parti, Kouçanâbha, qui n'avait
pas de postérité mâle, célébra un sacrifice solennel pour obtenir un fils.
Tandis que les prêtres vaquaient à cette cérémonie, le fils de Brahma,
Kouça lui-même apparut et tint ce langage au roi Kouçanâbha, son fils:
«Il te naîtra bientôt un fils égal à toi, mon fils; il sera nommé Gâdhi, et
par lui tu obtiendras une gloire éternelle dans les trois mondes.»
«Aussitôt que Kouça eut adressé, noble Râma, ces paroles au roi
Kouçanâbha, il disparut soudain, et rentra dans l'air, comme il en était
sorti. Après quelque temps écoulé, ce fils du sage Kouçanâbha vint au
monde: il fut appelé Gâdhi; il acquit une haute renommée, il signala sa
force égale à celle de la vérité. Ce Gâdhi, qui semblait la justice en
personne, fut mon père; il naquit dans la famille de Kouça; et moi,
vaillant Raghouide, je suis né de Gâdhi.
«Gâdhi eut encore une fille, ma soeur cadette, Satyavatî, bien digne de
ce nom[5], femme chaste, qu'il donna en mariage à Ritchika. Quand
cette branche éminemment noble du tronc antique de Kouça eut mérité,
par son amour conjugal, d'entrer avec son époux au séjour des
Immortels, son corps fut changé ici en un grand fleuve.
[Note 5: Satyavat, au féminin, satyavatî, veut dire qui possède la
vérité.]
«Oui! ma soeur est devenue ce beau fleuve aux ondes pures, qui
descend du Swarga ou du Paradis sur le mont Himâlaya pour la
purification des mondes.
«Depuis lors, content, heureux, fidèle à mon voeu, j'habite, Râma, sur
les flancs de l'Himâlaya, par amour de ma soeur. Satyavatî, la noble
fille de Kouça, est donc aujourd'hui le premier des fleuves, parce
qu'elle a été pure, dévouée aux saints devoirs de la vérité et chastement
unie à son époux. C'est de là que, voulant accomplir un voeu, je suis
venu à l'Ermitage-Parfait, où grâce à ton héroïsme, vaillant fils de
Raghou, mon sacrifice a été parfait.
«Mais, tandis que je raconte, la nuit est arrivée à la moitié de son cours;
va donc cultiver le sommeil: que la félicité descende sur toi, et puisse
notre voyage ne connaître aucun obstacle!
«Les arbres sont immobiles; les quadrupèdes et les volatiles reposent:
les ténèbres de la nuit enveloppent toutes les régions du ciel. Il semble
qu'on ait fardé tout le firmament avec une poussière fine de sandal; les
étoiles d'or, les planètes et les constellations du zodiaque le tiennent,
pour ainsi dire, embrassé. L'astre, que le monde aime à cause de ses
rayons frais, l'astre des nuits se lève, comme pour verser dans ses
clartés radieuses la joie sur la terre, haletante, il n'y a qu'un instant,
sous la chaleur enflammée du jour. C'est l'heure où l'on voit circuler
hardiment tous les êtres, qui rôdent au sein des nuits, les troupes des
Yakshas, des Rakshasas et des autres Démons, qui se repaissent de
chair.»
Après ces mots, le grand anachorète cessa de parler, et tous les
solitaires, s'écriant à l'envi: «Bien!... c'est bien!» saluent d'un
applaudissement unanime le fils de Kouça.
* * * * *
Ces grands saints dormirent le reste de la nuit au bord de la Çona, et,
quand l'aube eut commencé d'éclairer les ténèbres, Viçvâmitra
adressant la parole au jeune Râma: «Lève-toi, dit-il, fils de Kâauçalyâ,
car la nuit s'est déjà bien éclaircie. Rends d'abord ton hommage à l'aube
de ce jour et remets-toi ensuite d'un pas allègre en voyage.»
Après qu'ils eurent longtemps marché dans cette route, le jour vint
complètement, et la reine des fleuves, la Gangâ se montra aux yeux des
éminents rishis. À l'aspect de ses limpides eaux, peuplées de grues et de
cygnes, tous les anachorètes et le guerrier issu de Raghou avec eux de
sentir une vive allégresse.
Ensuite, ayant fait camper leurs familles sur les bords du fleuve, ils se
baignent dans ses ondes, comme il est à propos; ils rassasient
d'offrandes les Dieux et les mânes des ancêtres, ils versent dans le feu
des libations de beurre clarifié, ils mangent comme de l'ambroisie ce
qui reste des oblations, et goûtent, d'une âme joyeuse, le plaisir
d'habiter la rive pure du fleuve saint.
Ils entourent de tous les côtés Viçvâmitra le magnanime, et Râma lui
dit alors: «Je désire que tu me parles, saint homme, sur la reine des
bruyantes rivières; dis-moi comment est venue ici-bas cette Gangâ, le
plus noble des fleuves, et la purification des trois mondes.»
Engagé par ce discours, le sublime anachorète, remontant à l'origine
des choses, se mit à lui raconter la naissance du fleuve et sa marche:
«L'Himâlaya est le roi des montagnes; il est doué, Râma, de pierreries
en mines inépuisables. Il naquit de son mariage deux filles, auxquelles
rien n'était supérieur en beauté sur la terre. Elles avaient pour mère la
fille du Mérou, Ménâ à la taille gracieuse, déesse charmante,
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