sa tête, le monarque re?ut la précieuse amphore, et dit: ?Seigneur, que dois-je en faire??--?Roi, je te donne en ce vase, répondit au monarque l'être émané du créateur même, je te donne en lui ce bonheur qui est le cher objet de ton pieux sacrifice. Prends donc, ? le plus éminent des hommes, et donne à tes chastes épouses ce breuvage, que les Dieux eux-mêmes ont composé. Qu'elles savourent ce nectar, auguste monarque: il fait na?tre de la santé, des richesses, des enfants aux femmes qui boivent sa liqueur efficace.?
Ensuite, quand elle e?t donné au monarque le breuvage incomparable, cette apparition merveilleuse de s'évanouir aussit?t dans les airs; et Da?aratha, se voyant ma?tre enfin du nectar saint distillé par les Dieux, fut ravi d'une joie suprême, comme un pauvre aux mains de qui tomberait soudain la richesse. Il entra dans son gynoecée, et dit à Kaau?alya: ?Reine, savoure cette boisson génératrice, dont l'efficacité doit opérer son bien en toi-même.?
Ayant ainsi parlé, son époux, qui avait partagé lui-même cette ambroisie en quatre portions égales, en servit deux parts à Kaau?alya, et donna à Kêkéy? une moitié de la moitié restante. Puis, ayant coupé en deux sa quatrième portion, le monarque en fit boire une moitié à Soumitra: ensuite il réfléchit, et donna encore à Soumitra ce qui restait du nectar composé par les Dieux.
Suivant l'ordre où ces femmes avaient bu la nonpareille ambroisie, donnée par le roi même au comble de la joie, les princesses con?urent des fruits beaux et resplendissants à l'égal du soleil ou du feu sacré.
De ces femmes naquirent quatre fils, d'une beauté céleste et d'une splendeur infinie: Rama, Lakshmana, ?alroughna et Bharata.
Kaau?alya mit au monde Rama, l'a?né par sa naissance, le premier par ses vertus, sa beauté, sa force nonpareille et même l'égal de Vishnou par son courage.
De même, Soumitra donna le jour à deux fils, Laksmana et ?atroughna: inébranlables pour le dévouement et grands par la force, ils cédaient néanmoins à Rama pour les qualités.
Vishnou avait formé ces jumeaux avec une quatrième portion de lui-même: celui-ci était né d'une moitié, et celui-là d'une autre moitié du quart.
Le fils de Kêkéy? se nommait Bharata: homme juste, magnanime, vanté pour sa vigueur et sa force, il avait l'énergie de la vérité.
Ces princes, doués tous d'une ame ardente, habiles à manier de grands arcs, dévoués à l'exercice des vertus, comblaient ainsi les voeux du roi leur père; et Da?aratha, entouré de ces quatre fils éminents, go?tait au milieu d'eux une joie suprême, comme Brahma, environné par les Dieux.
Depuis l'enfance, Lakshmana s'était voué d'une ardente amitié à Rama, l'amour des créatures: en retour, ce jeune frère, de qui l'aide servit puissamment à la prospérité de son frère a?né, ce juste, ce fortuné, ce victorieux Lakshmana était plus cher que la vie même à Rama, le destructeur invincible de ses ennemis.
Celui-ci ne mangeait pas sans lui son repas ordinaire, il ne touchait pas sans lui à quelque mets plus délicat; sans lui, il ne se livrait pas au plaisir un seul instant même. Rama s'en allait-il, soit à la chasse, soit ailleurs; aussit?t, prenant son arc, le dévoué Lakshmana y marchait avec lui et suivait ses pas.
Autant Lakshmana était dévoué à Rama, autant ?atroughna l'était à Bharata; celui-ci était plus cher à celui-ci et celui-ci à celui-là que le souffle même de la vie.
Joie de son père, attirant les regards au milieu de ses frères comme un drapeau, Rama était immensément aimé de tous les sujets pour ses qualités naturelles: aussi, comme il savait se concilier par ses vertus l'affection des mortels, lui avait-on donné ce nom de R?MA, c'est-à-dire, l'homme qui pla?t, ou qui se fait aimer.
* * * * *
Un grand saint, nommé Vi?vamitra, vint dans la ville d'Ayodhya, conduit par le besoin d'y voir le souverain.
Des rakshasas, enivrés de leur force, de leur courage, de leur science dans la magie, interrompaient sans cesse le sacrifice de cet homme sage et dévoué à l'amour de ses devoirs: aussi l'anachorète, qui ne pouvait sans obstacle mener à fin la cérémonie, désirait-il voir le monarque, afin de lui demander protection contre les perturbateurs de son pieux sacrifice.
?Prince, lui dit-il, si tu veux obtenir de la gloire et soutenir la justice, ou si tu as foi en mes paroles, prouve-le en m'accordant un seul homme, ton Rama. La dixième nuit me verra célébrer ce grand sacrifice, où les rakshasas tomberont, immolés par un exploit merveilleux de ton fils.?
Alors, ayant baisé avec amour son fils sur la tête, Da?aratha le donna au saint ermite avec son fidèle compagnon Lakshmana.
Quand il vit Rama aux yeux de lotus s'avancer vers le fils de Kou?ika, le vent souffla d'une haleine pure, douce, embaumée, sans poussière. Au moment où partit ce rejeton bien-aimé de Raghou, une pluie de fleurs tomba des cieux, et l'on entendit ruisseler d'en
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