Le Râmâyana | Page 5

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écarter ces Démons nocturnes qui jettent des obstacles dans ton sacrifice.?
Ravis de joie à ces paroles, aussit?t Vi?vamitra et tous les autres solitaires de louer Rama et de lui dire: ?à partir de ce jour, il faut, Rama, que tu gardes pendant six nuits, dévoué entièrement à cette veille continue; car une fois entré dans les cérémonies préliminaires du sacrifice, il est défendu au solitaire de rompre le silence.?
Après qu'il eut écouté ces paroles des monobites à l'ame contemplative, Rama se tint là debout, six nuits, gardant avec Lakshmana le sacrifice de l'anachorète, l'arc en main, sans dormir et sans faire un mouvement, immobile, comme un tronc d'arbre, impatient de voir la nuée des rakshasas abattre son vol sur l'ermitage.
Ensuite, quand le cours du temps eut amené le sixième jour, ces fidèles observateurs des voeux, les magnanimes anachorètes dressèrent l'autel sur sa base.--Déjà, accompagné des hymnes, arrosé de beurre clarifié, le sacrifice était célébré suivant les rites; déjà la flamme se développait sur l'autel, où priait le contemplateur d'une ame attentive, quand soudain éclata dans l'air un bruit immense et tel que l'on entend le sombre nuage tonner au sein des cieux dans la saison des pluies.
Alors, voici que se précipitent dans l'ermitage, et Mar?tcha, et Soubahou, et les serviteurs de ces deux rakshasas, déployant toute la puissance de leur magie.
Aussit?t que, de ses yeux beaux comme des lotus, Rama les vit accourir, faisant pleuvoir un torrent de sang: ?Vois, Lakshmana, dit-il à son frère, vois Mar?tcha, qui vient, suivi de son cortége, avec sa voix de bruyant tonnerre, et Soubahou, le r?deur nocturne. Regarde bien! ces Démons noirs, comme deux montagnes de collyre, vont dispara?tre à l'instant même devant moi, tels que deux nuages au souffle du vent!?
à ces mots, l'habile archer tira de son carquois la flèche nommée le Trait-de-l'homme, et, sans être poussé d'une très-vive colère, il décocha le dard en pleine poitrine de Mar?tcha.
Emporté jusqu'au front de l'Océan par l'impétuosité de cette flèche, Mar?tcha y tomba comme une montagne, les membres agités par le tremblement de l'épouvante.
Ensuite, le rejeton vaillant de Raghou choisit dans son carquois le dard nommé la Flèche-du-feu; il envoya ce trait céleste dans la poitrine de Soubahou, et le rakshasa frappé tomba mort sur la terre.
Puis, s'armant avec la Flèche-du-vent et mettant le comble à la joie des solitaires, le descendant illustre de Raghou immola même tous les autres Démons. Après ce carnage, Vi?vamitra avec toute la communauté des anachorètes, s'approcha du jeune guerrier, et lui décerna les honneurs, les félicitations, les présents, que méritait sa victoire:
?Je suis content, guerrier aux longs bras: tu as bien observé la parole de moi, ton ma?tre; en effet, cet Ermitage-Parfait est devenu, grace à toi, plus parfait encore.
* * * * *
Leur mission accomplie, Rama et Lakshmana passèrent encore là cette nuit, honorés des anachorètes et l'ame joyeuse. à l'heure où la nuit s'éclaire aux premières lueurs de l'aube, et quand ils eurent vaqué aux dévotions du matin, les deux héros petits-neveux de Raghou allèrent s'incliner devant Vi?vamitra et devant les autres solitaires; puis, les ayant tous salués avec lui, ces princes, doués d'une immortelle splendeur, lui tinrent ce discours à la fois noble et doux:
?Ces deux guerriers, qui se tiennent devant toi, ? le plus éminent des anachorètes, sont tes serviteurs; commande-nous à ton gré: que veux-tu que nous fassions encore??
à ce discours, les ermites, riches de mortifications, à qui ces deux frères l'avaient adressé, laissent parler Vi?vamitra, et rendent par lui cette réponse au vaillant Rama:
?Djanaka, le roi de Mithila, doit bient?t célébrer, ? le plus vertueux des Raghouides, un sacrifice très-grand et très-saint: nous irons certainement.--Toi-même, ? le plus éminent des hommes, tu viendras avec nous: tu es digne de voir là cet arc fameux, qui est une grande merveille et la perle des arcs.
?Jadis, Indra et les Dieux ont donné au roi de Mithila cet arc géant, comme un dép?t, au temps que la guerre fut terminée entre eux et les Démons. Ni les Dieux, ni les Gandharvas, ni les Yakshas, ni les Nagas, ni les Rakshasas ne sont capables de bander cet arc: combien moins, nous autres hommes, ne le saurions-nous faire!?
Et sur-le-champ Rama se mit en route avec ces grands saints, à la tête desquels marchait Vi?vamitra.
Attelés dans un instant, s'avan?aient une centaine de chars brahmiques, où l'on avait chargé les bagages des anachorètes, qui venaient tous à leur suite. On voyait aussi des troupeaux d'antilopes et d'oiseaux, doux habitants de l'Ermitage-Parfait, suivre pas à pas dans cette marche Vi?vamitra, le sublime solitaire. Déjà les troupes des anachorètes s'étaient avancées loin dans cette route, quand, arrivées au bord de la ?ona, vers le temps où le soleil s'affaisse à l'horizon, elles s'arrêtent pour camper devant son rivage.
Mais, aussit?t que l'astre du jour a touché le couchant, ces hommes d'une
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