Le Collier de la Reine, Tome II | Page 7

Alexandre Dumas, père
aper?ut et reconnut le roi. Il boutonna sa veste, comme honteux d'avoir eu un aussi illustre spectateur de sa faiblesse.
--Le roi, dit-il.
--Oui, monsieur de Charny, oui, moi-m��me, qui b��nis le ciel d'��tre venu ici pour vous apporter un peu de soulagement.
--Une ��gratignure, sire, balbutia Charny; une ancienne blessure, sire, voil�� tout.
--Ancienne ou nouvelle, dit Louis XVI, la blessure m'a fait voir votre sang, sang pr��cieux d'un brave gentilhomme.
--�� qui deux heures dans son lit rendront la sant��, ajouta Charny, et il voulut se lever encore; mais il avait compt�� sans ses forces. Le cerveau embarrass��, les jambes vacillantes, il ne se souleva que pour retomber aussit?t dans le fauteuil.
--Allons, dit le roi, il est bien malade.
--Oh! oui, fit le m��decin d'un air fin et diplomate, qui sentait sa p��tition d'avancement; mais cependant on peut le sauver.
Le roi ��tait honn��te homme; il avait devin�� que Charny cachait quelque chose. Ce secret lui ��tait sacr��. Tout autre l'e?t ��t�� cueillir aux l��vres du m��decin qui l'offrait si obligeamment; mais Louis XVI pr��f��ra laisser le secret �� son propri��taire.
--Je ne veux pas, dit-il, que monsieur de Charny coure aucun risque en retournant chez lui. On soignera monsieur de Charny �� Versailles; on appellera vite son oncle, monsieur de Suffren, et quand on aura remerci�� monsieur de ses soins, et il d��signait l'officieux m��decin, on ira chercher le chirurgien de ma maison, le docteur Louis. Il est, je crois, de quartier.
Un officier courut ex��cuter les ordres du roi. Deux autres s'empar��rent de Charny et le transport��rent au bout de la galerie, dans la chambre de l'officier des gardes.
Cette sc��ne se passa plus vite que celle de la reine et de monsieur de Crosne.
Monsieur de Suffren fut mand��, le docteur Louis appel�� en remplacement du surnum��raire.
Nous connaissons cet honn��te homme, sage et modeste, intelligence moins brillante qu'utile, courageux laboureur de ce champ immense de la science, o�� celui-l�� est plus honor�� qui r��colte le grain, o�� celui-l�� n'est pas moins honorable qui ouvre le sillon.
Derri��re le chirurgien, pench�� d��j�� sur son client, s'empressait le bailli de Suffren, �� qui une estafette venait d'apporter la nouvelle.
L'illustre marin ne comprenait rien �� cette syncope, �� ce malaise subit.
Lorsqu'il eut pris la main de Charny et regard�� ses yeux ternes:
--��trange! dit-il, ��trange! Savez-vous, docteur, que jamais mon neveu n'a ��t�� malade.
--Cela ne prouve rien, monsieur le bailli, dit le docteur.
--L'air de Versailles est donc bien lourd, car, je vous le r��p��te, j'ai vu Olivier en mer pendant dix ans, et toujours vigoureux, droit comme un mat.
--C'est sa blessure, dit un des officiers pr��sents.
--Comment sa blessure! s'��cria l'amiral; Olivier n'a jamais ��t�� bless�� de sa vie.
--Oh! pardon, r��pliqua l'officier en montrant la batiste rougie; mais je croyais....
Monsieur de Suffren vit du sang.
--C'est bon, c'est bon, fit avec une brusquerie famili��re le docteur, qui venait de sentir le pouls de son malade, n'allons-nous pas discuter l'origine du mal? Nous avons le mal, contentons-nous-en, et gu��rissons-le si c'est possible.
Le bailli aimait les propos sans r��plique; il n'avait pas accoutum�� les chirurgiens de ses ��quipages �� ouater leurs paroles.
--Est-ce bien dangereux, docteur? demanda-t-il avec plus d'��motion qu'il n'en voulait montrer.
--�� peu pr��s comme une coupure de rasoir au menton.
--Bien. Remerciez le roi, messieurs. Olivier, je te reviendrai voir.
Olivier remua les yeux et les doigts, comme pour remercier �� la fois son oncle qui le quittait, et le docteur qui lui faisait lacher prise.
Puis, heureux d'��tre dans un lit, heureux de se voir abandonn�� �� un homme plein d'intelligence et de douceur, il feignit de s'endormir.
Le docteur renvoya tout le monde.
Le fait est qu'Olivier s'endormit, non sans avoir remerci�� le ciel de tout ce qui lui ��tait arriv��, ou plut?t de ce qui ne lui ��tait pas advenu de mal en des circonstances si graves.
La fi��vre s'��tait empar��e de lui, cette fi��vre r��g��n��ratrice merveilleuse de l'humanit��, s��ve ��ternelle qui fleurit dans le sang de l'homme, et servant les desseins de Dieu, c'est-��-dire de l'humanit��, fait germer la sant�� dans le malade, ou emporte le vivant au milieu de la sant��.
Quand Olivier eut bien rumin��, avec cette ardeur des fi��vreux, sa sc��ne avec Philippe, sa sc��ne avec la reine, sa sc��ne avec le roi, il tomba dans un cercle terrible que le sang furieux vient jeter comme un filet sur l'intelligence.... Il d��lira.
Trois heures apr��s, on e?t pu l'entendre de la galerie o�� se promenaient quelques gardes; ce que remarquant le docteur, il appela son laquais et lui commanda de prendre Olivier dans ses bras. Olivier poussa quelques cris plaintifs.
--Roule-lui la couverture sur la t��te.
--Et qu'en ferai-je? dit le valet. Il est trop lourd et se d��fend trop. Je vais demander assistance �� l'un de messieurs les gardes.
--Vous ��tes une poule mouill��e, si vous avez peur d'un malade, dit le vieux docteur.
--Monsieur....
--Et si vous le trouvez trop lourd, c'est que vous n'��tes pas fort
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