Le Râmâyana - tome second | Page 6

Valmiky
mains aux tempes, annonce à Râma, digne en
tous points d'être aimé, que tous les singes à la grande vigueur sont
arrivés.
Quand les généraux singes, pareils à des cimes de montagnes, eurent
fait connaître exactement les états des armées, chacun s'en alla coucher
à son aise, ou dans les grottes du Mâlyavat, ou sur la rive de ses
cataractes, ou dans ses forêts charmantes.
* * * * *
Alors que le monarque vit tous les singes arrivés et campés sur la terre,
il adressa joyeux ces mots à Râma:
«Daigne me donner tes ordres maintenant que je suis environné de mes
armées. Veuille bien me conter la chose de la manière qu'elle doit
marcher.»
À ces paroles du monarque, le fils du grand Daçaratha étreignit
Sougrîva dans ses bras et lui répondit en ces termes: «Que l'on sache,
bel ami, si ma Vidéhaine vit ou non. Que l'on sache, monarque à la

haute sagesse, en quel pays demeure le démon Râvana. Quand je
connaîtrai bien l'existence de ma Vidéhaine et l'habitation de Râvana, je
déploierai avec ta grandeur les moyens exigés par les circonstances. Ni
Lakshmana, ni moi, ne sommes les maîtres dans cette affaire: tu es la
cause qui doit ici tout mouvoir, et c'est de toi que dépend toute la chose.
Ainsi, fais-moi connaître toi-même, seigneur, la part que tu m'assignes
dans cette affaire. L'homme qui trouve à s'appuyer sur un ami tel qu'est
ta grandeur, modeste, courageux, plein de sagesse et versé dans la
distinction des choses, doit parvenir à son but, je n'en doute pas.»
À ce langage, que Râma lui tenait d'une manière accentuée d'amour, le
monarque des singes appela un général de ses troupes, nommé Vinata,
à la voix tonnante comme une nuée d'orage, au corps semblable à une
montagne, et dit au héros quadrumane d'une épouvantable vigueur,
incliné devant lui avec respect: «Fais-toi accompagner par mille kotis
de rapides quadrumanes, et va, environné des plus élevés entre les
singes, qui savent mener et ramener une armée, fils eux-mêmes du
Soleil ou de Lunus, instruits à bien connaître les circonstances des lieux
et des temps; va, dis-je, fouiller toute la contrée orientale avec les forêts,
les montagnes et les eaux. Recherchez-y la Vidéhaine Sîtâ et
l'habitation de Râvana dans les régions impraticables des bois, dans les
cavernes et dans les forêts.»
* * * * *
Alors que le monarque des simiens eut expédié ces quadrumanes dans
le pays du levant, il fit partir d'autres singes pour les contrées
méridionales.
D'après son ordre, Târa le plus vaillant des singes, entouré de cent
milliers, se dirige, avec ses éminents compagnons, qui revêtent à leur
gré toutes les formes, vers les excellentes et vastes régions du sud. Le
roi fit connaître à ces quadrumanes, les principaux entre les simiens,
tous les pays qui, dans cette plage, offraient des chemins difficiles ou
dangereux.
Sougrîva tenait en grande estime la force et la bravoure d'Hanoûmat: ce
fut donc à ce quadrumane surtout, le plus excellent des singes, qu'il

adressa la parole en ces termes: «Je ne vois, prince des singes, ni sur la
terre, ni dans les eaux, ni dans l'atmosphère, ni dans les enfers, ni dans
le séjour des Immortels, oui! je ne vois personne qui puisse mettre un
obstacle à ta route. Les mondes te sont connus, grand singe, avec les
Dieux, et les Gandharvas, et les Nâgas, et les Dânavas, et les mers, et
les montagnes. Liberté d'allures, promptitude, force, légèreté: ces dons,
héros, sont tels en toi, qu'on les voit dans ton père, le magnanime Vent.
«Sur la terre, il n'existe aucun être qui te soit égal en force: veuille donc
agir de manière que la vue de Sîtâ soit rendue bientôt à nos yeux. Il y a
en toi, Hanoûmat, tout courage, toute énergie, toute force, avec un art
d'assouplir à ta volonté et les temps et les lieux, avec une science de
gouverner dégagée de toute impéritie.
Quand le monarque eut mis sur les épaules d'Hanoûmat la charge de
cette affaire, il parut s'épanouir de l'âme et des sens, comme s'il eût déjà
tenu la réussite en ses mains. Aussitôt que Râma eut compris que le roi
comptait sur Hanoûmat pour le succès de l'expédition, ce prince à la
grande intelligence réfléchit en lui-même, et lui donna joyeux son
anneau, sur lequel était gravé le caractère de son nom, pour qu'il se fît
reconnaître avec ce bijou par la fille des rois: «À sa vue, la fille du roi
Djanaka, noble singe, pensera que tu viens envoyé par moi, et ta vue ne
pourra lui causer d'inquiétude. Car ta sagesse, tes actions illustres et ce
choix dont t'honore Sougrîva, tout m'entretient déjà du succès, comme
s'il était obtenu.»
Hanoûmat reçoit l'anneau et le porte à son front avec ses mains jointes;
puis,
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