Lavaleur de sabres | Page 4

Paul H. C. Féval
boucher! Au carillon, Am��d��e! (haut) La mort d'Abel, par le m��me qui avalera trois sabres de cavalerie et cassera une demi-douzaine de cailloux sur les appas de madame Canada, premi��re physicienne de l'Observatoire, (bas) Nom de nom! regardez! un pair de France ��tranger ou marchand d'esclaves des colonies! c'est pour la petite blonde! Allume! (haut) Danses et ��l��vations sur la corde roide, par mademoiselle Freluche, unique ��l��ve que madame Saqui a emp��ch��e depuis quelque temps de para?tre en public suite �� la jalousie qu'elle lui inspire! (dans le porte-voix) Madame Saqui! madame Saqui! madame Saqui!
Tout h��ro?sme a sa r��compense. Quand ��chalot s'arr��ta ��puis��, il y avait au moins une douzaine et demie de badauds devant la plate-forme du Th��atre Fran?ais et Hydraulique: trois artilleurs, trois Picardes, deux bonnes femmes entre lesquelles un jeune homme faisait le panier �� deux anses; quatre ou cinq soldats de la ligne et autant de gamins.
Il y avait en outre la jeune dame blonde donnant la main �� une adorable petite fille de trois ans, et un personnage de grande taille, tr��s brun de poil, plus brun de peau, qui suivait d'un oeil fixe et sombre la jolie dame et son bijou de petite fille.
L'arm��e de madame Canada, ��lectris��e par cette affluence inattendue s'��veilla. Le lancier polonais agita sa cloche avec fi��vre en dardant aux payses, aux grosses m��res, �� tout ce qui portait jupon, des oeillades incendiaires. Dans l'humble situation que le sort lui avait faite, cet homme ��tait le type pur de Don Juan. La musique ��clata et mademoiselle Freluche lan?a des taloches fr��n��tiques au tam-tam, tandis qu'��chalot poussait des rauquements de tigre dans son porte-voix.
H��las! tout cela fut inutile. Les trois payses pass��rent, et certes, malgr�� la douceur de son naturel, madame Canada les e?t volontiers ��trangl��es, car elles entra?n��rent �� leur suite les trois artilleurs. Les deux grosses m��res avec leur gar?on boucher suivirent, attirant les gamins que ce trio divertissait. Les cinq soldats de la ligne firent comme les gamins, et la jolie blonde elle-m��me, tournant le dos en sens contraire, prenait d��j�� la route du faubourg Saint-Antoine, lorsque sa petite fille dit d'une voix gentille et doucette comme le chant d'un oiseau:
--Maman, je voudrais voir madame Saqui.
--Madame Saqui! madame Saqui! madame Saqui! rugit ��chalot dans son porte-voix. Deux sous! deux sous! deux sous!
L'enfant pesa sur la main de sa m��re qui s'arr��ta aussit?t.
--Amorc��! murmura le jeune Saladin, qui suivait cette sc��ne muette d'un regard d��j�� connaisseur.
Les yeux de Saladin ��taient assez beaux, mais dans l'action de regarder fixement, ils s'arrondissaient comme des yeux d'��pervier.
La jolie blonde ��leva l'enfant dans ses bras en un mouvement de caresse passionn��e.
--Nous demeurons bien loin, dit-elle, et il est tard. Demain, si tu voulais, Petite-Reine, nous descendrions voir la danseuse de corde du pont d'Austerlitz.
--Non, r��pondit Petite-Reine, c'est aujourd'hui, et c'est madame Saqui que je veux voir.
La jeune m��re, ob��issante, monta l'escalier tremblant qui conduisait �� la plate-forme. Madame Canada, enlevant d'une main sa partie de grosse caisse, et faisant grincer de l'autre sa paire de cymbales ��br��ch��es, enveloppa la m��re et l'enfant dans un regard de tendre gratitude. Elle avait bon coeur, elle les e?t embrass��es.
Et il y avait de quoi, car le ?pair de France ��tranger? suivit la piste de la jolie blonde en rabattant son chapeau sur ses yeux. Deux demoiselles dont nous n'avons pas encore parl�� et qui semblaient ne point appartenir au monde gourm�� du faubourg Saint-Germain suivirent ce marchand d'esclaves; trois commis de magasin suivirent les deux demoiselles.
Les cinq soldats de la ligne, ayant vu cela, se consult��rent: partout o�� l'on va, ils vont, le nez au vent, l'air ��tonn��, la conscience sereine. Ils embo?t��rent le pas.
Les trois gamins se dirent: ?Para?t qu'il y a quelque chose de fameux?; et ils prirent la file.
--Oh��! fit le gar?on boucher �� ses deux grosses m��res, payez-vous l'espectacle!
Et les trois artilleurs, saisissant cet instant pour offrir leurs bras aux trois payses, propos��rent les d��lices du th��atre en vogue.
Vous voyez si madame Canada devait de la reconnaissance �� Petite-Reine!
--Deux sous! deux sous! deux sous! Prenez vos billets!
De tous les coins de la place les moutons de Panurge arrivaient.
--Suivez le monde!!!
La baraque ��tait pleine. ��chalot, altier comme une tour, finit par se mettre au-devant de l'entr��e et renvoya un dernier gamin d'apparence insolvable, en disant:
--Complet! Si je poss��dais la vaste salle de l'Acad��mie royale de musique, jeune homme, je ne serais pas oblig�� de refuser tous les jours ma fortune!

II
Le roi des ��tudiants
Elle ��tait pleine la baraque de madame Canada, premi��re physicienne des diverses capitales de l'Europe, v��ritablement pleine. Mais comme notre drame est tout entier dans la jeune dame blonde qui avait c��d�� �� l'enfantin caprice de sa fillette, nous ne nous occuperons que de Petite-Reine et de sa m��re.
Entr��es les premi��res, elles ��taient naturellement au premier rang, et le parcimonieux ��clairage
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 173
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.