Le chasseur noir | Page 7

Émile Chevalier
impossibilit��s apparentes.
Nicolas se retira ensuite derri��re la roche et l'autre trappeur, se coulant sans bruit �� bas du cheval, le suivit. Aussit?t le cri de guerre des Pieds-noirs retentit dans le vallon.
--Maintenant, ��tranger, en avant! escaladons cette montagne. Tenez-vous pr��s de moi et je vous garantis que nous ferons faire plus d'une culbute �� ces damn��s pa?ens. Feu, quand vous trouverez une chance! Mais ne gaspillez pas votre plomb!
Et l��-dessus Nicolas s'��lan?a sur les rochers avec l'agilit�� d'une antilope.
--Mes membres sont pas mal engourdis, mais n'ayez pas peur, dit l'autre, j'en ferai bon usage.
Les Pieds-noirs les poursuivaient en hurlant de d��sappointement.
Par bonheur, les fugitifs avaient un peu d'avance. Et comme ils ��taient rompus aux vicissitudes de l'existence et aux p��rils du Far-west ils n'appr��hendaient gu��re de tomber entre les mains de leurs ennemis.
Les Indiens envoy��rent plusieurs coups de fusil, mais sans les atteindre. En dix minutes nos fuyards furent au sommet de la montagne.
Ils respir��rent un moment, et Nicolas rouvrit la marche en conduisant son compagnon vers une partie plus accessible de cette contr��e.

III
LA PORTE DU DIABLE
Nicolas d��sirait vivement voir le visage de son compagnon; mais l'obscurit�� l'emp��chait de distinguer ses traits.
Ce ne fut qu'�� une heure avanc��e, quand la lune se leva, qu'il put se satisfaire �� cet ��gard.
Un examen plus attentif de l'individu le confirma dans son id��e premi��re. C'��tait le type du franc-trappeur nomade, sur lequel les moeurs indiennes avaient fortement d��teint.
Il ��tait sans doute adonn�� aux habitudes de cette race, car il avait sur la vie des principes faciles, et un m��pris cordial pour les gens en dehors de sa profession.
La physionomie qu'il offrit �� Nicolas, ��clair��e par les premiers rayons de la lune, n'��tait pas propre �� attirer l'amiti�� ou �� assurer la confiance.
Il avait les yeux enfonc��s, et d'une expression sinistre. Son front ��tait bas, contract�� par un froncement perp��tuel. Un nez ��pat�� et aplati, surmontait sa bouche, d��mesur��ment fendue, comme celle d'un animal carnassier. Le menton ��tait court, le cou gros, les ��paules larges.
La v��tust�� et l'usure avaient rong�� ses v��tements d'��toffe grossi��re. Pour compl��ter ce vilain portrait, le trappeur louchait.
Nicolas se dit dans son for intime que sa derni��re aventure n'avait pas ajout�� une acquisition importante au nombre de ses amis. Bref, il n'��tait pas content de celui qu'il venait de sauver; car si ce dernier ne payait pas de mine, il ne s��duisait pas plus par son langage.
Il avait la parole s��che, cassante. Ses phrases partaient comme les d��charges d'une catapulte ou d'une batterie. De plus il les accentuait d'un certain grognement rien moins que plaisant.
Dans la rapidit�� de leur fuite, au milieu des t��n��bres, Nicolas s'��tait ��cart�� de la route qu'il avait l'intention de prendre.
Il se trouvait alors sur une ��minence, entour��e par un paysage d'un caract��re sauvage et pittoresque. Jetant les yeux �� l'est, il lui sembla apercevoir les ruines d'une grande cit��.
L'apparition ��tait produite par de longs et ��normes amas de rochers, empil��s les uns sur les autres, d��coup��s en forme de murailles, de tours chancelantes et de colonnes bris��es.
Cette ville fantastique couvrait les flancs et le sommet d'une montagne, et s'��tendait �� perte de vue dans les profondeurs d'une sombre vall��e.
Jamais, dans toutes ses excursions, le trappeur n'avait vu un spectacle plus digne d'attention. Il le contemplait avec ��merveillement quand son compagnon lui dit:
--Une chique, hein, ��tranger?
Nicolas tourna la t��te et rencontra le regard lourd du qu��mandeur.
--Vous avez faim d'un morceau de tabac, pas de g��ne, je puis vous satisfaire, quoique je n'en use pas fort moi-m��me, dit-il. Mais vous vous ��tiez fourr�� dans une maudite petite difficult��, n'est-il pas vrai?
--Difficult��! peuh! ce n'est pas pour la premi��re fois, ��tranger, ni pour la derni��re, j'esp��re. C'est plein d'accidents comme ?a, dans ce pays-ci. On s'habitue �� tout, apr��s un bout de temps, vous savez?
Le franc-trappeur s'arr��ta, mordit �� pleines dents dans la torquette[11] que lui pr��sentait Nicolas, puis roulant, avec la langue, la masse narcotique contre la joue droite, il ajouta:
--Vous avez l'air de regarder ce tas de rochers. Nous l'appelons la Ville hant��e.
[Note 11: Torquette de tabac. Tabac press�� et roul�� en forme de corde pour en diminuer le volume.]
--Nous? qui? demanda Nicolas.
Apr��s un instant d'h��sitation, l'inconnu balbutia:
--Eh! nous, francs-trappeurs donc!
--Je ne savais pas, r��pliqua Nicolas, que certaines gens tendaient des trappes dans les rochers. G��n��ralement je place les miennes dans les vall��es ou sur le bord des ruisseaux et des lacs.
--Oh! sans doute. Mais quand on est dans le voisinage de pareils amas de roches, on ne peut s'emp��cher de les voir. En tout cas c'est un lieu mal fam��. Nous autres nous le tenons �� distance. Des trappeurs et chasseurs isol��s ont disparu dans les environs de la Ville hant��e.
Nicolas branla la t��te en signe d'incr��dulit��, tandis que son interlocuteur poursuivait:
--On y entend des bruits comme le grondement du canon. Les Indiens disent que
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