courage et d'une agilité égale à la rapidité même du vent, le monarque à la grande splendeur manda un chef d'une épouvantable vaillance, nommé Soushéna, le père de Tara, et, portant ses mains réunies à ses tempes, il s'inclina devant lui, honora son illustre beau-père et lui tint ce langage: ?Prête l'appui de ton aide à Rama dans la présente affaire. Entouré de cent mille singes rapides, va, mon doux seigneur, dans la contrée occidentale, où préside Varouna.
?Une fois trouvées la Vidéhaine et l'habitation de Ravana, une fois arrivés au mont Asta, revenez, après un mois écoulé. Ce temps expiré, je punirais de mort le retardataire!
?Si nous ramenons à la vue de Rama la belle Mithilienne, son épouse, nous aurons entièrement acquitté notre dette envers lui et payé d'un service le bon office qu'il nous a rendu. Je trouve dans ta grandeur un père donné par l'alliance aussi vénérable à mes yeux, Soushéna, qu'un père donné par la nature: il n'est pour moi aucun ami qui me soit égal à toi. Ainsi règle tout de telle sorte que j'aie bient?t le plaisir de te voir ici revenu après ta mission accomplie.? à peine eurent-ils entendu ce discours habile du monarque des simiens, que les singes partirent, l'ame transportée d'ardeur, sous les ordres de Soushéna, pour fouiller cette région, à laquelle préside le Dieu Varouna.
Aussit?t l'auguste suzerain de s'adresser au singe ?atabali en ces paroles utiles au pieux Rama et funestes au démon Ravana: ?Fais-toi accompagner, dit-il au vaillant héros, monarque estimé de tous les quadrumanes; fais-toi accompagner de cent mille rapides simiens, et fouille avec les singes fils d'Yama toute la région du nord, que protège le roi sage des Yakshas, des Rakshasas, des Gandharvas et des Kinnaras, le magnanime Dieu qui donne à son gré les richesses et qui voile au front avec une tache brune la place où manque l'un de ses yeux. Là, que vos grandeurs cherchent avec des singes invincibles cette noble fille de Vidéha, l'épouse du sage Rama. Vous devez, singes, au risque même d'y laisser votre vie, ne rien passer en cette région sans le visiter dans le but d'y retrouver la fille du roi des Vidéhains.
?Revenez, une fois trouvés la Mithilienne et l'asile de Ravana. Ne restez pas loin d'ici plus d'un mois: ce temps écoulé, je punirais de mort le retardataire!?
Il dit; et les singes, à qui ces paroles s'adressaient, de courber aussit?t la tête jusqu'à terre aux pieds de Rama et de leur monarque à la bravoure infinie; puis, de partir ensemble d'un vol rapide pour cette plage du monde où préside Kouvéra.
Les héros singes à la grande force vinrent, en bondissant, jurer cette promesse.
?Moi seul, je veux immoler Ravana dans le combat, et, quand j'aurai tué cet impur, enlever rapidement la fille du roi Djanaka.
?Je fendrai la terre et je bouleverserai les flots de la mer! Je franchirai, n'en doutez pas, vingt yodjanas d'un seul bond! Le grand monarque des quadrumanes a tort d'appeler pour cette guerre un si grand nombre de singes: il suffira de moi seul pour accomplir toute cette affaire.?
Pendant cette grande revue de Sougr?va, chacun des singes, dans l'orgueil de sa force, vint se lier individuellement par cette promesse; et, quand ils eurent tous prononcé le serment, ces magnanimes à la grande vigueur, les plus éminents des singes partirent chacun pour sa région avec le désir de satisfaire le suzerain.
Le roi Sougr?va fut content, alors qu'il eut expédié en éclaireurs les premiers généraux des armées simiennes par tous les points du ciel; et Rama, dans la compagnie de son frère, habita ce mont Prasravana, attendant que f?t expiré le mois accordé aux singes pour découvrir sa bien-aimée S?ta.
* * * * *
Après le départ des singes, Rama dit à Sougr?va: ?Par quelles circonstances, héros aux longs bras, as-tu jadis exploré ce monde? Comment ta grandeur a-t-elle pu conna?tre ce globe entier de la terre, si difficile à conna?tre? Comment l'as-tu parcouru?? à ces paroles de Rama: ?écoute, dit le monarque des singes; écoute, Rama; ce qui jadis m'a forcé de le voir.
?Chassé par Bali, mourant de peur, courant de toute ma vitesse, je visitai, noble fils de Kakoutstha, je visitai la terre de tous les c?tés, observant et les fleuves divers, et les cités, et les forêts. Je parcourus d'abord la plage orientale; puis j'errai ?à et là dans la région méridionale; ensuite je promenai dans les pays du couchant la terreur qui me talonnait sans cesse.
?Un long temps avait déjà coulé quand le fils du Vent eut un heureux souvenir et me tint ce langage: ?Matanga jadis a maudit Bali au sujet de Mahisha: ?Singe, a-t-il dit, garde-toi bien d'entrer jamais ici dans les bois du Rishyamo?ka! Ta tête, si tu enfreignais ma défense, se briserait en cent morceaux!? Cette haute montagne du Rishyamo?ka se
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