les cités, et les forêts. Je parcourus
d'abord la plage orientale; puis j'errai çà et là dans la région
méridionale; ensuite je promenai dans les pays du couchant la terreur
qui me talonnait sans cesse.
«Un long temps avait déjà coulé quand le fils du Vent eut un heureux
souvenir et me tint ce langage: «Matanga jadis a maudit Bâli au sujet
de Mahisha: «Singe, a-t-il dit, garde-toi bien d'entrer jamais ici dans les
bois du Rishyamoûka! Ta tête, si tu enfreignais ma défense, se briserait
en cent morceaux!» Cette haute montagne du Rishyamoûka se présente
à mon souvenir en ce moment. Allons-y tous, sire; ton frère n'y viendra
pas.»
«À ces mots d'Hanoûmat, moi, qui avais déjà fait cent fois le tour de la
terre, chassé par la crainte de Bâli, je me rendis à ce grand ermitage, où
je fus à l'abri de mon ennemi. Telles sont, en vérité, les circonstances
auxquelles je dus alors de voir par mes yeux mêmes ce monde entier et
le Djamboudwîpa dans sa vaste étendue.»
* * * * *
Cherchant la noble Vidéhaine, explorant la terre avec les montagnes,
les eaux et les forêts, tous les chefs des troupes simiennes avaient déjà
fouillé, pour y trouver l'épouse de Râma, toutes les plages du monde,
suivant la parole du maître et comme le roi des singes leur avait
commandé. Scrutant çà et là toutes les montagnes, les étangs, les
défilés, les forêts, les cavernes, les fourrés, les cataractes, les collines et
tous les rochers, les chefs des quadrumanes s'étaient rendus en tous les
pays que Sougrîva leur avait indiqués.
Tous, ils avaient mainte fois visité, inébranlables dans la recherche de
Sîtâ, les plateaux des montagnes avec leurs sommets plantés d'arbres
nombreux, et parcouru toutes les habitations.
Les recherches finies et le premier mois écoulé, les chefs des armées
simiennes retournèrent sans espérance vers le monarque des singes au
mont Prasravana.
Vinata, secondé par ses quadrumanes, avait fouillé entièrement la plage
orientale, mais il revint à la caverne Kishkindhyâ, n'ayant pas vu Sîtâ.
L'héroïque et grand singe Çatabali avait fouillé toute la contrée
septentrionale; mais il revint aussi, n'ayant pas vu Sîtâ. Soushéna, qui
avait porté ses pas dans les régions du couchant, revit son noble gendre
au bout du mois accompli; mais son retour n'apporta point de plus
grandes nouvelles au mont Prasravana.
Tous, ils s'approchent du monarque, assis avec son allié Râma sur un
flanc de la montagne; ils s'inclinent à ses pieds et lui tiennent ce
langage:
«On a fouillé toutes les montagnes, et les bois, et les fourrés, et les
fleuves, et les mers, et toutes les campagnes. On a parcouru les défilés;
on a visité les cavernes de toutes les formes; on a battu les massifs des
lianes ou des broussailles et coupé les hautes herbes. Nos singes, dans
la pensée qu'ils avaient peut-être devant eux une métamorphose de
Râvana, ont effarouché çà et là, ils ont tué même de grands,
d'épouvantables animaux, remplis de vigueur, doués horriblement de
force et de courage. Nos singes, criant, marchant, courant, sautant ou
grimpant, ont pénétré dans tous les endroits impénétrables, qu'ils ont
fouillé mainte et mainte fois. Ils n'ont rien ménagé pour atteindre au but
de leur voyage; mais nulle part ils n'ont pu saisir un seul renseignement
sur l'infortunée Vidéhaine.»
Hanoûmat, suivi des singes, à la tête desquels marchait Angada, s'en
était allé dans la région méridionale, suivant l'ordre que lui avait donné
Sougrîva.
Ces quadrumanes, cherchant avec fureur, sans ménager leur vie pour le
service de Râma, pénètrent dans les endroits les plus épouvantables ou
les plus inaccessibles.
Tous accablés de lassitude, manquant d'eau, exténués de faim et de soif,
après avoir fouillé cette plage méridionale, impraticable, hérissée par
des amas de montagnes, et cherché, malades de besoin, mais toujours
sans les trouver, un ruisseau et Sîtâ; alors, dis-je, tous ces quadrumanes,
épuisés de fatigue, s'étant réunis là, tombèrent dans l'abattement, l'âme
consternée, le visage défait, le corps tremblant à la pensée de Sougrîva
et l'esprit comme halluciné par la crainte du puissant monarque des
singes. Vivement affligés de ce qu'ils n'avaient pu voir ni Sîtâ, ni
Râvana, mourant de faim, de fatigue et de soif, ils virent, tandis qu'ils
aspiraient à trouver de l'eau, ils virent devant eux un antre formé par les
déchirements de la montagne; caverne enveloppée d'arbres, mais
engloutie dans une profonde nuit et capable d'inspirer la terreur au
céleste Indra lui-même.
De là sortaient de tous les côtés, hérons, cygnes, grues indiennes et
martins-pêcheurs, oies du brahmane, mouillées d'eau et le plumage
teint par le pollen des lotus, gallinules, pygargues, coqs-d'eau, canards
aux plumes rouges, kalahansas, pélicans et autres oiseaux aquatiques.
Le coeur de tous les singes fut saisi d'admiration à la vue de cette
caverne; et leur âme, suspendue entre l'espérance de l'eau et
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