d��cembre 1890: les Ironistes, par Paul Desjardins.]
[note 2: Voir �� l'Appendice: Une r��ponse �� M. Doumic: Pas de veau gras.]
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D��DICACE
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A QUELQUES COLL��GIENS
DE PARIS ET DE LA PROVINCE
J'OFFRE CE LIVRE
J'��cris pour les enfants et les tout jeunes gens. Si je contentais les grandes personnes, j'en aurais de la vanit��, mais il n'est gu��re utile qu'elles me lisent. Elles ont fait d'elles-m��mes les exp��riences que je vais noter, elles ont syst��matis�� leur vie, ou bien elles ne sont pas n��es pour m'entendre. Dans l'un et l'autre cas, cette lecture leur sera superflue.
Les coll��giens sont �� peu pr��s les seuls ��tres qu'on puisse plaindre. Encore la moiti�� d'entre eux sont-ils des petits goujats qui empoisonnent la vie de leurs camarades. Nous autres adultes, nous nous isolons, nous nous distrayons selon le syst��me qui nous para?t convenable. Au coll��ge, ils sont soumis �� une discipline qu'ils n'ont pas choisie: cela est abominable. J'ai relev�� avec pi��t��, depuis six �� sept ans, les noms des enfants qui se sont suicid��s. C'est une longue liste que je n'ose pas publier. J'aurais aim�� d��dier �� leur m��moire ce petit livre, mais il m'a paru que j'irais contre leurs intentions, en r��pandant leurs noms dans la vie.
S'ils m'avaient lu, je crois qu'ils n'auraient pas pris une r��solution aussi extr��me. Ces ames d��licates et paresseuses ��taient ��videmment mal renseign��es. Elles crurent qu'il y a du s��rieux au monde. Elles attachaient de l'importance �� cinq ou six choses: en ayant ��prouv�� du d��sagr��ment, elles recul��rent hors de la vie. L'essentiel est de se convaincre qu'il n'y a que des mani��res de voir, que chacune d'elles contredit l'autre, et que nous pouvons, avec un peu d'habilet��, les avoir toutes sur un m��me objet. Ainsi nous amoindrissons nos mortifications �� penser quelles sont caus��es par rien du tout, et nous arrivons �� souffrir tr��s peu.
Parce qu'il d��taille ces principes et les illustre de petits exemples emprunt��s �� l'ordinaire de l'existence, mon livre, je crois, est appel�� �� rendre service.
Quelques amis que j'ai dans la politique m'ont affirm�� qu'aux si��cles derniers les esprits de notre race, je veux dire les esprits religieux, se plaisaient d��j�� �� faire des pros��lytes. Ils enfermaient parfois les esprits ��pais dans une chambre de fer chauff��e au rouge. Le mat��rialiste en ��tait r��duit �� sauter pr��cipitamment sur l'un et l'autre pied, jusqu'�� ce qu'il e?t modifi�� sa conception de l'univers. C'est ainsi que la Providence en agit encore aujourd'hui pour nous rendre id��alistes. Notre sentiment ��lev�� du probl��me de la vie est fait de notre inqui��tude perp��tuelle. Nous ne savons sur quel pied danser.
Dans cette disgrace je go?te un plaisir r��el. Chercher continuellement la paix et le bonheur, avec la conviction qu'on ne les trouvera jamais, c'est toute la solution que je propose. Il faut mettre sa f��licit�� dans les exp��riences qu'on institue, et non dans les r��sultats qu'elles semblent promettre. Amusons-nous aux moyens, sans souci du but. Nous ��chapperons ainsi au malaise habituel des enfants honorables, qui est dans la disproportion entre l'objet qu'ils r��vaient et celui qu'ils atteignent.
J��r?me Paturot d��sirait un peu vivement une position sociale. C'est d'une petite ame. Il e?t ��t�� plus heureux s'il avait suivi ma m��thode, s'��gayant de ses recherches et n'attachant jamais la moindre importance aux buts qu'il poursuivait! Il eut de curieuses aventures: il n'y prit pas de plaisir. C'est faute d'avoir poss��d�� ma philosophie. Je vais parmi les hommes, le coeur d��fiant et la bouche d��go?t��e; j'h��site perp��tuellement entre les r��ves de Paturot et ceux des mystiques: les uns et les autres comme moi s'agitent, parce que l'ordinaire de la vie ne peut les satisfaire. Mais j'ai souvent pens�� qu'entre tous, Ignace de Loyola avait montr�� le plus de g��nie, et je le dis le prince des psychologues, parce qu'il d��clare �� la derni��re ligne de ses Exercices spirituels, ou suite de m��caniques pour donner la paix �� l'ame: ?Et maintenant le fid��le n'a plus qu'�� recommencer.?
Cela est admirable. Vous travaillez depuis des mois �� trouver le bonheur, vous pensez l'avoir enfin conquis; c'est quand vous le d��siriez si fort que vous l'avez le plus approch��; recommencez maintenant! Faisons des r��ves chaque matin, et avec une extr��me ��nergie, mais sachons qu'ils n aboutiront pas. Soyons ardents et sceptiques. C'est tr��s facile avec le joli temp��rament que nous avons tous aujourd'hui.
Cette m��thode, je l'ai expos��e et justifi��e, je crois, dans la fiction qu'on va lire. Il m'aurait plu de la ramasser dans quelque symbole, de l'accentuer dans vingt-cinq feuillets tr��s savants, tr��s obscurs et un peu tristes; mais soucieux uniquement de rendre service aux coll��giens que j'aime, je m'en tiens �� la forme la plus enfantine qu'on puisse imaginer d'un journal.
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UN HOMME LIBRE
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LIVRE PREMIER
EN ��TAT DE GRACE
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CHAPITRE PREMIER
LA JOURN��E DE
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