Le Râmâyana | Page 6

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splendeur infinie se purifient dans les ondes, rendent un hommage au feu avec des libations de beurre clarifié, et, donnant la première place à Vi?vamitra, s'assoient autour du sage. Rama lui-même avec le fils de Soumitra se prosterne devant l'ermite, qui s'est amassé un trésor de mortifications, et s'assoit auprès de lui.--Alors, joignant ses mains, le jeune tigre des hommes, que sa curiosité pousse à faire cette demande, interroge ainsi Vi?vamitra, le saint: ?Bienheureux, quel est donc ce lieu, que je vois habité par des hommes au sein de la félicité? Je désire l'apprendre, sublime anachorète, de ta bouche même en toute vérité.?
Excitée par ce langage de Rama, la grande lumière de Vi?vamitra commen?a donc à lui raconter ainsi l'histoire du lieu où ils étaient arrivés:
?Jadis il fut un monarque puissant, appelé Kou?a, issu de Brahma et père de quatre fils, renommés pour la force. C'étaient Kou?a?wa, Kou?anabha, Amo?rtaradjasa et Vasou, tous magnanimes, brillants et dévoués aux devoirs du kshatrya.
?Kou?a dit un jour: ?Mes fils, il faut vous consacrer à la défense des créatures.? C'est ainsi qu'il parla, noble Raghouide, à ces princes, de qui la modestie était la compagne de la science dans la Sainte écriture.
?à ces paroles du roi leur père, ils batirent quatre villes, chacun fondant la sienne. De ces héros, semblables aux gardiens célestes du monde, Kou?a?wa construisit la ville charmante de Kaau?a?wi; Kou?anabha, qu'on e?t dit la justice en personne, fut l'auteur de Mahaudaya; le vaillant Amo?rtaradjasa créa la ville de Pragdjyautisha, et Vasou éleva Girivradja dans le voisinage de Dharmaranya.
?Ce lieu-ci, appelé Vasou, porte le nom du prince Vasou à la splendeur infinie: on y remarque ces belles montagnes, au nombre de cinq, à la crête sourcilleuse.--Là, coule la jolie rivière de Magadh?; elle donne son nom à la ville de Magadha, qui brille, comme un bouquet de fleurs, au milieu des cinq grands monts. Cette rivière appelée Magadh? appartenait au domaine du magnanime Vasou: car jadis il habita, vaillant Rama, ces champs fertiles, guirlandés de moissons.
?De son c?té, l'invincible et saint roi Kou?anabha rendit la nymphe Ghritatchya mère de cent filles jumelles, à qui rien n'était supérieur en toutes qualités.
?Un jour, ces jeunes vierges, délicieusement parées, toutes charmantes de jeunesse et de beauté, descendent au jardin, et là, vives comme des éclairs, se mettent à folatrer. Elles chantaient, noble fils de Raghou, elles dansaient, elles touchaient ou pin?aient divers instruments de musique, et, parfumant l'air des guirlandes tressées dans leurs atours, elles se laissaient ravir aux mouvements d'une joie suprême.
?Le Vent, qui va se glissant partout, les vit en ce moment, et voici quel langage il tint à ces jouvencelles, aux membres suaves, et de qui rien n'était pareil en beauté sur la terre: ?Charmantes filles, je vous aime toutes; soyez donc mes épouses. Par là, vous dépouillant de la condition humaine, vous obtiendrez l'immortalité.?
?à ces habiles paroles du Vent amoureux, les jeunes vierges lui décochent un éclat de rire; et puis toutes lui répondent ainsi:
?? Vent, il est certain que tu pénètres dans toutes les créatures; nous savons toutes quelle est ta puissance; mais pourquoi juger de nous avec ce mépris? Nous sommes toutes filles de Kou?anabha; et, fermes sur l'assiette de nos devoirs, nous défions ta force de nous en précipiter: oui! Dieu léger, nous voulons rester dans la condition faite à notre famille.--Qu'on ne voie jamais arriver le temps où, volontairement infidèle au commandement de notre bon père, de qui la parole est celle de la vérité, nous irons de nous-mêmes arrêter le choix d'un époux. Notre père est notre loi, notre père est pour nous une divinité suprême; l'homme, à qui notre père voudra bien nous donner, est celui-là seul qui deviendra jamais notre époux.?
?Saisi de colère à ces paroles des jeunes vierges, le Vent fit violence à toutes et brisa la taille à toutes par le milieu du corps. Pliées en deux, les nobles filles rentrent donc au palais du roi leur père; elles se jettent devant lui sur la terre, pleines de confusion, rougissantes de pudeur et les yeux noyés de larmes.
?à l'aspect de ses filles, tout à l'heure d'une beauté nonpareille, maintenant flétries et la taille déviée, le monarque dit avec émotion ces paroles aux princesses désolées:--?Quelle chose vois-je donc ici, mes filles? Dites-le-moi! Quel être eut une ame assez violente pour attenter sur vos personnes et vous rendre ainsi toutes bossues?
?à ces mots du sage Kou?anabha, les cent jeunes filles répondirent, baissant leur tête à ses pieds:--?Enivré d'amour, le Vent s'est approché de nous; et, franchissant les bornes du devoir, ce Dieu s'est porté jusqu'à nous faire violence.--Toutes cependant nous avions dit à ce Vent, tombé sous l'aiguillon de l'Amour: ?Dieu fort, nous avons un père; nous ne sommes pas ma?tresses de nous-mêmes. Demande-nous à notre père, si ta pensée ne veut point une autre
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