la v��ritable tradition du pays, il y a lieu de poursuivre la transformation du parti aristocratique, pour lui confier �� la fois l'am��lioration sociale et les grandes ambitions nationales. Si nous dressions la liste de nos bienfaiteurs, elle serait plus longue que celle de Marc-Aur��le. Nous ne sommes point ferm��s �� l'univers. Il nous enrichit. Mais nous sommes une plante qui choisit, et transforme ses aliments.
J'ai marqu�� ailleurs, comment un premier travail de mes id��es n'est, tout au fond, que d'avoir reconnu d'une mani��re sensible que le moi individuel ��tait support�� et nourri par la soci��t��. Sur cette ��tape je ne reviendrai pas, mais on veut ��largir ici le raisonnement, et, d'une ��volution instinctive, faire une m��thode fran?aise.
* * * * *
A mon sens, on n'a pas dit grand'chose quand on a dit que l'individualisme est mauvais. Le Fran?ais est individualiste, voil�� un fait. Et de quelque mani��re qu'on le qualifie, ce fait subsiste. Toutes les fortes critiques que nous accumulons contre la D��claration des Droits de l'homme n'emp��chent point que ce cat��chisme de l'individualisme a ��t�� formul�� dans notre pays. Dans notre pays et non ailleurs! Et ce ph��nom��ne (qu'aucun historien jusqu'�� cette heure n'a rendu compr��hensible) marque en traits de jeu combien notre nation est pr��dispos��e �� l'individualisme. La juste horreur que nous inspire le Robert Greslou de Bourget n'emp��che point que quelques-unes des pr��cieuses qualit��s de nos jeunes gens viennent, comme leurs graves d��fauts, de ce qu'ils sont des ��tres qui ne s'agr��gent point naturellement en troupeau.
Si je ne m'abuse, l'Homme libre, compl��t�� par les D��racin��s, est utile aux jeunes Fran?ais, en ce qu'il accorde avec le bien g��n��ral des dispositions certaines qui les eussent ais��ment jet��s dans un nihilisme fun��bre.
Je ne me suis jamais interrompu de plaider pour l'individu, alors m��me que je semblais le plus l'humilier. Une de mes th��ses favorites est de r��clamer que l'��ducation ne soit pas d��partie aux enfants sans ��gard pour leur individualit�� propre. Je voudrais qu'on respectat leur pr��paration familiale et terrienne. J'ai d��nonc�� l'esprit de conqu��rant et de mill��naire d'un Bouteiller qui tombe sur les populations indig��nes comme un administrateur despotique doubl�� d'un ap?tre fanatique; j'ai marqu�� pourquoi le kantisme, qui est la religion officielle de l'Universit��, d��racine les esprits. Si l'on veut bien y r��fl��chir, ce ne sera pas une petite chose qu'un traditionaliste soit demeur�� attentif aux nuances de l'individu. Aussi bien je ne pouvais pas les n��gliger, puisque je voulais d��crire une certaine sensibilit�� fran?aise et surtout agir sur des Fran?ais. Mon m��rite est d'avoir tir�� de l'individualisme m��me ces grands principes de subordination que la plupart des ��trangers poss��dent instinctivement ou trouvent dans leur religion. Les jeunes Fran?ais croient en eux-m��mes; ils jugent de toutes choses par rapport �� leur personne. Ailleurs, il y a le loyalisme; chez nous, c'est l'honneur, l'honneur du nom qui fait notre principal ressort. Mes contemporains ne m'eussent pas ��cout�� si j'avais pris mon point de d��part ailleurs que du Moi.
Au milieu d'un oc��an et d'un sombre myst��re de vagues qui me pressent, je me tiens �� ma conception historique, comme un naufrag�� �� sa barque. Je ne touche pas �� l'��nigme du commencement des choses, ni �� la douloureuse ��nigme de la fin de toutes choses. Je me cramponne �� ma courte solidit��. Je me place dans une collectivit�� un peu plus longue que mon individu; je m'invente une destination un peu plus raisonnable que ma ch��tive carri��re. A force d'humiliations, ma pens��e, d'abord si fi��re d'��tre libre, arrive �� constater sa d��pendance de cette terre et de ces morts qui, bien avant que je naquisse, l'ont command��e jusque dans ses nuances....
* * * * *
Tandis que je crois causer ici avec quelques milliers de fid��les lecteurs, il est possible qu'un ��tranger s'approche de notre cercle et que, jetant les yeux sur cette pr��face, il s'��tonne. En effet, pour tout le monde, �� vingt ans, la grande affaire c'est de vivre, mais bien peu se pr��occupent de trouver le fondement philosophique de leur activit��. Nos soucis ennuyent tout naturellement celui qui ne les partage pas. L��-dessus, je n'ai rien �� r��pondre. D'autres personnes semblent craindre que le go?t de la r��flexion ne d��nature et ne comprime la na?vet�� de nos impressions sensuelles ou proprement artistiques. Eh bien! l'art pour nous, ce serait d'exciter, d'��mouvoir l'��tre profond par la justesse des cadences, mais en m��me temps de le persuader par la force de la doctrine. Oui, l'art d'��crire doit contenter ce double besoin de musique et de g��om��trie que nous portons, �� la fran?aise, dans une ame bien faite.... Ah! mon Dieu! ce pauvre petit livre, qu'il est loin de satisfaire �� cette magnifique ambition! Il a du moins de la jeunesse, de la fiert�� sans aucun th��atral et ne r��tr��cit pas le coeur.
Juillet 1904.
[note 1: Les D��bats du 13
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.