Le Mariage Force | Page 6

Molière
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Je le serai.
- Pancrace -
��vitez la prolixit��.
- Sganarelle -
Eh ! monsi...
- Pancrace -
Tranchez moi votre discours d'un apophtegme �� la laconienne.
- Sganarelle -
Je vous...
- Pancrace -
Point d'ambages (15), de circonlution.
(Sganarelle, le d��pit de ne pouvoir parler, ramasse des pierres pour en casser la t��te du docteur.)
H�� quoi ! vous vous emportez au lieu de vous expliquer ? Allez, vous ��tes plus impertinent que celui qui m'a voulu soutenir qu'il faut dire la forme d'un chapeau ; et je vous prouverai, en toute rencontre, par raisons d��monstratives et convaincantes, et par arguments "in Barbara", que vous n'��tes et ne serez jamais qu'une p��core, et que je suis et serai toujours, "in utroque jure" (16), le docteur Pancrace.
- Sganarelle -
Quel diable de babillard !
- Pancrace -
(en rentrant sur le th��atre.)
Homme de lettres, homme d'��rudition.
- Sganarelle -
Encore ?
- Pancrace -
Homme de suffisance, homme de capacit��.
(S'en allant.)
Homme consomm�� dans toutes les sciences, naturelles, morales et politiques.
(Revenant.)
Homme savant, savantissime, "per omnes modos et casus" (17).
(S'en allant.)
Homme qui poss��de "superlative", fable, mythologie et histoire,
(Revenant.)
grammaire, po��sie, rh��torique, dialectique et sophistique,
(S'en allant.)
math��matiques, arithm��tique, optique, onirocritique (18), physique et m��taphysique,
(Revenant.)
cosmom��trie (19), g��om��trie, architecture, sp��culoire et sp��culatoire (20),
(S'en allant.)
m��decine, astronomie, astrologie, physionomie, m��toposcopie (21), chiromancie, g��omancie (22), etc.]
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Sc��ne VII. - Sganarelle.
- Sganarelle -
Au diable les savants qui ne veulent point ��couter les gens ! On me l'avait dit, que son ma?tre Aristote n'��tait rien qu'un bavard. Il faut que j'aille trouver l'autre ; peut-��tre qu'il sera plus pos�� et plus raisonnable. Hol�� !
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Sc��ne VIII. - Marphurius, Sganarelle.
- Marphurius -
Que voulez-vous de moi, Seigneur Sganarelle ?
- Sganarelle -
Seigneur docteur, j'aurais besoin de votre conseil sur une petite affaire dont il s'agit, et je suis venu ici pour cela.
(�� part.)
Ah ! voil�� qui va bien. Il ��coute le monde, celui-ci.
- Marphurius -
Seigneur Sganarelle, changez, s'il vous pla?t, cette fa?on de parler. Notre philosophie ordonne de ne point ��noncer de proposition d��cisive, de parler de tout avec incertitude, de suspendre toujours son jugement ; et, par cette raison, vous ne devez pas dire, je suis venu, mais, il me semble que je suis venu.
- Sganarelle -
Il me semble ?
- Marphurius -
Oui.
- Sganarelle -
Parbleu ! il faut bien qu'il me le semble, puisque cela est.
- Marphurius -
Ce n'est pas une cons��quence, et il peut vous le sembler, sans que la chose soit v��ritable.
- Sganarelle -
Comment ! il n'est pas vrai que je suis venu ?
- Marphurius -
Cela est incertain, et nous devons douter de tout.
- Sganarelle -
Quoi ! je ne suis pas ici, et vous ne me parlez pas ?
- Marphurius -
Il m'appara?t que vous ��tes l��, et il me semble que je vous parle ; mais il n'est pas assur�� que cela soit.
- Sganarelle -
H�� ! que diable ! vous vous moquez. Me voil��, et vous voil�� bien nettement, et il n'y a point de "me semble" �� tout cela. Laissons ces subtilit��s, je vous prie, et parlons de mon affaire. Je viens vous dire que j'ai envie de me marier.
- Marphurius -
Je n'en sais rien.
- Sganarelle -
Je vous le dis.
- Marphurius -
Il se peut faire.
- Sganarelle -
La fille que je veux prendre est fort jeune et fort jolie.
- Marphurius -
Il n'est pas impossible.
- Sganarelle -
Ferai-je bien ou mal de l'��pouser ?
- Marphurius -
L'un ou l'autre.
- Sganarelle -
(�� part.)
Ah ! ah ! voici une autre musique.
(A Marphurius.)
Je vous demande si je ferai bien d'��pouser la fille dont je vous parle.
- Marphurius -
Selon la rencontre.
- Sganarelle -
Ferai-je mal ?
- Marphurius -
Par aventure.
- Sganarelle -
De grace, r��pondez-moi comme il faut.
- Marphurius -
C'est mon dessein.
- Sganarelle -
J'ai une grande inclination pour la fille.
- Marphurius -
Cela peut ��tre.
- Sganarelle -
Le p��re me l'a accord��e.
- Marphurius -
Il se pourrait.
- Sganarelle -
Mais, en l'��pousant, je crains d'��tre cocu.
- Marphurius -
La chose est faisable.
- Sganarelle -
Qu'en pensez-vous ?
- Marphurius -
Il n'y a pas d'impossibilit��.
- Sganarelle -
Mais que feriez-vous, si vous ��tiez �� ma place ?
- Marphurius -
Je ne sais.
- Sganarelle -
Que me conseillez-vous de faire ?
- Marphurius -
Ce qu'il vous plaira.
- Sganarelle -
J'enrage !
- Marphurius -
Je m'en lave les mains.
- Sganarelle -
Au diable soit le vieux r��veur !
- Marphurius -
Il en sera ce qui pourra.
- Sganarelle -
(�� part.)
La peste du bourreau ! Je te ferai changer de note, chien de philosophe enrag��.
(Il donne des coups de baton �� Marphurius.)
- Marphurius -
Ah ! ah ! ah !
- Sganarelle -
Te voil�� pay�� de ton galimatias, et me voil�� content.
- Marphurius -
Comment ! Quelle insolence ! M'outrager de la sorte, avoir eu l'audace de battre un philosophe comme moi !
- Sganarelle -
Corrigez, s'il vous pla?t, cette mani��re de parler. Il faut douter de toutes choses ; et vous ne devez pas dire que je vous ai battu, mais qu'il vous semble que je vous ai battu.
- Marphurius -
Ah ! je m'en vais faire ma plainte au commissariat du quartier, des coups que j'ai re?us.
- Sganarelle -
Je m'en lave les mains.
- Marphurius -
j'en ai
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