Le Jour des Rois | Page 5

William Shakespeare
ne voudra pas de moi. Le comte lui-m��me, qui est ici tout pr��s, lui fait la cour.
SIR TOBIE.--Elle ne veut point du comte. Elle ne veut point de mari au-dessus d'elle, ni en fortune, ni en age, ni en esprit. Je lui en ai entendu faire le serment. Hem! il y a de la r��solution l��-dedans, ami!
SIR ANDR��.--Je veux rester un mois de plus. Je suis l'homme du monde qui a les id��es les plus dr?les: j'aime extr��mement les mascarades et les bals tout �� la fois.
SIR TOBIE.--��tes-vous bon pour ces balivernes, chevalier?
SIR ANDR��.--Autant qu'homme en Illyrie, quel qu'il soit, au-dessous du rang de mes sup��rieurs....; et cependant je ne veux pas me comparer �� un vieillard.
SIR TOBIE.--Quel est votre talent pour une _gaillarde_[14], chevalier?
[Note 14: Esp��ce de danse.]
SIR ANDR��.--H��! je suis en ��tat de faire une cabriole[15].
[Note 15: Caper, cabriole, capre.]
SIR TOBIE.--Et moi je sais d��couper le mouton.
SIR ANDR��.--Et je me flatte d'avoir le saut en arri��re aussi vigoureux qu'aucun homme de l'Illyrie.
SIR TOBIE.--Pourquoi donc cacher ces talents? Pourquoi tenir ces dons derri��re le rideau? Craignez-vous qu'ils prennent la poussi��re comme le portrait de madame Mall[16]? Que n'allez-vous �� l'��glise en dansant une gaillarde, pour revenir chez vous en dansant une _courante_? Je ne marcherais plus qu'au pas d'une _gigue_; je ne voudrais m��me uriner que sur un pas de cinq[17]. Que pr��tendez-vous? Le monde est-il fait pour qu'on enfouisse ses talents? Je croyais bien, �� voir la merveilleuse constitution de votre jambe, que vous aviez ��t�� form�� sous l'��toile d'une gaillarde.
[Note 16: Mall, surnomm��e Coupe-Bourse, femme fameuse dans les annales des lieux de prostitution.]
[Note 17: _A cinque-pace._]
SIR ANDR��.--Oui, elle est fortement constitu��e, et elle a assez bonne grace avec un bas de couleur de flamme. Irons-nous �� quelques divertissements?
SIR TOBIE.--Que ferons-nous de mieux? Ne sommes-nous pas n��s sous le Taureau?
SIR ANDR��.--Le taureau? c'est-��-dire, les flancs et le coeur[18].
[Note 18: Allusion �� l'astrologie m��dicale, qui rapporte les diff��rentes affections des parties du corps �� l'influence dominante de certaines constellations.]
SIR TOBIE.--Non, monsieur, ce sont les jambes et les cuisses. Que je vous voie faire la cabriole. Ah! plus haut: ah! ah! �� merveille.
(Ils sortent.)

SC��NE IV
Appartement du palais du duc.
VALENTIN ET VIOLA en habit de page VALENTIN.--Si le duc vous continue ses faveurs, vraiment, C��sario, vous avez bien l'air de faire une grande fortune: il n'y a encore que trois jours qu'il vous conna?t, et vous n'��tes d��j�� plus un ��tranger.
VIOLA.--Vous craignez donc ou l'inconstance de son humeur, ou ma n��gligence, pour mettre ainsi en doute la dur��e de son affection? Est-il inconstant, monsieur, dans ses go?ts?
VALENTIN.--Non, croyez-moi.
(Entrent le duc et Curio; suite.)
VIOLA, _�� Valentin_.--Je vous remercie.--Voici le comte qui vient.
LE DUC.--Qui de vous a vu C��sario?
VIOLA.--Il est �� votre suite, seigneur: me voici.
LE DUC, aux autres.--Retirez-vous un moment �� l'��cart.--C��sario, tu es instruit de tout; je t'ai ouvert le livre secret de mon coeur. Ainsi, bon jeune homme, dirige tes pas vers elle. Ne te laisse pas interdire l'entr��e: poste-toi �� ses portes, et dis-leur que ton pied y prendra racine jusqu'�� ce que tu obtiennes une audience.
VIOLA.--S?rement, mon noble duc, si elle est aussi abandonn��e �� son chagrin qu'on le dit, jamais elle ne voudra me recevoir.
LE DUC.--Fais du bruit, brave toutes les biens��ances, plut?t que de revenir sans succ��s.
VIOLA.--Admettez que je puisse lui parler, seigneur; que lui dirai-je alors?
LE DUC.--Ah! d��voile-lui toute la violence de mon amour; ��tonne-la du r��cit de ma tendresse. Il te si��ra bien de lui repr��senter mes souffrances; elle l'��coutera avec plus d'int��r��t dans la bouche de ta jeunesse, qu'elle ne ferait dans celle d'un d��put�� plus grave.
VIOLA.--Je ne le pense pas, seigneur.
LE DUC.--Crois-le, cher enfant, car c'est mentir �� tes belles ann��es, que de dire que tu es un homme. Les l��vres de Diane ne sont pas plus fra?ches, ni plus vermeilles. Ton filet de voix ressemble �� l'organe d'une jeune vierge: elle est per?ante et sonore; et tout en toi te rend propre �� jouer le r?le d'une femme. Je sais que ton ��toile te destine �� cette n��gociation.--(Aux autres.) Accompagnez-le, au nombre de quatre ou cinq, tous m��me si vous voulez; car pour moi, je ne me trouve jamais mieux que quand je suis seul.--(_A Viola._) R��ussis dans ce message, et tu vivras aussi ind��pendant que ton ma?tre; sa fortune sera la tienne.
VIOLA.--Je ferai donc de mon mieux ma cour �� votre ma?tresse.--(_Le duc sort._) Lutte remplie d'obstacles! Quel que soit mon r?le en lui faisant ma cour, je voudrais, moi, devenir la femme du duc.
(Tous sortent.)

SC��NE V
Appartement de la maison d'Olivia.
MARIE et LE BOUFFON.
MARIE.--Allons, dis-moi o�� tu as ��t��, ou je n'ouvrirai pas assez mes l��vres pour qu'un crin puisse y entrer, dans le but de t'excuser; ma ma?tresse te fera pendre pour t'��tre absent��.
LE BOUFFON.--Eh bien! qu'elle me pende; quiconque est bien pendu dans ce monde n'a plus rien
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