Note sur la
construction des voûtes sans cintrage pendant la période byzantine, par
M. Choisy, ingénieur des ponts et chaussées.)]
[Illustration: Fig. 3.--Projection horizontale.]
[Illustration: Fig. 4.--Coupe transversale.]
[Illustration: Fig. 5.--Coupe longitudinale.]
En un mot, ces voûtes en berceau donnent, en projection horizontale, le
diagramme (fig. 3). En A (fig. 4), sont posés des rangs de briques
(sommiers) sur un simple gabarit; ces rangs-sommiers tiennent par la
seule adhérence des mortiers.
Quand le constructeur est arrivé aux points a et b, alors il procède par
tranches de briques posées de champ suivant un plan incliné à 60
degrés (fig. 5), en faisant simplement avancer son gabarit.
Ces briques reposent l'une sur l'autre par l'inclinaison des lits et sont
retenues par l'adhérence du mortier jusqu'à ce que le rang soit complet,
ce qui s'obtient en peu de minutes. Le rang bandé ne peut plus se
déformer.
[Illustration: Fig. 6.]
Ce système pouvait s'appliquer de diverses manières; à des voûtes
d'arêtes, par exemple, sur plan carré ou sur plan barlong. Soit (fig. 6),
une voûte d'arête sur plan barlong, c'est-à-dire composée d'un
demi-cylindre sur le grand côté et d'une courbe elliptique sur le petit, le
constructeur établit en même temps les deux berceaux, ainsi que le
montre notre projection horizontale. Alors les rangs sont
tronc-coniques[11], et les épais enduits couverts de peintures ou de
mosaïques masquaient les redans des rangs de briques. Les
constructeurs byzantins, ne trouvant pas assez de stabilité à ces voûtes
d'arêtes dont les clefs sont horizontales, ainsi que le montre la section A
(fig. 6, ci-contre), imaginèrent de prendre pour courbe génératrice des
deux berceaux se pénétrant, un plein cintre tracé sur la diagonale, ce
qui les conduisit parfois à obtenir des arêtes creuses près de la clef au
lieu d'arêtes saillantes.
[Illustration: Fig. 7.]
[Note 11: Monastère de Vatopedi (Athos).]
Mais ces voûtes étaient toujours bandées au moyen de rangs, reposant
les uns sur les autres.
Lorsqu'ils firent des coupoles, ils procédèrent du même système. Pour
eux, ainsi que M. Choisy a pu le reconnaître dans ses récentes
recherches et que je l'avait indiqué moi-même[12], la coupole sur
pendentifs n'est qu'un dérivé de la voûte d'arête, engendré par l'arc
diagonal plein cintre (fig. 7). A[13], projection horizontale d'un quart;
B, section. L'arête a b n'est qu'une ligne de jonction des surfaces
tronc-coniques, mais ne présente aucune saillie.
[Illustration: Fig. 8.]
[Note 12: Dictionnaire raisonné de l'architecture française du Xe au
XVIe siècle (art. VOÛTE)]
[Note 13: Voûte de la grande citerne de Constantinople.]
Il est une autre solution, mais tendant au même résultat et en employant
des moyens pratiques analogues, c'est-à-dire en faisant toujours reposer
les rangs de briques ou de moellons sur les rangs voisins de manière à
éviter les cintres.
Cette deuxième méthode s'applique aux coupoles sur pendentifs aussi
bien qu'aux coupoles sur tambour. Les rangées de briques ou de
moellons semblent être horizontales, mais les joints ne sont pas
normaux à la courbe de la voûte (fig. 8) et cherchent toujours à se
rapprocher d'un plan peu incliné, ainsi que l'indique la section en A.
Aussi les constructeurs byzantins, ayant grand'peine à construire les
derniers rangs annulaires a b, s'arrêtèrent parfois en a, et, à partir de ce
niveau, reprirent une seconde coupole en matériaux très-légers, ainsi
que l'indique le tracé B[14].
[Illustration: Fig. 9.]
[Note 14: Citernes de Constantinople; l'une, près de celle des mille et
une colonnes; l'autre, récemment découverte au nord-est de
l'Et-Meïdan.]
Les Persans procédèrent plus franchement et adoptèrent la forme de
coupole indiquée en C. Nous ne mentionnerons que pour mémoire les
coupoles à section horizontale bulbeuse (fig. 9) (Saint-Serge et
monastère de Chora à Constantinople). Celles construites au moyen de
trompillons à rangs tronc-coniques, s'enchevêtrant (fig. 10), (tombeau
de saint Dimitri à Salonique) et celles construites en poteries, telle que
la voûte de Saint-Vital de Ravenne.
[Illustration: Fig. 10]
Toutes ces voûtes sont construites à l'aide d'une simple tige directrice,
de bois ou de fer, sous-tendue par un fil et sans qu'il soit besoin de
cintres.
Ce que nous voulons établir ici, c'est que, pour ce qui touche la
construction des voûtes, objet si important dans l'architecture byzantine,
l'influence orientale, asiatique ou iranienne est bien autrement puissante
que n'est l'influence occidentale romaine. Il en est de même pour
l'ornementation. La tradition de l'architecture romaine se perd, s'efface
promptement à Byzance sous l'apport iranien. De même qu'à Rome les
monuments étaient confiés le plus souvent à des artistes grecs, car les
Romains n'ont jamais fourni d'artistes, de même, à Byzance, le
gouvernement impérial s'adressait à des artistes asiatiques qui, depuis
longtemps, possédaient leurs méthodes, leur art, dont il serait trop long
d'énumérer les origines diverses, mais toutes issues du centre de l'Asie
aux époques les plus reculées.
Il est évident, par exemple, que les chapiteaux les plus anciens de
Sainte-Sophie de Constantinople
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