des bord��es; il y avait de cela cinq ou six heures. Le pilote nous r��pondit tranquillement que nous avions fait une demi-lieue. Je m'informai alors combien de temps pourrait durer la bourrasque, et j'appris que, selon toute probabilit��, nous en aurions encore pour trente-six ou quarante heures. En supposant que nous continuassions �� conserver sur le vent et la mer le m��me avantage, nous pouvions faire �� peu, pr��s huit lieues en deux jours: le gain ne valait pas la fatigue, et je pr��vins le capitaine que, s'il voulait rentrer dans le d��troit, nous renoncions momentan��ment �� aller plus avant. Cette intention pacifique ��tait �� peine formul��e par moi que, transmise imm��diatement �� Nunzio, elle fut �� l'instant m��me connue de tout l'��quipage. Le speronare tourna sur lui-m��me comme par enchantement; la voile latine et la voile de foc se d��ploy��rent dans l'ombre, et le petit batiment, tout tremblant encore de sa lutte, partit vent arri��re avec la rapidit�� d'un cheval de course. Dix minutes apr��s, le mousse vint nous dire que si nous voulions rentrer dans notre cabine elle ��tait parfaitement s��ch��e, et que nous y retrouverions nos lits, qui nous attendaient dans le meilleur ��tat possible. Nous ne nous le f?mes pas redire deux fois, et, tranquilles d��sormais sur la bourrasque devant laquelle nous marchions en courriers, nous nous endorm?mes au bout de quelques instants.
Nous nous r��veillames �� l'ancre, juste �� l'endroit dont nous ��tions partis la veille: il ne tenait qu'�� nous de croire que nous n'avions pas boug�� de place, mais que seulement nous avions eu un sommeil un peu agit��. Comme la pr��diction de Nunzio s'��tait r��alis��e de point en point, nous nous approchames de lui avec une v��n��ration encore plus grande que d'habitude pour lui demander de nouvelles centuries �� l'endroit du temps. Ses pr��visions n'��taient pas consolantes: �� son avis, le temps ��tait compl��tement d��rang�� pour huit ou dix jours; et il y avait m��me dans l'air quelque chose de fort ��trange, et qu'il ne comprenait pas bien. Il r��sultait donc des observations atmosph��riques de Nunzio que nous ��tions clou��s �� San-Giovanni pour une semaine au moins. Quant �� renouveler l'essai que nous venions de faire et qui nous avait si m��diocrement r��ussi, il ne fallait pas m��me le tenter.
Notre parti fut pris �� l'instant m��me. Nous d��clarames au capitaine que nous donnions six jours au vent pour se d��cider �� passer du nord au sud-est, et que si au bout de ce temps il ne s'��tait pas d��cid��e faire sa saute, nous nous en irions tranquillement par terre, �� travers plaines et montagnes, notre fusil sur l'��paule, et tant?t �� pied, tant?t �� mulets; pendant ce temps le vent finirait probablement par changer de direction, et notre speronare, profitant du premier souffle favorable, nous retrouverait au Pizzo.
Rien ne met le corps et l'ame �� l'aise comme une r��solution prise, f?t-elle exactement contraire �� celle que l'on comptait prendre. A peine la n?tre fut-elle arr��t��e que nous nous occupames de nos dispositions locatives. Les auberges de San-Giovanni, comme on le comprend bien, ��taient plus que m��diocres; pour rien au monde je n'aurais voulu remettre le pied �� Messine. Nous d��cidames donc que nous demeurerions sur notre speronare; en cons��quence on s'occupa �� l'instant m��me de le tirer �� terre, afin que nous n'eussions pas m��me �� supporter l'ennuyeux clapotement de la mer, qui dans les mauvais temps se fait sentir jusqu'au milieu du d��troit. Chacun se mit �� l'oeuvre, et au bout d'une heure le speronare, comme une car��ne antique, ��tait tir�� sur le sable du rivage, ��tay�� �� droite et �� gauche par deux ��normes pieux, et orn�� �� son babord d'une ��chelle �� l'aide de laquelle on communiquait de son pont �� la terre ferme. En outre, une tente fut ��tablie de l'arri��re au grand mat, afin que noua pussions nous promener, lire ou travailler �� l'abri du soleil et de la pluie. Moyennant ces petites pr��parations, nous nous trouvames avoir une demeure infiniment plus confortable que ne l'e?t ��t�� la meilleure auberge de San-Giovanni.
Le temps que nous avions �� passer ainsi ne devait point ��tre perdu: Jadin avait ses croquis �� repasser; et moi, pendant mes longues r��veries nocturnes sous ce beau ciel de la Sicile, j'avais �� peu pr��s arr��t�� le plan de mon drame de Paul Jones, dont il ne me restait plus que quelques caract��res �� mettre en relief et quelques sc��nes �� compl��ter. Je r��solus donc de profiter de cette esp��ce de quarantaine pour achever ce travail pr��paratoire, qui devait recevoir �� Naples son ex��cution, et d��s le soir m��me je me mis �� l'oeuvre.
Le lendemain, le capitaine nous demanda pour lui et ses gens la permission d'aller au village de La Pace pendant tout le temps que le vent soufflerait du nord; deux hommes resteraient
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