?les bestiaux consacr��s?, ?les vendeurs de contremarques c��lestes?, les pr��pos��s au ?bachot de l'Eucharistie?,--blasph��mes effroyables, puis-qu'ils vont jusqu'�� tourner en d��rision au moins deux des sept sacrements de l'Eglise! Mais il convient �� un proph��te de se donner des immunit��s: il se permet le blasph��me, mais seulement par exc��s de dilection. Ainsi sainte Th��r��se blasph��ma une fois quand elle accepta la damnation comme ran?on de son amour. Les blasph��mes de M. Bloy sont d'ailleurs d'une beaut�� toute baudelairienne, et il dit lui-m��me: ?Qui sait, apr��s tout, si la forme la plus active de l'adoration n'est pas le blasph��me par amour, qui serait la pri��re de l'abandonn��?? Oui, si le contraire de la v��rit�� n'est qu'une des faces de la v��rit��, ce qui est assez probable.
Il est facheux qu'on ne discute pas davantage les notions th��ologiques de M. Bloy; elles sont curieuses par leur tendance vaine vers l'absolu. Vaine, car l'absolu, c'est la paix profonde au fond des immensit��s silencieuses, c'est la pens��e contemplative d'elle-m��me, c'est l'unit��. Les efforts magnifiques de M. Bloy ne l'ont pas encore sorti assez souvent du chaos des pol��miques contradictoires; mais s'il n'a pas ��t��, aussi souvent qu'il aurait d?, le mystique ��perdu et glorieux qui prof��re les ?paroles de Dieu?, il l'a peut-��tre ��t�� plus souvent que tout autre; il a ��t�� ��lis��en en certaines pages de la Femme Pauvre.
Comme ��crivain pur et simple,--c'est le seul Bloy accessible au lecteur d��sint��ress�� de la crise surnaturelle,--l'auteur du _D��sesp��r��_ a re?u tous les dons; il est m��me amusant; il y a du rire dans les plus effr��n��es de ses diatribes: la galerie de portraits qui s'��tage en ce roman du LVe au LXe chapitre est le plus extraordinaire recueil des injures les plus sanglantes, les plus boueuses et les plus spirituelles. On voudrait, pour la s��curit�� de la joie, ignorer que ces masques couvrent des visages; mais quand tous ces visages seront abolis il restera: que la prose fran?aise aura eu son Juv��nal.
Il faut que tout le monde meure, y compris M. Bloy; que des g��n��rations soient n��es sans trouver dans leur berceau des tomes de Chaudesaignes ou de Dulaurier; que notre temps soit devenu de la paisible histoire anecdotique: alors seulement on pourra glorifier sans r��serves--et sans crainte d'avoir l'air d'un complice, par exemple de la _Causerie sur quelques Charognes_--des livres qui sont le miroir d'une ame violente, injuste, orgueilleuse--et peut-��tre ing��nue.
JEAN LORRAIN
C'est, depuis un grand nombre de si��cles, le jeu de l'humanit�� de creuser des foss��s pour avoir le plaisir de les franchir; ce jeu devint supr��me par l'invention du p��ch��, qui est chr��tienne. Qu'il est agr��able de lire les vieux casuistes espagnols ou le Confessarius Monialum, oeuvre italienne et cardinalice, si riches en questions singuli��res, si pleine des d��licieuses opinions du tol��rant Lamas et du complaisant Caramuel. Charmant Caramuel que tu aurais de bonnes et fructueuses causeries avec Jean Lorrain, rue d'Auteuil, dans le salon o�� il y a une t��te coup��e, sanglante et verte! Tu aurais sur les genoux ta _Th��ologie des R��guliers_ avec �� la page contest��e ton bonnet carr�� dont la houppette pendrait comme un signet; et, en face de toi, Lorrain te lirait un des sermons qu'il m��dita dans son Oratoire.
Il faut des choses permises et des choses d��fendues, sans quoi les go?ts h��sitants et paresseux s'arr��teraient �� la premi��re treille, se coucheraient sur le premier gazon venu. C'est peut-��tre la morale sociale qui a cr���� le crime et la morale sexuelle qui a cr���� le plaisir. Qu'un pacha doit ��tre vertueux au milieu de trois cents femmes! J'ai toujours pens�� que la destruction de Sodome fut un incendie volontaire, le suicide d'une humanit�� lasse de voir toujours le d��sir m?rir implacable dans le fastidieux verger de la volupt��.
De ce fruit ��ternel, M. Jean Lorrain, au lieu de le manger tout cru, fait des sirops, des gel��es, des cr��mes, des fondants, mais il m��le �� sa pate je ne sais quel gingembre inconnu, quel safran in��dit, quel girofle myst��rieux, qui transforme cette amoureuse sucrerie en un ��lixir ironique et capiteux. Le chef-d'oeuvre d'un tel laboratoire, il me semble bien que c'est le petit volume all��gu�� plus haut: jamais l'art n'alla plus loin dans le dosage m��ticuleux d? sucre et du piment, de la confiture de rose et du poivre rouge. Autre ?drageoir �� ��pices,? plus v��ritable et moins innocent, il semble sortir de la poche d'un de ces abb��s damn��s capables de boire le vin de la messe dans le soulier de leur ma?tresse; livre v��n��neux et souriant, fallacieux br��viaire o�� chaque vice a sa rubrique et son antiphone et qui tire ses ?le?ons? du martyrologe de Lesbos!
Oratoire parfum�� �� l'ambre gris, des femmes y ferment les yeux sous la voix de l'abb�� Blampoix, de l'abb�� Octave, du fr��re Hepicius, du p��re Reneus; elles ne sont pas bien sages sur
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