vit tous les singes arrivés et campés sur la terre, il adressa joyeux ces mots à Rama:
?Daigne me donner tes ordres maintenant que je suis environné de mes armées. Veuille bien me conter la chose de la manière qu'elle doit marcher.?
à ces paroles du monarque, le fils du grand Da?aratha étreignit Sougr?va dans ses bras et lui répondit en ces termes: ?Que l'on sache, bel ami, si ma Vidéhaine vit ou non. Que l'on sache, monarque à la haute sagesse, en quel pays demeure le démon Ravana. Quand je conna?trai bien l'existence de ma Vidéhaine et l'habitation de Ravana, je déploierai avec ta grandeur les moyens exigés par les circonstances. Ni Lakshmana, ni moi, ne sommes les ma?tres dans cette affaire: tu es la cause qui doit ici tout mouvoir, et c'est de toi que dépend toute la chose. Ainsi, fais-moi conna?tre toi-même, seigneur, la part que tu m'assignes dans cette affaire. L'homme qui trouve à s'appuyer sur un ami tel qu'est ta grandeur, modeste, courageux, plein de sagesse et versé dans la distinction des choses, doit parvenir à son but, je n'en doute pas.?
à ce langage, que Rama lui tenait d'une manière accentuée d'amour, le monarque des singes appela un général de ses troupes, nommé Vinata, à la voix tonnante comme une nuée d'orage, au corps semblable à une montagne, et dit au héros quadrumane d'une épouvantable vigueur, incliné devant lui avec respect: ?Fais-toi accompagner par mille kotis de rapides quadrumanes, et va, environné des plus élevés entre les singes, qui savent mener et ramener une armée, fils eux-mêmes du Soleil ou de Lunus, instruits à bien conna?tre les circonstances des lieux et des temps; va, dis-je, fouiller toute la contrée orientale avec les forêts, les montagnes et les eaux. Recherchez-y la Vidéhaine S?ta et l'habitation de Ravana dans les régions impraticables des bois, dans les cavernes et dans les forêts.?
* * * * *
Alors que le monarque des simiens eut expédié ces quadrumanes dans le pays du levant, il fit partir d'autres singes pour les contrées méridionales.
D'après son ordre, Tara le plus vaillant des singes, entouré de cent milliers, se dirige, avec ses éminents compagnons, qui revêtent à leur gré toutes les formes, vers les excellentes et vastes régions du sud. Le roi fit conna?tre à ces quadrumanes, les principaux entre les simiens, tous les pays qui, dans cette plage, offraient des chemins difficiles ou dangereux.
Sougr?va tenait en grande estime la force et la bravoure d'Hano?mat: ce fut donc à ce quadrumane surtout, le plus excellent des singes, qu'il adressa la parole en ces termes: ?Je ne vois, prince des singes, ni sur la terre, ni dans les eaux, ni dans l'atmosphère, ni dans les enfers, ni dans le séjour des Immortels, oui! je ne vois personne qui puisse mettre un obstacle à ta route. Les mondes te sont connus, grand singe, avec les Dieux, et les Gandharvas, et les Nagas, et les Danavas, et les mers, et les montagnes. Liberté d'allures, promptitude, force, légèreté: ces dons, héros, sont tels en toi, qu'on les voit dans ton père, le magnanime Vent.
?Sur la terre, il n'existe aucun être qui te soit égal en force: veuille donc agir de manière que la vue de S?ta soit rendue bient?t à nos yeux. Il y a en toi, Hano?mat, tout courage, toute énergie, toute force, avec un art d'assouplir à ta volonté et les temps et les lieux, avec une science de gouverner dégagée de toute impéritie.
Quand le monarque eut mis sur les épaules d'Hano?mat la charge de cette affaire, il parut s'épanouir de l'ame et des sens, comme s'il e?t déjà tenu la réussite en ses mains. Aussit?t que Rama eut compris que le roi comptait sur Hano?mat pour le succès de l'expédition, ce prince à la grande intelligence réfléchit en lui-même, et lui donna joyeux son anneau, sur lequel était gravé le caractère de son nom, pour qu'il se f?t reconna?tre avec ce bijou par la fille des rois: ?à sa vue, la fille du roi Djanaka, noble singe, pensera que tu viens envoyé par moi, et ta vue ne pourra lui causer d'inquiétude. Car ta sagesse, tes actions illustres et ce choix dont t'honore Sougr?va, tout m'entretient déjà du succès, comme s'il était obtenu.?
Hano?mat re?oit l'anneau et le porte à son front avec ses mains jointes; puis, quand il se fut prosterné aux pieds de Rama et de Sougr?va, le noble singe, fils du Vent, escorté de ses compagnons, prit son essor dans les airs. Semant la joie dans cette nombreuse armée de robustes hommes des bois, le fils du Vent brillait alors dans le ciel balayé des nuages, comme la lune au disque pur, environnée par les bataillons des étoiles.
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Quand Sougr?va eut fait partir sous les ordres d'Hano?mat ces quadrumanes, doués tous d'intelligence, de
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