sur tes épaules ce fardeau pesant d'un tel sacrifice.?
--?Oui!? répondit au roi le plus vertueux des régénérés.
?Je ferai assurément tout ce que désire Ta Majesté.?
Ensuite il dit à tous les brahmes experts dans les choses des sacrifices:
?Que l'on batisse pour les rois des palais distingués par de nombreuses qualités! Que l'on batisse même par centaines pour les brahmes invités de beaux logis bien disposés, bien pourvus en divers breuvages, bien approvisionnés en différents comestibles. Il faut construire aussi pour l'habitant des villes maintes demeures vastes, fournies de nombreux aliments et remplies de choses propres à satisfaire tous les désirs. Rassemblez encore d'abondantes victuailles pour l'habitant des campagnes.
?Que ces différentes nourritures soient données avec politesse, et non comme arrachées par la violence, afin que toutes les castes bien traitées obtiennent ainsi les égards dus à chacune d'elles.
?Passant de l'amour à la colère, n'appliquez l'injure à personne. Que les honneurs soient rendus surtout, mais en observant les degrés, aux hommes supérieurs dans les choses des sacrifices, comme aux sommités dans les arts manuels. Agissez enfin d'une ame aimante et satisfaite, ? vous, révérendes personnes, de manière que tout soit bien fait et que rien ne soit omis!? Ensuite, les brahmes s'étant rapprochés de Va?ishtha, lui répondirent ainsi: ?Nous ferons tout, comme il est dit, et rien ne sera oublié.?
Après cette réponse, ayant fait appeler Soumantra, le ministre: ?Invite, lui dit Va?ishtha, invite les rois qui sur la terre sont dévoués à la justice.?
Ensuite, après quelques jours et quelques nuits écoulés, arrivèrent ces rois si nombreux, à qui Da?aratha avait envoyé des pierreries en royal cadeau. Alors Va?ishtha, l'ame très-satisfaite, tint ce langage au monarque: ?Tous les rois sont venus, ? le plus illustre des souverains, comme tu l'avais commandé. Je les ai tous bien traités, et tous honorés dignement. Tes serviteurs ont disposé convenablement toutes les choses avec un esprit attentif.?
Charmé à ces paroles de Va?ishtha, le roi dit: ?Que le sacrifice, doué en toutes ses parties de choses offertes à tous les désirs, soit célébré aujourd'hui même.?
Ensuite les prêtres, consommés dans la science de la Sainte écriture, commencent la première des cérémonies, l'ascension du feu, suivant les rites enseignés par le so?tra du Kalpa. Les règles des expiations furent aussi observées entièrement par eux, et ils firent toutes ces libations que la circonstance demandait.
Alors Kaau?alya décrivit un pradakshina autour du cheval consacré, le vénéra avec la piété due, et lui prodigua les ornements, les parfums, les guirlandes de fleurs. Puis, accompagnée de l'adhwaryou, la chaste épouse toucha la victime et passa toute une nuit avec elle pour obtenir ce fils, objet de ses désirs.
Ensuite, le ritouidje, ayant égorgé la victime et tiré la moelle des os, suivant les règles saintes, la répandit sur le feu, invitant chacun des Immortels au sacrifice avec la formule accoutumée des prières. Alors, engagé par son désir immense d'obtenir une lignée, Da?aratha, uni dans cet acte à sa fidèle épouse, le roi Da?aratha vint avec elle respirer la fumée de cette moelle, que le brasier consumait sur l'autel. Enfin, les sacrificateurs de couper les membres du cheval en morceaux, et d'offrir sur le feu à tous les habitants des cieux la part que le rituel assignait à chacun d'eux.
Voici que tout à coup, sortant du feu sacré, apparut devant les yeux un grand être, d'une splendeur admirable, et tout pareil au brasier allumé. Le teint bruni, une peau noire était son vêtement; sa barbe était verte, et ses cheveux rattachés en djata[2]; les angles de ses yeux obliques avaient la rougeur du lotus: on e?t dit que sa voix était le son du tambour ou le bruit d'un nuage orageux. Doué de tous les signes heureux, orné de parures célestes, haut comme la cime d'une montagne, il avait les yeux et la poitrine du lion.
[Note 2: Cheveux relevés en gerbe et noués sur le sommet de la tête, mode accoutumée des ascètes.]
Il tenait dans ses bras, comme on étreint une épouse chérie, un vase fermé, qui semblait une chose merveilleuse, entièrement d'or, et tout rempli d'une liqueur céleste.
?Brahme, dit le spectre, qui s'était manifesté d'une manière si étonnante, sache que je suis un être émané du souverain ma?tre des créatures pour venir en ces lieux mêmes.--Re?ois ce vase donné par moi et remets-le au roi Da?aratha: c'est pour lui que je dépose en tes mains ce divin breuvage. Qu'il donne à savourer ce philtre générateur à ses épouses fidèles!?
Le plus excellent des brahmes lui répondit en ces termes: ?Donne toi-même au roi ce vase merveilleux.?
La resplendissante émanation du souverain ma?tre des créatures dit au fils d'Ikshwakou avec une voix de la plus haute perfection: ?Grand roi, j'ai du plaisir à te donner cette liqueur toute composée avec des sucs immortels: re?ois donc ce vase, ? toi qui es la joie de la maison d'Ikshwakou!? Alors, inclinant
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