Le Capitaine Arena:, vol 1 | Page 2

Alexandre Dumas, père
c?te. Je vis bien quel ��tait le but de cette manoeuvre, attribu��e simplement au courant, et j'allai au-devant du d��sir de ces braves gens en les autorisant, non pas �� d��barquer, ils ne le pouvaient pas sans patente, mais �� s'approcher du rivage �� une assez faible distance pour que partants et restants pussent se faire encore une fois leurs adieux. Ils profit��rent de la permission, et en une vingtaine de coups de rames ils se trouv��rent �� port��e de la voix. Au bout d'une demi-heure de conversation le capitaine rappela le premier que nous n'avions pas de temps �� perdre: on fit voler les mouchoirs et sauter les chapeaux, comme cela se pratique en pareille circonstance, et l'on se mit en route toujours ramant; pas un souffle d'air ne se faisait sentir, et, au contraire, le temps devenait de plus en plus lourd.
Comme cette disposition atmosph��rique me portait tout naturellement au sommeil, et que j'avais long-temps vu et si souvent revu le double rivage de la Sicile et de la Calabre que je n'avais plus grande curiosit�� pour lui, je laissai Jadin fumant sa pipe sur le pont, et j'allai me coucher.
Je dormais depuis trois ou quatre heures �� peu pr��s, et tout en dormant je sentais instinctivement qu'il se passait autour de moi quelque chose d'��trange, lorsqu'enfin je fus compl��tement r��veill�� par le bruit des matelots courant au-dessus de ma t��te et par le cri bien connu de: Burrasca! burrasca! J'essayai de me mettre sur mes genoux, ce qui ne me fut pas chose facile, relativement au mouvement d'oscillation imprim�� au batiment; mais enfin j'y parvins, et, curieux de savoir ce qui se passait, je me tra?nai jusqu'�� la porte de derri��re de la cabine, qui donnait sur l'espace r��serv�� au pilote. Je fus bient?t au fait: au moment o�� je l'ouvrais, une vague qui demandait �� entrer juste au moment o�� je voulais sortir m'attrapa en pleine poitrine, et m'envoya bient?t �� trois pas en arri��re, couvert d'eau et d'��cume. Je me relevai, mais il y avait inondation compl��te dans la cabine; j'appelai Jadin pour qu'il m'aidat �� sauver nos lits du d��luge. Jadin accourut accompagn�� du mousse qui portait une lanterne, tandis que Nunzio, qui avait l'oeil atout, tirait �� lui la porte de la cabine, afin qu'une seconde vague ne submergeat point tout �� fait notre ��tablissement. Nous roulames aussit?t nos matelas, qui heureusement, ��tant de cuir, n'avaient point eu le temps de prendre l'eau. Nous les pla?ames sur des tr��teaux qui les ��levaient au-dessus des eaux comme l'esprit de Dieu; nous suspend?mes nos draps et nos couvertures aux porte-manteaux qui garnissaient les parois int��rieures de notre chambre �� coucher; puis, laissant �� notre mousse le soin d'��ponger les deux pouces de liquide au milieu duquel nous barbotions, nous gagnames le pont.
Le vent s'��tait lev�� comme l'avait dit le pilote et �� l'heure qu'il avait dit, et, selon sa pr��diction, nous ��tait tout �� fait contraire. N��anmoins, comme nous ��tions parvenus �� sortir du d��troit, nous ��tions plus �� l'aise, et nous courions des bord��es dans l'esp��rance de gagner un peu de chemin; mais il r��sultait de cette manoeuvre que la mer nous battait en plein travers, et que de temps en temps le batiment s'inclinait tellement que le bout de nos vergues trempait dans la mer. Au milieu de toute cette bagarre et sur un plan inclin�� comme un toit, nos matelots couraient de l'avant en arri��re avec une c��l��rit�� �� laquelle nous autres, qui ne pouvions nous tenir en place qu'en nous cramponnant de toutes nos forces, ne comprenions v��ritablement rien. De temps en temps le cri burrasca! burrasca! retentissait de nouveau; aussit?t on abattait toutes les voiles, on faisait tourner le speronare, le beaupr�� dans le veut, et l'on attendait. Alors le vent arrivait bruissant, et, charg�� de pluie, sifflait �� travers nos mats et nos cordages d��pouill��s, tandis que les vagues, prenant notre speronare en dessous, le faisaient bondir comme une coquille de noix. En m��me temps, �� la lueur de deux ou trois ��clairs qui accompagnaient chaque bourrasque, nous apercevions, selon que nos bord��es nous avaient rapproch��s des uns ou des autres, ou les rivages de la Calabre, ou ceux de la Sicile; et cela toujours �� la m��me distance: ce qui prouvait que nous ne faisions pas grand chemin. Au reste, notre petit batiment se comportait �� merveille et faisait des efforts inou?s pour nous donner raison contre la pluie, la mer et le vent.
Nous nous obstinames ainsi pendant trois ou quatre heures, et pendant ces trois ou quatre heures, il faut le dire, nos matelots n'��lev��rent pas une r��crimination contre la volont�� qui les mettait aux prises avec l'impossibilit�� m��me. Enfin, au bout de ce temps, je demandai combien nous avions fait de chemin depuis que nous courions
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