Lart russe | Page 3

Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
les rampes m��ridionales de l'Oural, dut rester ouverte et famili��re aux derni��res migrations des tribus Aryennes, et c'est ainsi que celles-ci purent subir pendant des si��cles les influences de l'extr��me Orient.
Le dernier torrent aryen, en passant entre les rampes m��ridionales de l'Oural et la mer Caspienne, avait laiss�� �� sa droite, le long des contr��es occidentales de l'Oural, les races finnoises qui occupaient probablement ces territoires et, s'avan?ant droit devant lui, avait envahi la vieille Russie, la Lithuanie, la Livonie, puis enfin le Danemark et la Su��de. Et, sur cette zone, on trouve la trace caract��ris��e d'un art dont les origines sont tout orientales.
Que ces populations aient ��t�� demander �� Byzance des artistes, des objets de luxe, des ��toffes, cela n'est pas douteux.
Elles ��taient voisines de la capitale de l'empire, qu'elles firent trembler souvent; tant?t ennemies, tant?t alli��es de la cour de Byzance, elles tiraient de cette double situation des avantages qui se traduisaient par des pr��sents ou des sommes consid��rables.
Le go?t de l'art byzantin p��n��trait ainsi chez les Russes; mais il n'��touffait pas ces germes emprunt��s �� la source orientale qui restaient vivaces et dont on suit les influences jusqu'�� nos jours.
Ce sont ces origines qu'il est bon d'abord de signaler.
De notre temps, par un de ces retours dont l'histoire de l'humanit�� montre des exemples, les Russes ont une tendance �� reprendre peu �� peu possession de leur berceau: on les a vus se diriger de Kasan �� Perm en remontant la Kama; franchir l'Oural; descendre dans les contr��es d'o�� sortirent les Hongrois, �� l'est de ces montagnes; traverser la rivi��re de Tobol; occuper toute la Sib��rie jusqu'�� la mer d'Okhotsk, les rives du fleuve Amour, longeant ainsi toute la cha?ne du petit Alta?, et d��passer les monts Stanovoy.
Entre eux et l'Inde, le grand Thibet, la Chine, et le grand d��sert de Chamo forment la seule barri��re naturelle qui les emp��che de descendre vers le sud.
Il n'y a pas lieu de s'��tonner si, parall��lement �� ce mouvement national qui est dans l'ordre des choses, il se manifeste en Russie un d��sir tr��s-vif et l��gitime de ressaisir l'art national si longtemps domin�� par l'imitation des arts occidentaux!
[Illustration: Casque en bronze dor�� trouv�� sur la presqu'?le de Tunan.]

CHAPITRE PREMIER
DES ORIGINES DE L'ART RUSSE
D��s le VIe si��cle de l'��re chr��tienne, les Slaves occupaient une grande partie de l'Europe, depuis la mer Baltique jusqu'�� la mer Noire. Les historiens byzantins les d��peignent comme des peuples diff��rant essentiellement des Germains et des Sarmates Caucasiens. D��j�� du temps de Justinien, s'��tant alli��s aux Ougres et aux Antes, ils attaquent l'empire qui finit par acheter leurs services. Vers la fin de ce si��cle, les Avars entrant en sc��ne et, en 568, leur puissance s'��tendait du Volga �� l'Elbe.
Ces Avars ��taient sous la conduite d'un Kan avec lequel la cour de Byzance fut oblig��e de traiter. Ils semblent avoir atteint un degr�� de civilisation assez avanc��, car on trouve en Sib��rie, au milieu de l'Alta? d'o�� ils ��taient sortis, des tombeaux qui renferment quantit�� d'objets pr��cieux.
Pendant les derni��res ann��es du VIe si��cle, les Avars soumettent les Antes et les Slaves du sud. Ceux de Boh��me se r��voltent bient?t et recouvrent leur ind��pendance. Au VIIe si��cle, on trouve les Slaves ��tablis dans la Thrace, dans la Moesie et la Bulgarie actuelle, dans le P��loponn��se, en Bithynie, en Phrygie, en Dardanie et m��me en Syrie.
Ainsi formaient-ils autour de Constantinople des agglom��rations, tant?t combattant, tant?t aidant l'empire.
En 635, les Avars du Danube sont chass��s par les Slaves qui redeviennent possesseurs de leur ancien territoire.
Quant aux territoires de la Russie actuelle, des populations finnoises ou tchoudes les occupaient au nord, sous les d��nominations de M��riens autour de Rostov; de Mouromiens, sur l'Oka, �� son embouchure dans le Volga; de Tch��r��misses, Mechtch��res et Mordviens, au sud-est des M��riens; de Liviens, en Livonie; de Tchoudes, en Esthonie et �� Test, vers le lac Ladoga; de Naroviens, sur le territoire de Narva; de Jamiens ou Emiens en Finlande; de Vesses sur le lac Bielo-Osero; de Permiens dans le gouvernement de Perm; de Yougres ou Ostiaks actuels de B��r��zof sur l'Obi et la Sozva, et de Petchores sur la Petchora.
Ces populations, de moeurs douces, d��pourvues d'initiative, abandonn��rent peu �� peu les immenses territoires qu'elles occupaient, soit au nord de la Russie, soit en Norv��ge, aux races conqu��rantes Slaves et Var��gues (Scandinaves).
Les Khosars ou Khasars, qui habitaient les c?tes occidentales de la mer Caspienne et qui ravag��rent l'Arm��nie, l'Ib��rie et la M��die sans que les empereurs d'Orient essayassent de s'y opposer, apparurent les armes �� la main au commencement du VIIIe si��cle sur les rives du Dnjeper et subjugu��rent les populations slaves Ki��viens[1], S��v��riens[2], Radimitches et Viatitches[3].
[Note 1: Les habitants du territoire de Kiew.]
[Note 2: Voisins des Polaniens, sur les bords de la Desna, de la S��ma et de la Soula, dans les Gouvernements de Tchernigov
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