Le Râmâyana - tome second | Page 7

Valmiky
quand il se fut prosterné aux pieds de Râma et de Sougrîva, le
noble singe, fils du Vent, escorté de ses compagnons, prit son essor
dans les airs. Semant la joie dans cette nombreuse armée de robustes
hommes des bois, le fils du Vent brillait alors dans le ciel balayé des
nuages, comme la lune au disque pur, environnée par les bataillons des
étoiles.
* * * * *
Quand Sougrîva eut fait partir sous les ordres d'Hanoûmat ces
quadrumanes, doués tous d'intelligence, de courage et d'une agilité

égale à la rapidité même du vent, le monarque à la grande splendeur
manda un chef d'une épouvantable vaillance, nommé Soushéna, le père
de Târâ, et, portant ses mains réunies à ses tempes, il s'inclina devant
lui, honora son illustre beau-père et lui tint ce langage: «Prête l'appui de
ton aide à Râma dans la présente affaire. Entouré de cent mille singes
rapides, va, mon doux seigneur, dans la contrée occidentale, où préside
Varouna.
«Une fois trouvées la Vidéhaine et l'habitation de Râvana, une fois
arrivés au mont Asta, revenez, après un mois écoulé. Ce temps expiré,
je punirais de mort le retardataire!
«Si nous ramenons à la vue de Râma la belle Mithilienne, son épouse,
nous aurons entièrement acquitté notre dette envers lui et payé d'un
service le bon office qu'il nous a rendu. Je trouve dans ta grandeur un
père donné par l'alliance aussi vénérable à mes yeux, Soushéna, qu'un
père donné par la nature: il n'est pour moi aucun ami qui me soit égal à
toi. Ainsi règle tout de telle sorte que j'aie bientôt le plaisir de te voir ici
revenu après ta mission accomplie.» À peine eurent-ils entendu ce
discours habile du monarque des simiens, que les singes partirent, l'âme
transportée d'ardeur, sous les ordres de Soushéna, pour fouiller cette
région, à laquelle préside le Dieu Varouna.
Aussitôt l'auguste suzerain de s'adresser au singe Çatabali en ces
paroles utiles au pieux Râma et funestes au démon Râvana: «Fais-toi
accompagner, dit-il au vaillant héros, monarque estimé de tous les
quadrumanes; fais-toi accompagner de cent mille rapides simiens, et
fouille avec les singes fils d'Yama toute la région du nord, que protège
le roi sage des Yakshas, des Rakshasas, des Gandharvas et des
Kinnaras, le magnanime Dieu qui donne à son gré les richesses et qui
voile au front avec une tache brune la place où manque l'un de ses yeux.
Là, que vos grandeurs cherchent avec des singes invincibles cette noble
fille de Vidéha, l'épouse du sage Râma. Vous devez, singes, au risque
même d'y laisser votre vie, ne rien passer en cette région sans le visiter
dans le but d'y retrouver la fille du roi des Vidéhains.
«Revenez, une fois trouvés la Mithilienne et l'asile de Râvana. Ne restez
pas loin d'ici plus d'un mois: ce temps écoulé, je punirais de mort le

retardataire!»
Il dit; et les singes, à qui ces paroles s'adressaient, de courber aussitôt la
tête jusqu'à terre aux pieds de Râma et de leur monarque à la bravoure
infinie; puis, de partir ensemble d'un vol rapide pour cette plage du
monde où préside Kouvéra.
Les héros singes à la grande force vinrent, en bondissant, jurer cette
promesse.
«Moi seul, je veux immoler Râvana dans le combat, et, quand j'aurai
tué cet impur, enlever rapidement la fille du roi Djanaka.
«Je fendrai la terre et je bouleverserai les flots de la mer! Je franchirai,
n'en doutez pas, vingt yodjanas d'un seul bond! Le grand monarque des
quadrumanes a tort d'appeler pour cette guerre un si grand nombre de
singes: il suffira de moi seul pour accomplir toute cette affaire.»
Pendant cette grande revue de Sougrîva, chacun des singes, dans
l'orgueil de sa force, vint se lier individuellement par cette promesse; et,
quand ils eurent tous prononcé le serment, ces magnanimes à la grande
vigueur, les plus éminents des singes partirent chacun pour sa région
avec le désir de satisfaire le suzerain.
Le roi Sougrîva fut content, alors qu'il eut expédié en éclaireurs les
premiers généraux des armées simiennes par tous les points du ciel; et
Râma, dans la compagnie de son frère, habita ce mont Prasravana,
attendant que fût expiré le mois accordé aux singes pour découvrir sa
bien-aimée Sîtâ.
* * * * *
Après le départ des singes, Râma dit à Sougrîva: «Par quelles
circonstances, héros aux longs bras, as-tu jadis exploré ce monde?
Comment ta grandeur a-t-elle pu connaître ce globe entier de la terre, si
difficile à connaître? Comment l'as-tu parcouru?» À ces paroles de
Râma: «Écoute, dit le monarque des singes; écoute, Râma; ce qui jadis
m'a forcé de le voir.

«Chassé par Bâli, mourant de peur, courant de toute ma vitesse, je
visitai, noble fils de Kakoutstha, je visitai la terre de tous les côtés,
observant et les fleuves divers, et
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 123
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.