agitation morale.
Ruma-ruma, ténèbres, tristesses.
Tarehua, avoir les sens obscurcis, être visionnaire.
Tataraio, être ensorcelé.
Tunoo, maléfice.
Ohiohio, regard sinistre.
Puhiairoto, ennemi secret.
Totoro ai po, repas mystérieux dans les ténèbres.
Tetea, personne pâle, fantôme.
Oromatua, crâne d'un parent.
Papaora, odeur de cadavre.
Taihitoa, voix effrayante.
Tai aru, voix comme le bruit de la mer.
Tururu, bruit de bouche pour effrayer.
Oniania, vertige, brise qui se lève.
Tape tape, limite touchant aux eaux profondes.
Tahau, blanchir à la rosée.
Rauhurupe, vieux bananier; personne décrépite.
Tutai, nuées rouges à l'horizon.
Nina, chasser une idée triste; enterrer.
Ata, nuage; tige de fleur; messager; crépuscule.
Ari, profondeur; vide; vague de la mer...
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XIX
... Rarahu possédait un chat d'une grande laideur, en qui se résumaient
avant mon arrivée ses plus chères affections.
Les chats sont bêtes de luxe en Océanie, et pourtant leur race est là- bas
tout à fait manquée.--Ceux qui arrivent d'Europe font souche, et son
fort recherchés.
Celui de Rarahu était une grande bête efflanquée, haute sur pattes, qui
passait ses jours à dormir le ventre au soleil, ou à manger des
languerottes bleues. Il s'appelait Turiri.--Ses oreilles droites étaient
percées à leurs extrémités, et ornées de petits glands de soie, suivant la
mode des chats de Tahiti. Cette coiffure complétait d'une manière très
comique ce minois de chat, déjà fort extraordinaire par lui-même.
Il s'enhardissait jusqu'à suivre sa maîtresse au bain, et passait de
longues heures avec nous, étendu dans des poses nonchalantes.
Rarahu lui prodiguait les noms les plus tendres,--tels que: Ma petite
chose très chérie--et mon petit coeur (ta u mea iti here rahi) et (ta u
mafatu iti).
XX
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... Non, ceux-là qui ont vécu là-bas, au milieu des filles à demi
civilisées de Papeete,--qui ont appris avec elles le tahitien facile et
bâtard de la plage et les moeurs de la ville colonisée,--qui ne voient
dans Tahiti qu'une île où tout est fait pour le plaisir des sens et la
satisfaction des appétits matériels,--ceux-là ne comprennent rien au
charme de ce pays...
Ceux encore,--les plus nombreux sans contredit,--qui jettent sur Tahiti
un regard plus honnête et plus artiste,--qui y voient une terre d'éternel
printemps, toujours riante, poétique,--pays de fleurs et de belles jeunes
femmes,--ceux-là encore ne comprennent pas... Le charme de ce pays
est ailleurs, et n'est pas saisissable pour tous...
Allez loin de Papeete, là où la civilisation n'est pas venue, là où se
retrouvent sous les minces cocotiers,--au bord des plages de corail,
--devant l'immense Océan désert,--les districts tahitiens, les villages
aux toits de pandanus.--Voyez ces peuplades immobiles et
rêveuses;--voyez au pied des grands arbres ces groupes silencieux,
indolents et oisifs, qui semblent ne vivre que par le sentiment de la
contemplation... Écoutez le grand calme de cette nature, le bruissement
monotone et éternel des brisants de corail;--regardez ces sites
grandioses, ces mornes de basalte, ces forêts suspendues aux
montagnes sombres, et tout cela, perdu au milieu de cette solitude
majestueuse et sans bornes: le
Pacifique.........................................................
XXI
... Le premier soir où Rarahu vint se mêler aux jeunes femmes de
Papeete, était un soir de grande fête.
La reine donnait un bal à l'état-major d'une frégate, qui par hasard
passait...
Dans le salon tout ouvert, étaient déjà rangés les fonctionnaires
européens, les femmes de la cour, tout le personnel de la colonie, en
habits de gala.
En dehors, dans les jardins, c'était un grand tumulte, une grande
confusion. Toutes les suivantes, toutes les jeunes femmes, en robe de
fête et couronnées de fleurs, organisaient une immense upa-upa. Elles
se préparaient à danser jusqu'au jour, pieds nus et au son du tam-tam,-
tandis que chez la reine, on allait danser au piano, en bottines de satin.
Et les officiers qui avaient déjà des amies au dedans et au dehors, dans
ces deux mondes de femmes, allaient de l'un à l'autre sans détours, avec
le singulier laisser-aller qu'autorisent les moeurs tahitiennes...
La curiosité, la jalousie surtout avaient poussé Rarahu à cette sorte
d'escapade, depuis longtemps préméditée.--La jalousie, passion peu
commune en Océanie, avait sourdement miné son petit coeur sauvage.
Quand elle s'endormait seule au milieu de ce bois, couchée en même
temps que le soleil dans la case de ses vieux parents, elle se demandait
ce que pouvaient bien être ces soirées de Papeete que Loti son ami
passait avec Faïmana ou Téria, suivantes de la reine... Et puis il y avait
cette princesse Ariitéa, dans laquelle, avec son instinct de femme, elle
avait deviné une rivale...
--"Ia ora na, Loti!" (Je te salue, Loti!) dit tout à coup derrière moi une
petite voix bien connue, qui semblait encore trop jeune et trop fraîche
pour être mêlée au tumulte de cette fête.
Et je répondis, étonné:
--"Ia ora na, Rarahu!" (Je te salue, Rarahu!)
C'était bien elle, pourtant, la petite Rarahu, en robe blanche, et
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