de l'orgueil.
Nous descend?mes aussit?t, et nous reconn?mes dans l'homme au fouet Francesco, c'est-��-dire l'autom��don qui nous avait amen�� en calessino de Salerne �� Naples. M. Martin Zir s'��tait adress�� �� lui comme �� un homme de l'��tat. Flatt�� de la confiance, Francesco avait fait vite et en conscience. Il s'��tait procur�� la caisse, il avait achet�� les chevaux, et il avait trouv�� de rencontre des harnais presque neufs; enfin, malgr�� la pr��tention que nous avions manifest��e de conduire nous-m��mes, il venait nous offrir ses services comme cocher.
Je commen?ai par lui demander la note de ses d��bours��s: il me la pr��senta. Comme l'avait dit M. Martin Zir, elle montait �� quatre-vingt-un francs.
Je lui en donnai quatre-vingt-dix; il mit sa croix au dessous du total en forme de quittance; puis je lui pris le fouet des mains, et je m'appr��tai �� monter dans notre ��quipage.
--Est-ce que ces messieurs ne me gardent pas �� leur service? nous demanda Francesco.
--Et pourquoi faire, mon ami? r��pondis-je.
--Mais pour faire tout ce dont je serai capable, et particuli��rement pour faire marcher vos chevaux.
--Comment! pour faire marcher nos chevaux?
--Oui.
--Nous, les ferons bien marcher nous-m��mes.
--Il faudra voir.
--J'en ai men�� de plus fringans que les tiens!
--Je ne dis pas qu'ils sont fringans, excellence.
--Et dans une ville o�� il est plus difficile de conduire qu'�� Naples, o�� jusqu'�� cinq heures de l'apr��s-midi il n'y a personne dans les rues.
--Je ne doute pas de l'adresse de son excellence, mais...
--Mais quoi?
--Mais son excellence a peut-��tre men�� jusqu'ici des chevaux vivans, tandis que...
--Tandis que? Voyons, parle.
--Tandis que ceux-ci sont des chevaux morts.
--Eh bien!
--Eh bien! je ferai observer �� son excellence que c'est tout autre chose.
--Pourquoi?
--Son excellence verra.
--Est-ce qu'ils sont vicieux, tes chevaux?
--Oh! non, excellence; ils sont comme la jument de Roland, qui avait toutes les qualit��s; seulement toutes ces qualit��s ��taient contrebalanc��es par un seul d��faut.
--Lequel?
--Elle ��tait morte.
--Mais s'ils ne marchent pas avec moi, ils ne marcheront avec personne.
--Pardon, excellence.
--Et qui les fera marcher?
--Moi.
--Je serais curieux de faire l'exp��rience.
--Faites, excellence.
Francesco alla d'un air goguenard s'appuyer contre la porte de l'h?tel, tandis que je sautais dans le corricolo, o�� m'attendait Jadin, et que je m'accommodais pr��s de lui.
A peine ��tabli, je rassemblai mes r��nes de la main gauche, et j'allongeai de la droite un coup de fouet qui enveloppa le bilancino et le porteur.
Ni le porteur ni le bilancino ne boug��rent; on e?t dit des chevaux de marbre.
J'avais op��r�� de droite �� gauche, je recommen?ai en op��rant cette fois de gauche �� droite. M��me immobilit��.
Je m'attaquai aux oreilles.
Ils se content��rent de secouer les oreilles comme ils auraient fait pour une mouche qui les e?t piqu��s.
Je pris le fouet par la lani��re et je frappai avec le manche.
Ils se content��rent de tourner leur peau comme fait un ane qui veut jeter son cavalier �� terre.
Cela dura dix minutes.
Au bout de ce temps, toutes les fen��tres de l'h?tel ��taient ouvertes, et il y avait autour de nous un rassemblement de deux cents lazzaroni.
Je vis que je donnais la com��die gratis �� la population de Naples. Comme je n'��tais pas venu pour faire concurrence �� Polichinelle, je pris mon parti. A l'instant m��me je jetai le fouet �� Francesco, curieux de voir comment il s'en tirerait �� son tour.
Francesco sauta derri��re nous, prit les r��nes que je lui tendais, poussa un petit cri, allongea un petit coup de fouet, et nous part?mes au galop.
Apr��s quelques ��volutions autour de la place, Francesco parvint �� diriger son attelage vers la rue de la Chiaja.
III
Chiaja.
Chiaja n'est qu'une rue: elle ne peut donc offrir de curieux que ce qu'offre toute rue, c'est-��-dire une longue file de batimens modernes d'un go?t plus ou moins mauvais. Au reste, Chiaja, comme la rue de Rivoli, a sur ce point un avantage sur les autres rues: c'est de ne pr��senter qu'une seule ligne de portes, de fen��tres et de pierres plus ou moins maladroitement pos��es les unes sur les autres. La ligne parall��le est occup��e par les arbres taill��s en berceaux de la Villa-Reale, de sorte qu'�� partir du premier ��tage des maisons, ou plut?t des palais de la rue de Chiaja, comme on les appelle �� Naples, on domine cette seconde partie du golfe qui s��pare de l'autre le chateau de l'Oeuf.
Mais si la rue de Chiaja n'est pas curieuse par elle-m��me, elle conduit �� une partie des curiosit��s de Naples: c'est par elle qu'on va au tombeau de Virgile, �� la grotte du Chien, au lac d'Agnano, �� Pouzzoles, �� Ba?a, au lac d'Averne et aux Champs-��lys��es.
De plus et surtout, c'est la rue o�� tous les jours, �� trois heures de l'apr��s-midi pendant l'hiver, et �� cinq heures de l'apr��s-midi pendant l'��t��, l'aristocratie napolitaine fait corso.
Nous allons donc abandonner la description des palais de Chiaja �� quelque honn��te architecte qui nous prouvera que l'art de la batisse a fait de grands progr��s depuis Michel-Ange
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.