ne rappellent guère les chapiteaux
grecs et romains ioniques et corinthiens de l'époque des premiers
Césars, mais qu'ils appartiennent à un autre art dont nous retrouvons les
éléments en Asie et jusque dans l'extrême Orient. De même pour toute
l'ornementation. Au lieu de dériver immédiatement d'une inspiration de
la flore, comme dans l'architecture grecque des beaux temps et jusque
sous les premiers empereurs de Rome, elle est toute empreinte d'un
hiératisme vieilli, dont on a longtemps usé et abusé. On peut en dire
autant de la peinture, des harmonies obtenues par la juxtaposition des
tons: cela ne rappelle ni l'antiquité grecque, ni l'antiquité romaine, c'est
asiatique.
L'art byzantin, quittant la voie tracée par l'antiquité grecque païenne
dans la statuaire et la peinture, abandonnant cette recherche de plus en
plus exacte de la nature qui penchait déjà, sous les Antonins, vers le
réalisme, se rattache aux traditions archaïques de l'Asie. Il prétend
immobiliser les types, suspendre le libre arbitre de l'artiste, l'astreindre
à des formules invariables. En un mot, le propre de l'art byzantin, à un
point de vue philosophique, est de quitter la voie occidentale ouverte
par les Grecs, pour se rattacher entièrement à l'esprit asiatique porté
vers l'immobilité en toutes choses.
Merveilleusement placé pour opérer cette transformation, le nouveau
siège de l'empire était au centre des voies qui, de tous les points de
l'Asie, aboutissaient au Bosphore pour communiquer avec l'Occident.
Ajoutons à cela que l'Europe occidentale allait être sillonnée par les
incursions des Barbares et que la vieille machine romaine se disloquait
de toutes parts.
Byzance devenait donc le point central, comme le résumé de tous les
éléments d'art du monde connu. Et c'était à cette capitale que, pendant
des siècles, l'Europe devait recourir pour trouver ces éléments. Aussi
l'influence de Byzance se faisait-elle sentir encore, au XIIe siècle,
jusqu'aux limites de l'Occident, et les arts italiens, français, anglais,
rhénans et germains se constituèrent à son école.
Les croisades et les rapports journaliers politiques qui en résultèrent
avec Constantinople contribuèrent à activer ce mouvement. Toutefois,
c'est précisément après cette sorte d'enseignement que l'Occident
recueillait au centre de l'Empire d'Orient qu'il s'affranchit assez
brusquement de l'influence byzantine pour prendre des voies
différentes.
Mais ces nations occidentales possédaient encore, même au XIIe siècle,
des traditions romaines, qui n'avaient cessé d'exercer leur action, puis
des apports nouveaux appartenant aux populations barbares qui avaient
sillonné l'Europe du Ve au VIIe siècle. Si faibles qu'ils fussent, ces
apports ne laissaient pas moins des traces encore visibles de nos jours.
Ainsi, ne perdons pas de vue ce point important: l'art byzantin, dans sa
constitution pratique aussi bien que dans sa forme, est un résumé
d'éléments très-divers dont le régime impérial prétendit former un tout
immuable, une formule hiératique soumise à des lois rigoureuses. Mais
comme, en ce monde, ce qui ne se transforme pas atteint fatalement la
décrépitude et la mort, l'art byzantin était condamné, après avoir jeté un
vif éclat, à s'éteindre peu à peu et ses dernières expressions, bien que
les écoles subsistassent, bien que les causes de production fussent
entretenues, sont loin d'avoir la valeur de celles formées du Ve au VIIe
siècle.
Quant au peuple Russe, composé d'éléments divers mais où dominaient
les Slaves, au moment où ce vaste Empire commença de se constituer,
sous les grands princes, au milieu de luttes incessantes, il était en
communication trop directe avec Byzance pour n'avoir pas été soumis
jusqu'à un certain point aux arts byzantins; mais cependant ces
éléments n'étaient pas sans posséder chacun, des notions d'art qu'on ne
saurait négliger.
Les Slaves, comme les Varègues, ne connaissaient guère que la
structure de bois; mais, dès une époque reculée, ils avaient poussé assez
loin l'art de la charpenterie, bien que dans des voies différentes.
Les Slaves (ainsi que le démontrent les traditions encore vivantes)
procédaient par empilages dans leurs constructions de bois: les
Scandinaves par assemblages. Aussi ces derniers avaient-ils atteint de
bonne heure une grande habileté dans l'art des constructions navales.
Ces deux modes d'employer le bois dans les constructions se fondirent
et persistent jusqu'à nos jours, ce qu'il est facile de constater en
examinant les habitations rurales de la Russie.
Mais encore les Slaves, aussi bien que les Varègues, possédaient
certaines expressions d'art que tous les jours les études archéologiques
permettent de constater avec plus de certitude et qui dénotent une
origine asiatique.
Ces Slaves, aussi bien que ces Scandinaves, n'étaient-ils pas sortis,
comme la plupart des peuples qui occupent le continent européen, d'un
tronc commun?
N'étaient-ils pas descendants des Aryas?
Les Scandinaves, arrivés tard au nord de l'Europe, établis d'abord sur
les rivages de la Baltique, de la mer du Nord, puis sur le sol du
Danemark actuel, de l'Islande, de la Normandie et enfin de l'Angleterre,
ont laissé des traces de ces premières occupations; traces qui ont leur
physionomie caractérisée, que
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