jusqu'�� nous, et nous allons dire quelques mots de l'aristocratie napolitaine.
Les nobles de Naples, comme ceux de Venise, n'indiquent jamais de date �� la naissance de leurs familles. Peut-��tre auront-ils une fin, mais �� coup s?r ils n'ont pas eu de commencement. Selon eux, l'��poque florissante de leurs maisons ��tait sous les empereurs romains; ils citent tranquillement parmi leurs a?eux les Fabius, les Marcellus, les Scipions. Ceux qui ne voient clair dans leur g��n��alogie que jusqu'au douzi��me si��cle sont de la petite noblesse, du fretin d'aristocratie.
Comme toutes les autres noblesses europ��ennes, �� quelques exceptions pr��s, la noblesse de Naples est ruin��e. Quand je dis ruin��e, il est bien entendu qu'on doit prendre le mot dans une acception relative, c'est-��-dire que les plus riches sont pauvres comparativement �� ce qu'��taient leurs a?eux.
Il n'y a pas, au reste, �� Naples quatre fortunes qui atteignent cinq cent mille livres de rente, vingt qui d��passent deux cent mille, et cinquante qui flottent entre cent et cent cinquante mille. Les revenus ordinaires sont de cinq �� dix mille ducats. Le commun des martyrs a mille ��cus de rentes, quelquefois moins. Nous ne parlons pas des dettes.
Mais la chose curieuse, c'est qu'il faut ��tre pr��venu de cette diff��rence pour s'en apercevoir. En apparence, tout le monde a la m��me fortune.
Cela tient �� ce qu'en g��n��ral tout le monde vit dans sa voiture et dans sa loge.
Or, comme, �� part les ��quipages du duc d'��boli, du prince de Sant'Antimo ou du duc de San-Theodo, qui sortent de la ligne, tout le monde poss��de une cal��che plus ou moins neuve, deux chevaux plus ou moins vieux, une livr��e plus ou moins fan��e, il n'y a souvent, �� la premi��re vue, qu'une nuance entre deux fortunes o�� il y a un ab?me.
Quant aux maisons, elles sont presque toutes herm��tiquement closes aux ��trangers. Quatre ou cinq palais princiers ouvrent orgueilleusement leurs galeries dans la journ��e, et fastueusement leurs salons le soir; mais pour tout le reste il faut en faire son deuil. Le temps est pass�� o�� comme Ferdinand Orsini, duc de Gravina, on ��crivait au dessus de sa porte: Sibi, suisque, et amicis omnibus; pour soi, pour les siens et pour tous ses amis.
C'est qu'�� part ces riches demeures, qui perp��tuent �� Naples l'hospitalit�� nationale, toutes les autres sont plus ou moins d��chues de leur ancienne splendeur. Le curieux qui, avec l'aide d'Asmod��e, l��verait la terrasse de la plupart de ces palais, trouverait dans un tiers la g��ne, et dans les deux autres la mis��re.
Grace �� la vie en voiture et en loge, on ne voit rien de tout cela. On met sa carte au palais, mais on se rencontre au Corso, mais on fait ses visites au Fondo ou �� Saint-Charles. De cette fa?on, l'orgueil est sauv��; comme Fran?ois 1er on a tout perdu, mais du moins il reste l'honneur.
Vous me direz qu'avec l'honneur on ne mange malheureusement pas, et qu'il faut manger pour vivre. Or, il est ��vident que, lorsqu'on prend sur mille ��cus de rente l'entretien d'une voiture, la nourriture de deux chevaux, les gages d'un cocher et la location d'une loge au Fondo ou �� Saint-Charles, il ne doit pas rester grand'chose pour faire face aux d��penses de la table. A cela je r��pondrai que Dieu est grand, la mer profonde, le macaroni �� deux sous la livre, et l'asprino d'Aversa �� deux liards le fiasco.
Pour l'instruction de nos lecteurs, qui ne savent probablement pas ce que c'est que l'asprino d'Aversa, nous leur apprendrons que c'est un joli petit vin qui tient le milieu entre la tisane de Champagne et le cidre de Normandie. Or, avec du poisson, du macaroni et de l'asprino, on fait chez soi un charmant d?ner qui co?te quatre sous par personne. Supposez que la famille se compose de cinq personnes, c'est vingt sous.
Restent neuf francs pour soutenir l'honneur du nom.
--Mais le d��je?ner?
--On ne d��je?ne pas. Il est prouv�� que rien n'est plus sain que de faire un seul repas toutes les vingt-quatre heures. Seulement le repas change de nom et d'heure selon la saison o�� on le prend. En hiver, on d?ne �� deux heures, et moyennant ce d?ner on en a jusqu'au lendemain deux heures. En ��t��, on soupe �� minuit, et moyennant ce souper on en a pour jusqu'au lendemain minuit.
Puis il y a encore les ��l��gans, qui mangent du pain sans macaroni ou du macaroni sans pain pour s'en aller prendre le soir �� grand fracas une glace chez Donzelli ou chez Benvenuti.
Il va sans dire que cette hygi��ne n'est adopt��e que par les petites bourses. Ceux qui ont cinq cent mille livres de rente ont un cuisinier fran?ais dont la filiation de certificats est aussi en r��gle que la g��n��alogie d'un cheval arabe. Ceux-l�� font deux et quelquefois trois repas par jour. Pour ceux-l�� il n'y
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