la jeune madame des Gaudr��es, ou H��l��ne, qui n'avait pas prononc�� une parole, qui paraissait encore timide, regarda son mari. Oh! je voudrais vous faire entendre, messieurs, tout ce qui peut ��tre contenu dans ce ?regarda son mari?. Elle regarda son cr��tin de mari d'une fa?on qu'aucune amoureuse, �� ma connaissance, n'employa jamais pour faire �� son amant le plus passionn�� des aveux. Avez-vous ��t�� aim��s, messieurs? Cela arrive. Moi-m��me, je crois bien l'avoir ��t�� une fois en ma carri��re. Ni vous ni moi n'avons ��t�� regard��s comme cela! Ne protestez pas; il n'est pas possible que nous ayons ��t�� regard��s comme cela!...
--H�� l��! et pourquoi, s'il vous pla?t?
--Cela se saurait! Quelque t��moin se f?t rencontr�� qui m'e?t rapport�� cet exceptionnel ��pisode de votre histoire et de l'Histoire. Quelqu'un vous l'e?t dit de moi, si pareille aubaine m'��tait advenue.
--Et sous cette oeillade, que faisait le mari?
--Il mangeait son potage, le regard absorb�� par l'image d'un coq aux couleurs vives ornant le fond de son assiette de fa?ence. Sa femme le regardait, non pour correspondre avec lui, mais pour son plaisir personnel: elle l'admirait, elle l'adorait...
--C'��tait peut-��tre, dit Bernereau, pour laisser croire �� son entourage, pour vous faire croire �� vous, qu'elle l'adorait. Le man��ge est classique. Il s'agissait, ce soir-l��, d'��viter qu'un nouveau venu p?t soup?onner une intrigue avec le d'Espluchard.
--Ouais! Sachez que madame des Gaudr��es ��tait sans hypocrisie avec son cousin d'Espluchard. Ce fut m��me sa libert�� d'allures avec d'Espluchard qui nous tira de l'embarras que cr��e dans un petit groupe la pr��sence d'amoureux transis. Elle avait avec ce beau gar?on une intimit�� qui datait de leur enfance commune; entre elle et lui rien de contraint, rien de guind��. Grace �� lui--qui, ma foi, ��tait un homme agr��able--la glace fut assez vite rompue, et la jeune ma?tresse de maison montra un enjouement qui s'accordait avec sa plantureuse jeunesse.
--Ouais! dirais-je �� mon tour, fit M. Bernereau.
--C'est entendu, Bernereau; vous suivez votre id��e. Moi, je suis la belle des Gaudr��es, et je vous avertis loyalement, duss��-je enlever du piquant �� mon r��cit, qu'elle ne me m��ne pas du tout o�� vous pr��tendez aller.
--Je vous arr��te, excusez-moi, dit l'ent��t�� Bernereau. Vous vous ��tes abstenu de nous donner aucun d��tail physique sur votre h��ro?ne. Je vous avoue qu'il m'est impossible de m'int��resser �� une femme sans savoir si elle est brune ou bien blonde.
--Elle ��tait brune. Vous voil�� bien avanc��!
--Ah! fit Bernereau.
--Vous croyiez, Bernereau, avoir identifi�� mon H��l��ne des Gaudr��es. Dites-moi: avez-vous connu une femme aimant, mais aimant par go?t fondamental et exclusif, la p��che �� la ligne?
--Pas personnellement, non.
--Eh bien! j'ai l'honneur de vous informer que le go?t fondamental, exclusif, de madame des Gaudr��es, �� part celui qu'elle avait pour son triste mari, ��tait la p��che �� la ligne.
--Oh!
--Vous ��tes d��pist��. Je continue. Ce go?t me fut r��v��l�� au cours du premier repas. Il fallait bien que la conversation tombat sur les passe-temps ordinaires que l'on pouvait s'offrir au manoir. L��, le vicomte d'Espluchard dit famili��rement:
?--Les patrons p��chent �� la ligne, les invit��s font ce qu'ils peuvent.?
? Et madame des Gaudr��es la vieille m��re, et la vieille fille mademoiselle des Gaudr��es, jet��rent un coup d'oeil attendri sur le couple qui, tout le long des jours, prenait en commun un plaisir innocent. J'avais cru tout d'abord qu'il s'agissait d'une plaisanterie; mais je me souvins qu'ant��rieurement �� son mariage, cet animal de des Gaudr��es m'avait un jour confi��, au milieu d'une conversation sur les pr��occupations politiques et sociales, que, ?quant �� lui, il se fichait de tout, pourvu qu'il p?t s'asseoir sur la berge d'une rivi��re poissonneuse?. Le bandit avait eu la veine non seulement d'��pouser une femme jolie et amoureuse, mais une femme poss��d��e du m��me ��trange fanatisme que lui!
? Vous ne direz pas que c'��tait com��die, attitude destin��e �� nous donner le change: pendant la quinzaine que je passai au manoir, notre admirable H��l��ne p��cha �� la ligne �� c?t�� de son mari, et seule �� c?t�� de son mari; elle p��cha �� la ligne le matin et l'apr��s-midi sans relache. Le couple ��tait �� la p��che quand nous descendions prendre notre premier d��jeuner, le matin. Il nous quittait apr��s le repas de midi pour aller �� la p��che. Il ne se laissait revoir de nous qu'�� la tomb��e du jour. Rappelez-vous que la jeune madame des Gaudr��es m'��tait apparue dans son petit parterre, une longue canne �� la main: c'��tait un bambou divis�� en trois fragments s'avalant l'un l'autre: une magnifique canne �� p��che.
--Et que faisait, s'il vous pla?t, le vicomte d'Espluchard?
--Le vicomte d'Espluchard fut tout bonnement mon grand secours. Le vicomte d'Espluchard, ainsi que je vous l'ai dit, poss��dait une automobile, et son bonheur consistait �� faire des randonn��es par toute la r��gion. Il m'offrit une place �� c?t�� de lui, d��s le premier jour. Parfois il emmenait galamment la
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