Le Capitaine Arena:, vol 2 | Page 4

Alexandre Dumas, père
lequel il ne restait pas la moindre trace de sa col��re pass��e; la tarentelle.
--Allez lui chercher Th��r��sa et Ga?tano, dit le baron Pisani en s'adressant �� l'un des gardiens; puis se retournant vers nous:--Th��r��sa, continua-t-il, est une folle furieuse, et Ga?tano est un ancien ma?tre de guitare qui est devenu fou. C'est le m��n��trier de l'��tablissement.
Un instant apr��s, nous v?mes arriver Th��r��sa; deux hommes la portaient, et elle faisait d'incroyables efforts pour s'��chapper de leurs mains. Ga?tano la suivait gravement avec sa guitare, mais sans que personne e?t besoin de l'accompagner, car sa folie ��tait des plus inoffensives. Mais �� peine Th��r��sa eut-elle aper?u le baron, qu'elle courut dans ses bras en l'appelant son p��re; puis, l'entra?nant dans un coin de la cellule, elle se mit �� lui raconter tout bas les tracasseries qu'on lui avait faites depuis le matin.
--C'est bien, mon enfant, c'est bien, dit le baron, j'ai appris tout cela �� l'instant m��me, voil�� pourquoi j'ai voulu te r��compenser en te donnant un instant d'agr��ment: veux-tu danser la tarentelle?
--Ah! oui, ah! oui, la tarentelle, s'��cria la jeune fille en allant se placer devant son danseur, qui depuis un instant s'��tait d��j�� mis en mouvement et qui pelotait tout seul tandis que Ga?tano accordait son instrument.
--Allons, Ga?tano, allons, presto, presto, dit le baron.
--Un instant, votre majest��, il faut que l'instrument soit d'accord.
--Il me croit le roi de Naples, reprit le baron; il e?t ��t�� trop fier pour entrer an service d'un particulier, mais je l'ai fait premier musicien de ma chapelle, je lui ai donn�� le titre de chambellan, je l'ai d��cor�� du grand cordon de Saint-Janvier, de sorte qu'il est fort satisfait. Si vous lui parlez ayez la bont�� de l'appeler excellence.--Eh bien, ma?stro, o�� en sommes-nous?
--Voil��, votre majest��, dit le musicien en commen?ant l'air de la tarentelle.
J'ai d��j�� dit l'effet magique de cet air sur les Siciliens, mais jamais je n'avais vu un r��sultat pareil �� celui qu'il op��ra sur les deux fous; leurs figures se d��rid��rent �� l'instant m��me, ils firent claquer leurs doigts comme des castagnettes, et ils commenc��rent une danse dont le baron pressa de plus en plus la mesure; au bout d'un quart d'heure ils ��taient en sueur tous deux, et n'en continuaient pas moins, suivant la mesure toujours plus pr��cise avec une justesse ��tonnante: enfin, l'homme tomba le premier, ��puis�� de fatigue; cinq minutes apr��s la femme se coucha �� son tour; on mit l'homme sur son lit et l'on emporta la femme dans sa chambre. Le baron Pisani r��pondait d'eux pour vingt-quatre heures. Quant au guitariste, on l'envoya dans le jardin faire les d��lices du reste de la soci��t��.
M. le baron Pisani nous fit alors passer dans une grande salle, o��, quand par hasard il fait mauvais, les malades se prom��nent: cette salle ��tait pleine de fleurs, et les murs ��taient tout couverts de fresques repr��sentant presque toutes des sujets bouffons. C'est l�� surtout que le bon docteur, qui conna?t �� fond le genre de folie de chacun de ses pensionnaires, fait les ��tudes les plus curieuses; il les prend par-dessous le bras, les conduit tant?t devant une fresque, tant?t devant une autre, et les explique �� ses malades ou se les fait expliquer par eux: une de ces fresques repr��sente le gentil paladin Astolfe allant chercher dans la lune la fiole qui contient la raison de Roland. Je demandai alors au baron comment il avait os�� placer dans une maison de fous un tableau qui fait allusion �� la folie.--Ne dites pas trop de mal de cette fresque, me r��pondit le baron; elle en a gu��ri dix-sept.
Outre les fleurs log��es dans les embrasures de ses fen��tres et les fresques peintes sur ses murailles, cette salle contenait un certain nombre de tambours �� tapisserie, de m��tiers de tisserand et de rouets �� filer; chacun de ces instruments portait quelque ouvrage commenc�� par les fous. Une des premi��res r��gles de la maison est le travail; quiconque ne conna?t aucun m��tier, b��che la terre, tire de l'eau aux pompes ou porte du bois. Les dimanches et les jours de f��te ceux qui veulent se distraire, lisent, dansent, jouent �� la balle, ou se balancent sur des escarpolettes; le baron pr��tendant qu'une occupation quelconque est un des plus puissants rem��des �� la folie, et qu'il faut toujours que les fous travaillent ou s'amusent, fatiguent le corps ou occupent l'esprit. L'exp��rience au reste est pour lui: proportion gard��e, il gu��rit un nombre d'ali��n��s double de ceux que gu��rissent les m��decins qui appliquent �� leurs malades le traitement ordinaire.
De la salle de travail nous passames au jardin: c'est un d��licieux parterre, arros�� par des fontaines et abrit�� par de grands arbres, o�� tous ces pauvres malheureux se prom��nent presque toujours isol��s les uns des autres, chacun s'abandonnant �� son genre de folie, et suivant les all��es,
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