dissiperait aussit?t comme une ombre. La v��rit�� divine, ainsi qu'un jugement dernier, le r��duirait en poudre.
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Au vrai jaloux, tout porte ombrage, tout est sujet d'inqui��tude. Une femme le trahit d��j�� seulement parce qu'elle vit et qu'elle respire. Il redoute ces travaux de la vie int��rieure, ces mouvements divers de la chair et de l'ame qui font de cette femme une cr��ature distincte de lui-m��me, ind��pendante, instinctive, douteuse et parfois inconcevable. Il souffre de ce qu'elle fleurit d'elle-m��me comme une belle plante, sans qu'aucune puissance d'amour puisse retenir et prendre tout ce qu'elle r��pand au monde de parfum dans ce moment agit�� qui est la jeunesse et la vie. Au fond, il ne lui reproche rien, sinon qu'elle est. C'est l�� ce qu'il ne saurait supporter paisiblement. Elle est, elle vit, elle est belle, elle songe. Quel sujet d'inqui��tude mortelle! Il veut toute cette chair. Il la veut plus et mieux que n'a permis la nature, et toute.
La femme n'a pas cette imagination. Le plus souvent, ce qu'on prend chez elle pour de la jalousie, c'est la rivalit��. Mais, quant �� cette torture des sens, �� cette hantise des apparitions odieuses, �� cette fureur imb��cile et lamentable, �� cette rage physique, elle ne la conna?t point ou ne la conna?t gu��re. Son sentiment, dans ce cas, est moins pr��cis que le n?tre. Une sorte d'imagination n'est pas tr��s d��velopp��e en elle, m��me dans l'amour, et dans l'amour sensuel: c'est l'imagination plastique, le sens pr��cis des figures. Un grand vague enveloppe ses impressions, et toutes ses ��nergies restent tendues pour la lutte. Jalouse, elle combat avec une opiniatret��, m��l��e de violence et de ruse, dont l'homme est incapable. Ce m��me aiguillon qui nous d��chire les entrailles l'excite �� la course. D��poss��d��e, elle lutte pour l'empire et pour la domination.
Aussi la jalousie, qui chez l'homme est une faiblesse, est une force chez la femme et la pousse aux entreprises. Elle en tire moins de d��go?t que d'audace.
Voyez l'Hermione de Racine. Sa jalousie ne s'exhale pas en noires fum��es; elle a peu d'imagination; elle ne fait point de ses tourments un po��me plein d'images cruelles. Elle ne r��ve pas, et qu'est-ce que la jalousie sans le r��ve? qu'est-ce que la jalousie sans l'obsession et sans une esp��ce de monomanie furieuse? Hermione n'est pas jalouse. Elle s'occupe d'emp��cher un mariage. Elle veut l'emp��cher �� tout prix, et reprendre un homme, rien de plus.
Et quand cet homme est tu�� pour elle, par elle, elle est ��tonn��e; elle est surtout attrap��e. C'est un mariage manqu��. Un homme sa place se fut ��cri��: ?Tant mieux! cette femme que j'aimais, personne ne l'aura.
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Le monde est frivole et vain, tant qu'il vous plaira. Pourtant, ce n'est point une mauvaise ��cole pour un homme politique. Et l'on peut regretter qu'on en ait si peu l'usage aujourd'hui dans nos parlements. Ce qui fait le monde, c'est la femme. Elle y est souveraine: rien ne s'y fait que par elle et pour elle. Or la femme est la grande ��ducatrice de l'homme; elle lui enseigne les vertus charmantes, la politesse, la discr��tion et cette fiert�� qui craint d'��tre importune. Elle montre �� quelques-uns l'art de plaire, �� tous l'art utile de ne pas d��plaire. On apprend d'elle que la soci��t�� est plus complexe et d'une ordonnance plus d��licate qu'on ne l'imagine commun��ment dans les caf��s politiques. Enfin on se p��n��tre pr��s d'elle de cette id��e que les r��ves du sentiment et les ombres de la foi sont invincibles, et que ce n'est pas la raison qui gouverne les hommes.
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Le comique est vite douloureux quand il est humain. Est-ce que don Quichotte ne vous fait pas quelquefois pleurer? Je go?te beaucoup pour ma part quelques livres d'une sereine et riante d��solation, comme cet incomparable Don Quichotte ou comme Candide, qui sont, �� les bien prendre, des manuels d'indulgence et de piti��, des bibles de bienveillance.
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L'art n'a pas la v��rit�� pour objet. Il faut demander la v��rit aux sciences, parce qu'elle est leur objet; il ne faut pas la demander �� la litt��rature, qui n'a et ne peut avoir d'objet que le beau.
La Chlo�� du roman grec ne fut jamais une vraie berg��re, et son Daphnis ne fut jamais un vrai chevrier; pourtant ils nous plaisent encore. Le Grec subtil qui nous conta leur histoire ne se souciait point d'��tables ni de boucs. Il n'avait souci que de po��sie et d'amour. Et comme il voulait montrer, pour le plaisir des citadins, un amour sensuel et gracieux, il mit cet amour dans les champs
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