de la sc��ne tombait d'aplomb sur elles. Il est probable que les trois quinquets servant de rampe et de lustre au Th��atre Fran?ais et Hydraulique n'avaient jamais envoy�� leurs fumeux rayons �� rien de si exquis. L'enfant ��tait gracieuse adorablement, mais la jeune m��re ��tait plus gracieuse encore.
Certes, le lecteur n'a pu supposer que nous ayons eu l'id��e folle d'introduire, pour lui, une grande dame dans la baraque de madame Canada. Madame Lily, ou, comme on l'appelait encore dans le quartier Mazas, la Gloriette n'��tait ni comtesse ni baronne; elle tenait m��me, et par plus d'un c?t�� tr��s apparent, �� la classe populaire; mais il y avait dans son maintien quelque chose de si net et de si d��cent; sa toilette, tr��s simple, portait un cachet si modestement mesur��, et en m��me temps si ��l��gant, malgr�� l'humble valeur des objets qui la composaient, qu'on e?t h��sit��, en conscience, �� la ranger dans la cat��gorie des simples ouvri��res.
Elle portait haut, sans le vouloir, sans le savoir aussi; elle ��tait ?distingu��e? en d��pit du petit cabas qui lui pendait au bras, car, il faut bien vous le dire, elle ��tait venue �� la barri��re du Tr?ne tout expr��s pour acheter son d?ner un peu moins cher que dans Paris.
Elle ��tait jolie tout uniment et si franchement que son aspect ��pandait une joie. Il y avait en elle un d��licat rayonnement de vie et de jeunesse �� peine voil�� par une nuance de m��lancolie, qui n'��tait pas sa nature m��me, et qui trahissait �� demi le secret d'un malheur fi��rement support��.
Pourquoi l'appelait-on la Gloriette? vous croirez l'avoir devin�� quand je vous aurai dit que l'homme au teint bronz��, cette mani��re de nabab qu'��chalot appelait le marchand d'esclaves, assis non loin d'elle, n'osa point lui adresser la parole, malgr�� sa pauvre robe noire, coton et laine; son chale ��galement noir, qui n'��tait pas m��me en vrai m��rinos, et son chapeau dont le taffetas avait des reflets un peu fauves.
Non, ce n'��tait pas pour cela; ce n'��tait pas non plus pour le regard presque toujours souriant, mais parfois si hautain de ses grands yeux noirs, d��licieux contraste �� sa blonde chevelure.
Un matin, et il y avait d��j�� longtemps, Petite-Reine ne marchait pas encore, on avait vu madame Lily monter en fiacre avec une robe de soie et un chale qui pouvait bien ��tre un cachemire.
Le chale et la robe n'avaient jamais reparu, et cette banque populaire qui porte un si dr?le de nom: le mont-de-pi��t��, savait sans doute ce que la robe et le chale ��taient devenus. Ce n'��tait pas encore pour cela, non.
Les voisins de madame Lily l'appelaient la Gloriette, �� cause de Justine, sa ch��re gloire, sa fille, son tr��sor ch��ri, qui avait aussi l'honneur d'un surnom: Petite-Reine. Il faut d'ordinaire la fortune, le talent ou le vice pour ��mouvoir les cancans d'un quartier de Paris. Madame Lily ��tait tr��s pauvre; elle n'avait aucun talent connu, elle vivait seule et rigoureusement retir��e. Pourtant Dieu sait que son quartier s'occupait d'elle.
On ��tait parvenu �� savoir vaguement quelques couplets d'une l��gende dont elle ��tait l'h��ro?ne.
Elle venait de tr��s bas--de si bas que beaucoup se demandaient si elle n'��tait point un peu princesse.
Pour trouver sa patrie, il fallait passer la Seine, et remonter le boulevard de l'H?pital. Au-del�� de la barri��re d'Italie, il existait alors une ville ��trange, toute compos��e de chiffonniers qui s'��taient bati des maisons avec l'impossible.
Cette ville avait des quantit��s de noms. Elle s'appelait Babylone, P��kin-la-Guenille, le Camp-des-Aristos, la Garouille, la Californie, ou la vall��e de Cachemire, au choix.
Quatre ou cinq ans en ?a, il y avait dans cette cit�� de la mis��re parisienne toujours pr��te �� se railler elle-m��me une jeune fille belle comme les amours et qui n'avait jamais port�� la hotte, occup��e qu'elle ��tait du matin au soir �� servir les habitu��s de la Maison-d'Or.
La Maison-d'Or de P��kin-la-Guenille, bien autrement achaland��e que l'��tablissement du m��me nom, situ�� boulevard des Italiens, ��tait une grande masure, construite avec des os, de la boue, du papier, des tessons de bouteille et des copeaux. Nous citons seulement les principaux mat��riaux; en soumettant ses murailles �� l'analyse, on e?t trouv�� d'incroyables fantaisies. Le toit ��tait presque enti��rement form�� de vieilles semelles, dispos��es avec art comme les ��cailles des poissons. Au-dessus de la porte se trouvait un squelette de chat qu'on avait employ�� comme moellon de son vivant et que le temps avait proprement diss��qu��.
La Maison-d'Or ��tait tenue par Barbe Mahaleur, dite ?l'Amouret-la-Chance?, ancienne guitariste, pr��sentement cabareti��re, sage-femme non re?ue par la Facult�� et M��re des chiffonniers.
C'��tait une forte cr��ature d'une cinquantaine d'ann��es, taill��e comme un homme et sabr��e par la petite v��role. Elle avait les moeurs de la grande Catherine et battait cruellement ses Orloff. L'un d'eux cependant lui avait arrach�� l'oeil gauche dans un moment d'humeur. Il lui manquait aussi la moiti�� de son
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