vieille m��re et sa fille. Ces dames le b��nissaient.
--Ah! dit Bernereau, et le soir, dites-moi un peu, que faisiez-vous au manoir?
--Le vicomte ��tait aussi bon musicien qu'homme de sport. La vieille fille, chose curieuse, jouait du violon de fa?on remarquable. Tous deux nous ex��cutaient des sonates.
--Les amoureux, durant ce concert, ne vous g��naient-ils plus?
--Ils ne nous g��naient pas, en effet. Des Gaudr��es se pr��tendait sourd �� tout instrument; il sortait; il allait, disait-il, se d��gourdir les jambes dans le parc. Vous pensez: il ��tait assis depuis le petit matin ?sur la berge de la rivi��re poissonneuse!?
--Et sa femme?
--Sa femme l'accompagnait.
--Ah!
--Madame des Gaudr��es, m��re, disait:
?--Nous avons connu H��l��ne jeune fille; elle adorait la musique...
?--Et aimait-elle la p��che �� la ligne? demandai-je.
?--Elle n'y avait jamais song��, me r��pondit en souriant la vieille dame.?
--Ah! ah! fit Bernereau.
--Qu'avez-vous �� faire: ?Ah!? et ?Ah ah!?, Bernereau?
--Moi? je marque, simplement.
--Mais, observa M. de Soucelles, quand donc aperceviez-vous la belle madame des Gaudr��es de qui vous vous ��tes dit si entich��?
--H��las! nous ne la voyions gu��re qu'aux repas, un peu avant, parfois, et aussi un peu apr��s, et puis le dimanche �� la messe. Son mari ��tait fort pieux.
--Et elle?
--Elle l'��tait devenue.
--Ah! ah! ah!
--Bernereau!
--Je marque, mon bon ami, je marque.
--En quoi vous importe ce d��tail? Ce n'est pas la premi��re fois qu'une femme embrasse en m��me temps que l'homme qu'elle aime tout ce que celui-ci peut aimer!
--Ce n'est pas la premi��re fois; mais, dans le cas pr��sent, cela m'int��resse.
--A votre aise, Bernereau! J'en reviens �� la question pos��e par M. de Soucelles et qui correspond �� ce qui, moi, m'int��ressait le plus dans l'affaire: effectivement, nous voyions trop peu H��l��ne des Gaudr��es. Mais, soit aux repas, soit ailleurs, quand elle ne regardait pas son mari, la voir, seulement la voir, ��tait, je l'avoue, un d��lice. Le son de sa voix aussi m'enchantait; ses formes me remplissaient d'admiration; et il n'y avait pas jusqu'�� son regard, m��me avili par l'usage qu'elle en faisait, qui ne me causat un sombre ravissement...
--Le cousin sportif, lui, �� tout cela, ��tait indiff��rent?
--Vous devinez qu'au cours de nos nombreuses sorties en voiture et de nos d��jeuners dans les auberges, je n'allai point sans faire part �� mon compagnon des attraits exerc��s sur moi par sa cousine. Il me dit:
?--Vous ��tes comme les freluquets qui bourdonnaient autour d'elle avant son mariage.
?--Elle a d? ��tre fort courtis��e?
?--��norm��ment!
?--Comme vous dites cela! En seriez-vous ��tonn��?
?--Moi, me r��pondit le vicomte, ?a m'a toujours paru dr?le, vous comprenez, parce que j'ai jou�� avec elle gamine...?
?Je suis convaincu que d'Espluchard ��tait sinc��re.
--Mais, sapristi! que faisait-il l��?
--Il ��tait cousin. Il faisait l�� de l'automobile et de la musique comme il en e?t fait ailleurs. Il jouait le r?le de boute-en-train. Et la vieille dame le favorisait. Fort bel homme, s��duisant, il faisait fi de la galanterie. J'eusse voulu quelques mois d'intimit�� avec lui pour ��tre autoris�� �� lui dire que la passion de sa cousine me semblait baroque et ��tait irritante, mais, il me dit un jour, �� propos d'une autre aventure amoureuse:
?--Ces choses-l�� sont toujours risibles.?
?Voil�� quel ��tait d'Espluchard. Si j'ajoute que mademoiselle des Gaudr��es, trente ans pass��s et plus laide que son fr��re, ��tait folle du personnage, cela ne vous offrira rien d'��tonnant ni qui vous puisse captiver.
--Si fait! s'��cria Bernereau, et rien ne peut m'int��resser davantage.
--Du diable si je comprends le jeu de Bernereau.
--Qu'importe! Je marque. Allez, toujours.
--Bernereau, observa M. de Soucelles, est un vieux chien de chasse. Il tient la piste. Laissons-le.
--Le diable m'emporte, reprit M. Bri?onnet, si j'ai d��sign�� mes gens de fa?on qu'on les reconnaisse.
--Ah! si vous les travestissez compl��tement, c'est malhonn��te... ��coutez: vous nous jurez, sur l'honneur, que la jeune madame des Gaudr��es ��tait brune?
--Je le jure, et je vois que cela vous chiffonne. Toutefois, je m'en vais vous conter une alerte qui va vous remplir de joie. Attention!... Une nuit, messieurs, une nuit d'��t�� splendide...
--Oh! oh! ah! ah!... firent les deux auditeurs.
--Une nuit d'��t�� splendide, chacun ��tant remont�� en ses appartements, je ne pouvais me r��signer �� me coucher, tant le parc ��tait beau sous la lune, et tant l'odeur des fleurs du parterre--qui ne rappelait, �� cette heure, je ne sais pourquoi, ni les buis ni les oeillets d'Inde--me montait au cerveau et soulevait la temp��te en mes sens. Lire? impossible. R��ver ne fut jamais mon fait. Nous avions entendu de la musique toute la soir��e, et, par extraordinaire, H��l��ne des Gaudr��es ��tait demeur��e, au salon afin d'��couter le concerto de Beethoven que le vicomte et la belle-soeur avaient sp��cialement r��p��t��. Et, au cours de cette audition, j'avais regard�� l'admirable H��l��ne allong��e... Enfin j'��tais �� ma fen��tre ouverte. Le silence ��tait parfait, c'est-��-dire rompu par les bruits l��gers sans lesquels il n'a gu��re de go?t. J'entendis un poisson d��chirer la plane surface du cours d'eau tr��s lent. Puis, tout s'assoupit. Beaut��, b��atitude...
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